Quelques particularités sur le savon.
On sait combien est répandu, dans les pays civilisés, l'usage de cet agent de nettoyage et de propreté dont le principe de la fabrication consiste dans la saponification d'un corps gras par une lessive alcaline avec formation du sel alcalin correspondant des acides gras contenu dans la graisse employée. Le Journal de la Société pour l'industrie chimique, de Londres, a consacré assez récemment, sur divers sujets concernant le savon, une série d'articles qu'il nous paraît utile de résumer.
C'est Pline qui, le premier, mentionne dans ses écrits l'usage du savon préparé à l'aide d'huile et de cendres de bois. Ce produit était employé en médecine contre les tumeurs, et aussi par les Gaulois pour rendre leurs cheveux blonds. Pline décrit les savons mous à base de potasse et les savons durs à base de soude et l'on a découvert à Pompéi des ruines de savonneries et des morceaux de savons bien conservés, datant de plus de 1700 ans. Dès 1784, le Codex français mentionne un certain nombre de savons qui servaient à faire des pilules. A côté de ces savons solubles, on connaissait le savon de plomb dont on trouve la description dans un traité de médecine de 1653.
La savonnerie fournit actuellement des savons de diverses qualités et, depuis 1885, on a créé des savons médicaux, grâce aux efforts de deux chimistes allemands, Unna et Eickhoff. Ces savons contiennent de la résorcine, de l'acide salicylique, de la quinine, de l'hydroxylamine, de l'iodoforme, de la menthe, du salol, des composants mercuriques, etc., selon les usages pharmaceutiques auxquels ils sont destinés. On emploie aussi les sels d'autres métaux, formés en combinant les acides gras isolés avec les oxydes de zinc, de mercure, etc. Un grand nombre de graisses ou d'huiles peuvent être employées dans la fabrication du savon. Depuis quelque temps, le savon à l'huile de coton se répand de plus en plus. Les Etats-Unis produisent annuellement 3 millions de barils d'huile de coton de 375 livres anglaises chacun: la couleur de cette huile varie du rouge cerise au noir. Son raffinage se fait en la traitant par la soude caustique qui neutralise les acides libres, coagule l'albumine et dissout la matière colorante; on agite l'huile avec la quantité nécessaire de soude et il se précipite une masse visqueuse appelée communément cotton seed soap stock. Ce produit est ensuite transformé en savon par saponification et précipitation du savon par le sel marin; sa composition, en moyenne, correspond à celle-ci:
Eau.............................................. 36,00
Acides gras anhydres.................. 48,60
Glycérine..................................... 3, 98
Soude.......................................... 3,20
Matière colorante....................... 2,42
Matière organique...................... 5,80
_____
100,00
Le savon fait avec cette huile renferme 66 pour cent d'acides gras et il est employé comme savon de lessive pour l'usage domestique.
Un point était resté assez obscur dans la préparation générale du savon; c'est le fait qu'il est nécessaire dans cette fabrication d'employer une quantité d'alcali plus grande que celle exigée par la théorie. Un chimiste, M. Lewkowitsch, vient de constater qu'avec la quantité théorique, il se produit un équilibre qui limite la réaction; ainsi des expériences faite avec du suif ont montré que la proportion théorique de soude ne saponifie que 94 pour 100 de la graisse. La saponification complète exige donc l'emploi d'un excès d'alcali.
L'un des inconvénients de l'emploi du savon tel qu'il existe actuellement consiste dans son passage de mains en mains, d'individu à individu, sans aucune désinfection, ce qui rend possible la transmission de certaines affections. On a proposé divers systèmes distribuant des savons pulvérisés pour éviter la contagion de maladies infectieuses: la plupart de ces procédés sont compliqués et fournissent des granules qui, quand ils sont humectés, s'agglomèrent ensemble. On peut supprimer ce désagrément en employant des savons liquides fabriqués avec des huiles végétales et suffisamment fluides pour ne pas se congeler par le froid; ces savons son renfermés dans un récipient sphérique pouvant basculer autour de son axe en distribuant ainsi la quantité de savon nécessaire; tout danger de contamination est ainsi évité.
A. H.
La Nature, Revue des Sciences, Masson et Cie, Paris 1908.
* Nota de Célestin Mira:





Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire