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samedi 17 juin 2017

Une journée de Louis XIII.

Une journée de Louis XIII.

La plupart de nos rois avaient auprès d'eux un médecin qui, non-seulement prenait soin de leur santé, mais encore consignaient dans un Journal la moindre de leurs actions. 
Celui de Louis XIII s'appelait Hérouard. Voici une page de ce journal qui intéressera surtout les gastronomes, car elle les renseignera sur la manière de manger au dix-septième siècle; elle est citée dans le curieux livre de M. Armand Baschet, Le roi chez la reine
"Le 25 janvier 1619, vendredy. Éveillé à huit heure et demie, pouls plein, égal, pansé, chaleur douce: levé, bon visage, gay... peigné, vestu, prie Dieu. Neuf heures un quart, déjeuné: un œuf à la coque avec beaucoup de pain; grains de raisins blancs; pain trempé dans de l'hypocras beaucoup; beu au demeurant fort trempé d'eau. Va à la chapelle, au conseil.
"A onze heures trois quarts, disné;
"Grains de raisins blancs; pain; bout d'asperge en salade; olives de Provence; riz cuit au laict; bouillie; pois en potage; le dedans de huit rissoles remplies de pies d'amandes pilées; langues de carpes frites; de la carpe, sans langue; de la truite; cerises dans une petite tarte; un peu de pomme de Calleville avec sucreries; deux macarons sucrés à l'eau rose; cerises confites; tranche de coing confit; pain peu; beu du vin clairet fort trempé; dragée de fenouil, la petite cuillerée.
"Va chez la reine; va par la galerie aux Tuileries, revient à cinq heures et demie par le même chemin au conseil; monte chez M. de Luynes où il recorde son balet, reviens à sept heures et demie, soupé;
"Grains de raisins blancs; pain, houblon; salade au vinaigre et au sucre; olives de Provence; laict d'amandes; potage fait de pain bouilli à l'huile; potage au laict; langues de carpes frites; le dedans de huit rissoles remplies d'un peu d'amandes pilées; beu du vin clairet fort trempé; une aiguillette de sole au jus d'orange; de la truite, de la carpe; le dedans d'une petite tarte d'abricots; un peu de pomme de Calleville; marrons sucrés à l'eau rose; cerises confites; une tranche de coing frais confit; beu du vin clairet fort trempé; dragée de fenouil, la petite cuillerée."
Ceci est un repas maigre; les jours gras, la table n'était pas moins abondamment servie. Voici les principales viandes qu'on trouve indiquées dans le journal d'Hérouard, et pour un seul repas: "Veau bouilli; la mouelle d'un os; chevreau bouilli; les oreilles, les yeux et un peu de cervelle; gigotteau de moutonneau en carbonade; vinaigrette d'oyson; oyson rosti; les ailes de deux pigeonneaux rostis avec pain."
Toutes les journées se terminaient par la formule invariable: va chez la reine, revient à dix heures devestu... beu de la tisane, mis au lict, prie Dieu.

                                                                                                            G. Guran

Le Musée universel, revue illustrée hebsomadaire, premier semestre 1874.

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