Inventions
La nouvelle que nous avons donnée, il y a quinze jours de l'invention des audiphones* a suscité une foule de communications qui montrent l'intérêt qu'on prend à notre revue des inventions; on nous réclame d'ailleurs sa publication plus fréquente.
Nous continuerons ces revues, généralement illustrées, et nous pourrons y consacrer d'autant plus de place que les Vies des Saints, reportées dans des suppléments, ne nous demanderons plus autant d'hospitalité dans le corps du journal.
Pour répondre à nos correspondants relativement à l'audiphone, nous nous sommes mis en relation avec M. Colladon, de Genève (boulevard du Pin, 1), et nous ferons connaître s'il y a un dépôt à Paris des audiphones en carton et à quelles conditions on peut se les procurer.
Les audiphones en caoutchouc ne se fabriquent qu'à Chicago (Amérique) par l'invention de M. Rhodes.
Aujourd'hui, nous parlerons d'un invention plus récréative et qui pourrait être employée à représenter d'une manière saisissante des images de la Passion, si l'on comprenait mieux que toute chose, même une récréation, doit être ramenée aux seules préoccupations pour lesquels nous sommes faits, et devenir par là même, plus attrayante.
Expliquons l'invention, les bonnes applications viendront ensuite.
Le Praxinoscope.
Les impressions lumineuses perçues par l'œil demeurent sur la rétine pendant environ l'espace d'un dixième de seconde.
Cette circonstance a donné l'idée du Phenakistiscope*! Sous ce nom à la fois barbare et savant, il faut reconnaître un aimable jouet que nos lecteurs ont vu sans doute fonctionner dans leur enfance. Il s'agit de ce joujou composé d'un disque tournant, sur lequel sont reproduits en petits dessins les différentes phases d'une action quelconque.
Par exemple, prenons un saltimbanque qui saute; le premier dessin le montre au repos, le second dessin le montre s'élevant en l'air, le troisième plus haut... et le dernier dessin le ramène à la position de départ;
Quand le disque tourne, le spectateur voit à travers des fentes étroites ces dessins se succéder avec rapidité, et l'impression totale perçue par l'œil se trouve être celle de l'objet animé; c'est donc devenu une image vivante. Si curieux que soit le phénomène, l'instrument qui le révèle ne laisse pas que d'être assez imparfait. En raison même de la durée de l'impression lumineuse sur la rétine, durée qui n'est pas la même pour tous, il arrive, ou que, le plateau tournant trop lentement, le mouvement semble s'effectuer par saccades, ou que, tournant trop vite, il donne à ce mouvement apparent une rapidité nullement en rapport avec la nature du dessin, et que l'œil a d'autant plus de peine à saisir, que la perte de lumière résultant de l'emploi de fentes étroites et espacées est considérable.
M. Regnaud, un physicien, n'a pas dédaigné de mettre son savoir au service de jouet, et, combinant habilement différents phénomènes optiques, il en a fait un véritable instrument scientifique fort curieux.
D'abord, il a simplifié le nom et l'a diminué de deux syllabes, ce qui est déjà un progrès; c'est désormais le Praxinoscope*.
M. Raynaud dispose la succession de petits dessins sur la paroi intérieure d'un cylindre métallique que nous représentons ici;
* Nota de célestin Mira
* Audiphone:
L'audiphone était un appareil auditif qui utilisait la propagation des sons par transmission osseuse. 1879 vit l'invention du dentaphone muni d'une tige métallique destinée à être serrée entre les dents et qui utilisait aussi la transmission osseuse des sons.
* Phenakistiscope:
Du grec Phenax (trompeur) et skopein (examiner), le Phenakistiscope fut inventé en 1832 par Joseph Plateau, de nationalité belge.
Il comporte un disque en carton muni d'images fixes.
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https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a2/Phenakistoscope_3g07690a.gif/270px-Phenakistoscope_3g07690a.gif
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d3/Phenakistoscope_3g07690b.gif/270px-Phenakistoscope_3g07690b.gif
*Praxinoscope:
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