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mardi 27 juin 2017

Arnay-le-Duc.

Arnay-le-Duc.


Arnay-le-Duc est une petite ville de l'Auxois, région bourguignonne renommée par sa fertilité et par l'abondance de ses grains. Siège d'un bailliage particulier, elle devint en 1789 le centre de l'administration d'un district du département de la Côte-d'Or, et fut réduite plus tard à être simple chef-lieu de canton de l'arrondissement de Beaune.
Cette contrée, située entre les montagnes granitiques du Morvan, a cela de particulier qu'aucune rivière n'y pénètre, tandis qu'elle donne naissance à de nombreux cours d'eau, dont les uns vont chercher l'Océan et les autres descendent vers la Méditerranée.
Coquettement assise sur le penchant d'un coteau baigné par l'Arroux, le ville est environnée de villages, de châteaux, et domine de belles prairies et de grandes forets. C'est depuis 1342, c'est à dire depuis le cession de la châtellenie par Perrinette d'Arnay au duc de Bourgogne, Eudes, qu'Arnay ajouta à son nom celui de "le-Duc" qu'elle changea, pendant la Révolution, contre celui de "Arnay-sur-Arroux".
Elle a donné naissance à Bonaventure Desperriers, le spirituel valet de chambre de Marguerite de Navarre, qui collabora à la Marguerite des Marguerites et à l'Heptaméron, et ne put survivre à la disgrâce que lui valut le Cymbalum mundi. Deux autres Arnétois célèbres furent: Alexis Artus, fils d'un pauvre boulanger, qui devint recteur de l'université de Paris et principal du collège de Navarre, et Marcenay d'Eguy, qui grava d'admirables portraits d'Henri IV, de Sully, etc.
Après la mort de Philippe de Rouvre, le lieutenant du roi Jean céda, le 25 mars 1361, aux habitants d'Arnay-le-Duc le château dit de Motte-Forte et ses dépendances, à charge de les entretenir et réparer et de payer au prince "treize livre six sols huit deniers de cense perpétuelle". Le 17 mai 1593, les échevins décidaient la démolition "jusqu'à rez de terre" de la tour du Fer-à-cheval "du chastel de la Motte-Forte d'Arnay".
Du haut de l'une des tours, celle qu'on appelle "la Lanterne", aussi bien que de la promenade plantée où les habitants se réunissent chaque année pour renouveler les anciens jeux de l'arquebuse, on jouit d'un splendide panorama: au loin se profile, sur les bois noirs, les étangs dont les eaux miroitent au soleil couchant et les moulins babillards du vallon de l'Arroux; sur la grande route de Paris à Lyon, qui borde la terrasse de cet immense square, roulent les lourdes diligences, traînées par cinq chevaux dont les bruyants grelots répondent au clic-clac du fouet du postillon...
Sur le point le plus élevé de la ville, s'élève le château moderne, ancienne propriété des princes de Condé et de Lorraine.
Le 2 mai 1634, madame de Montessut, veuve du marquis de Mirebeau, voulant éviter à son très-jeune fils les embarras d'une instance élevée par le domaine royal en revendication de la seigneurie d'Arnay-le-Duc, démembrée, disait-on illégalement de l'ancien domaine ducal, avait vendu cette terre au prince de Condé.
Ce dernier ne fut pas plutôt en possession, qu'il parut attacher une véritable importance à cette acquisition, au point de vue de la chasse surtout, et qu'il voulut y joindre un château; pour cela, il ne trouva rien de mieux à faire que de se faire adjuger, par décret du Chatelet à Paris, le grand et ancien manoir de MM. de Juilly, lequel fut aussitôt restauré, embelli et magnifiquement meublé. On peut juger, d'après les vestiges encore debout, quels remarquables travaux y furent exécutés par les artistes les plus en renom à cette époque.
L'architecture du portail, des fenêtres et de quatre cheminées, aussi bien que les sculptures qui les décorent et les peintures des planchers, offrent des spécimens fort curieux des dernières années de la renaissance.



La cheminée que nous reproduisons ici est digne de prendre place à côté de celle du Mans, actuellement à Cluny, et de celles d'Ecouen et de Fontainebleau.
Le prince de Lambesc, seigneur d'Arnay, dès 1752, accorda en 1764, sous la seules clause d'entretien, la jouissance de son château, pour servir d'hôtel de ville.
Lors de la vente des biens nationaux, le vieux monument devint propriété particulière.

                                                                                                   V. -F. Maisonneufve.

Le Musée universel, revie illustrée hebdomadaire, premier semestre 1874.

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