Translate

dimanche 4 février 2018

Chronique du 18 avril 1858.

Chronique du 18 avril 1858.

On a toujours affecté le printemps aux amours, mais on ignore généralement qu'à Londres le jours spécialement fixé pour aimer est celui de la Saint-Valentin. Ce jour-là, chaque garçon, chaque jeune fille envoie un billet anonyme à l'objet de ses pensées. Ces lettres sont tracées sur du papier particulier, richement peint et doré et couvert de tendres emblèmes, quelquefois sur un papier de riz, à fleurs découpées, dont la feuille coûte très-cher; si on n'est pas riche, n'importe, on économise sur les vêtements et la nourriture, pour se procurer la bienheureuse feuille de papier, messager de l'amour.
Cette année, à Londres, un seul bureau de poste a reçu 32.000 lettres la veille de la Saint-Valentin.

On a beaucoup parlé, il y a quelque temps d'un serpent aperçu à Paris près du Jardin des Plantes. C'est un employé de la Presse qui l'a aperçu le premier, et lui a fait les honneurs de son journal. Ce jours-là, le serpent, couché sur de la paille dans une cour, se chauffait paresseusement au soleil; il montrait environ un mètre de longueur et une circonférence de douze centimètres. Au premier bruit il a fui sous le lierre d'un mur qui, de l'autre côté, donne dans la prison de Sainte-Pélagie.
Quelques jours se passèrent sans qu'on eût d'autres nouvelles. Puis il reparut à la même place, ayant sans doute du goût pour cette paille et cette cour, et comme la première fois, se sauva dans son lierre.
L'alarme fut dans le quartier; on ne rêva plus que serpents. Deux étudiants, armés en guerre, sont venus vaillamment s'offrir pour délivrer le pays de ce monstre; mais on a refusé leurs services, ainsi que les offres faites par des personnes qui proposaient d'amener là un charmeur de serpents, comme il s'en trouve parmi les Indiens.
En attendant le reptile a reparu encore une fois. Et on fait mille conjectures sur son compte, sans s'arrêter à la plus simple, qui serait de penser que ce serpent s'est évadé de la ménagerie du Jardin des Plantes.

On a calculé le nombre d'individus qui en France ne portent pas de souliers. Le chiffre s'élève à 15 millions, à peu de chose près la moitié des habitants; on en a conclu que notre patrie était très-mal chaussée, et qu'il y avait presque autant de va-nu-pieds que de gens à semelles.
En même temps, un journal annonce qu'un cordonnier vient d'inventer une mécanique qui peut fabriquer quatre-vingt paires de souliers par jour. Bientôt les chaussures ne manqueront point; il ne reste plus qu'à trouver une autre mécanique qui mette une pièce de 10 francs dans la poche de tous ceux qui en ont besoin.

                                                                                                                         Paul de Couder.

Journal du Dimanche, 18 avril 1858.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire