L'écroulement du vieux monde.
Sous ce titre, un écrivain militaire allemand a publié il y a quelques mois une relation anticipée ou plutôt prophétique des événements qui doivent se passer en 1907. C'est la mise en action de la "guerre fatale" entre l'Allemagne, l'Angleterre et la France, guerre qui finit par l'écrasement de la marine allemande, mais à quel prix!
Dans le dernier chapitre, une séance au Parlement anglais, l'orateur qui parle au nom de la Grande-Bretagne annonce le résultat plein d'enseignement et d'épouvante de la lutte "trop légèrement engagée" qui vient d'avoir lieu; le flotte allemande n'existe plus, mais un tiers de la flotte anglaise est au fond de l'eau et un autre tiers dans les docks en réparation. L'artillerie a subi de tels dommages qu'on ne peut plus compter sur elle. Et la flotte française a éprouvé des pertes plus considérables encore. Les nations armées ne peuvent plus tirer le canon, tant elles en ont usé. "Nous sommes fiers de nos succès sur mer, dit l'homme d'Etat anglais, mais la marine de l'empereur Guillaume a plus donné que nous ne croyions. Et que la flotte française ait plus souffert que la nôtre, ce n'est pas une consolation pour nous!"
Résultat final: l'Angleterre a perdu sa suprématie sur la mer et il n'y a plus qu'une puissance maritime, c'est l'Amérique. La flotte des Etats-Unis est maîtresse de l'océan.
Sur terre, la Russie, ramassant ses forces, est devenue plus redoutable que l'Allemagne. Hier, puissance militaire de premier ordre, l'empire allemand, affaibli par la guerre, est en quelque mois descendu au second rang. Washington et Pétersbourg remplacent maintenant Londres et Berlin.
- Et c'est pour cela, dit mélancoliquement l'orateur anglais, que nous nous sommes battus pendant les trois quarts d'une année, que nos bateaux sont sous les vagues et que nous avons enterré cent mille soldats dans la terre de France!
Puis, terrible post-scriptum de la bataille, 1907 finit sur l'ultimatum du gouvernement des Etats-Unis exigeant le retrait par la Grande-Bretagne de ses garnisons de la Jamaïque, de l'île de Bahama et des Indes occidentales.
Adieu, les colonies anglaises!
Voilà le roman. Le roman allemand que lisent nos voisins et qu'ils exportent chez nous. Ce n'est pas un mauvais récit, mais c'est un mauvais rêve.
Du reste, l'oeuvre atrocement humoristique de "Seestern" a visiblement en ses ironies des tendances pacifiques et elle est là pour nous montrer ce que perdrait le Vieux Monde, dont nous sommes, à s'entr'égorger au profit de Washington, de Saint-Pétersbourg et de Tokio.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 15 avril 1906.
Puis, terrible post-scriptum de la bataille, 1907 finit sur l'ultimatum du gouvernement des Etats-Unis exigeant le retrait par la Grande-Bretagne de ses garnisons de la Jamaïque, de l'île de Bahama et des Indes occidentales.
Adieu, les colonies anglaises!
Voilà le roman. Le roman allemand que lisent nos voisins et qu'ils exportent chez nous. Ce n'est pas un mauvais récit, mais c'est un mauvais rêve.
Du reste, l'oeuvre atrocement humoristique de "Seestern" a visiblement en ses ironies des tendances pacifiques et elle est là pour nous montrer ce que perdrait le Vieux Monde, dont nous sommes, à s'entr'égorger au profit de Washington, de Saint-Pétersbourg et de Tokio.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 15 avril 1906.
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