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dimanche 29 avril 2018

Les dames n'entrent pas ici.

Les dames n'entrent pas ici.


Mon Dieu! oui, mesdames, il est un pays qui vous refuse l'entrée de plusieurs de ses établissements, parce que, en causant de la distraction aux ouvriers, vous occasionneriez une perte de temps et surtout d'argent. On n'est pas moins galant ni plus pratique! Et pourtant, cette crainte de votre troublante action, n'est-ce point une forme de la galanterie déjà? ce pays, vous l'avez deviné, c'est l'originale Amérique.
Ainsi, le célèbre industriel  Cramp refuse absolument et impartialement l'entrée de ses usines à quelque femme que ce soit.
Dernièrement, un très riche Anglais, de passage avec sa famille aux Etats-Unis, désirant visiter ces vastes établissements, essuya un refus formel:
- Vous avez avec vous deux dames, lui dit M. Cramp, et il y a ici 7.000 ouvriers, qui ne sauraient faire autrement que les regarder. Songez que tous sont à leurs pièces en même temps. Si l'on permet l'entrée à ces dames, chacun des 7.000 ouvriers perdra donc quelques minutes. Mettez-en seulement deux, ce sera pour nous une perte de 14.000 minutes, soit à peu près 233 heures ou 10 jours environ. Si nous payons nos hommes 0,50 fr. l'heure en moyenne, cela nous fait la somme de 116,50 fr. perdue; et cela, pour regarder, deux minutes, les beaux yeux de ces dames!
N'est-ce pas que c'est charmant?

Les femmes restent à la porte.

Un usinier de Chicago pratique depuis peu la même galanterie. Depuis, nous devons l'avouer, hélas! ses affaires se rétablirent au beau fixe. Mais par exemple, celui-là est aussi intraitable que le vieux Cramp; nulle femme, fût-elle la sienne, ne peut pénétrer dans les ateliers, et à l'entrée de la fabrique il a fait graver une plaque: Oh! perdez toute espérance de pénétrer ici, passant, si vous avez le malheur d'être une femme!

Le beau sexe hors la ville.

Chez les Mormons, au territoire de l'Utah, toute une ville refuse aux femmes non seulement le droit d'y habiter, mais d'y passer. Il ne faudrait pas croire que cette ville vaille Paris ou Londres, oh! non, elle ne compte que cinq à six cents hommes travaillant dans les mines.
Chacun fait sa "popote", lave son linge et vaque aux travaux du ménage.
Les homme mariés qui brûlent du désir de voir leur femme doivent prendre pour cela un jour de congé. La ville, qui a une étendue de 10.000 mètres carrés, appartient à une société minière.

Les boutiques sans clientes.

La montagnes des Moines, sur les côtes de Macédoine, renferme, elle aussi, un curieux spécimen de ces curieuses anomalies. Dans les longues rues de Caryes, agréablement garnies de boutiques, des promeneurs, des acheteurs, des vendeurs se trémoussent. Jamais l'harmonieuse silhouette d'une femme ne projette son ombre sur aucun mur. Et pourtant, tous ces bazars regorgent de marchandises féminines, d'articles de Paris, des mille colifichets dont les femmes aiment se parer. Mais toujours et partout, les hommes seuls choisissent, achètent et emportent; j'allais dire: essaient! Et la cause de cet état? Elle est simple: la population, de 6.000 personnes, environ, se compose exclusivement de moines! de leurs tenanciers et domestiques qui, eux, sont mariés et trafiquent pour leurs femmes. Voilà pourquoi le voyageur étonné ne voit jamais, dans les longues rues de Caryes, la jolie silhouette d'une femme!

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 15 novembre 1903.

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