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lundi 19 juin 2017

Un incendie à Londres.

Un incendie à Londres.


En voyant le ciel de Londres chargé de fumée noire, en comptant le nombre d'usines et de fabriques dont les fourneaux sont sans cesse allumés, on comprend les précautions que les habitants de cette ville prennent contre les incendies, et l'on s'explique comment il n'y a pas de capitale où les secours soient mieux organisés.
Quand vient le soir, on dispose le long des murs des principaux édifices publics de longues échelles à roulette. On visite les pompes déposées dans les diverses paroisses et dans les monuments. On constate le bon état des chevaux qui doivent les traîner.
Aussi, dès que le cri d'alarme a retenti, hommes et bêtes sont sur pied. Dans les rues endormies, des équipages étranges à quatre chevaux galopent ventre à terre. Les machines sont transportées avec la vitesse de la poste sur le lieu du sinistre.
On ne se figure pas l'effet saisissant que produisent sur leur passage des pompes, les chevaux lancés, le bruit des roues, l'éclat des torches que portent les firemen au milieu d'une nuit obscure. Cette vision, qui passe si rapidement, a quelque chose de solennel et de terrible.
Beaucoup d'Anglais de Londres sont passionnés par ce spectacle. Nous nous sommes laissés dire qu'il existait un philanthrope original dont la principale préoccupation était d'assister aux incendies. Il a établi son domicile dans le voisinage d'un poste de pompiers. Quatre chevaux qui lui appartiennent attendent tout harnachés dans son écurie.
A peine le cri: Au feu! a-t-il retenti, qu'il se précipite vers le poste et qu'il attelle ses chevaux à la machine. C'est un bonheur pour lui de conduire en personne son attelage sur le point où le secours est demandé.
Tandis qu'à Paris les maisons riveraines de la Seine ne sont pas plus protégées contre le feu que celles qui en sont les plus éloignées, on a songé à utiliser à Londres l'eau de la Tamise pour donner aux propriétés bâties sur les quais des secours plus efficaces et plus rapides. A cet effet, on amarre sur certains points du fleuve des pompes flottantes. Ce sont des bateaux d'un genre spécial chez lequel la vapeur joue un double rôle. Non-seulement elle sert, comme les steamers ordinaires, à diriger le bâtiment sur un point ou sur un autre, mais encore elle met en mouvement la pompe et projette avec une grande vigueur des jets d'eau puissants sur les constructions embrasées.




Il est regrettable que Paris ne jouisse pas d'un outillage semblable. Ne devrait-on pas maintenir à poste fixe une embarcation de ce genre devant le Louvre? On frémit quand on songe aux pertes irréparables que causerait un incendie dans les galeries qui renferment tant de trésors artistiques. La seine se trouve bordée de bâtiments publics. Une seule pompe flottante pourrait au besoin protéger l'Administration des tabacs, le Garde-Meuble, le Ministère des affaires étrangères, le Louvre, l'Institut, la Monnaie, l'Hôtel de ville, le Conseil d'Etat, la Caisse des dépôts et consignations. Tous ces monuments qui ont été la proie des flammes et que l'on se propose de relever sur leur emplacement primitif seraient par ce moyen garantis contre les dangers d'incendies nouveaux.

                                                                                                                    O. Renaud.

Le Musée universel, revue illustrée hebdomadaire, premier semestre 1874.

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