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lundi 8 mars 2021

La séparation.


Entre deux articles de finance, le gouvernement a déposé un projet de loi sur l'exercice public du culte. Aux termes de ce projet, la loi de 1905 reste le texte législatif, auquel il faudra se référer quant à l'exercice de ce culte. S'il n'est pas formé d'associations cultuelles dans les termes prévus par cette loi, tous les privilèges concédés à raison de cette constitution disparaissent, et c'est le régime du droit commun, celui de la loi des associations du 1er juillet 1901, qui devient applicable aux associations. L'exercice public du culte peut être assuré par le moyen d'associations établies suivant les prescriptions de cette dernière loi, ou par l'effet de volontés individuelles, à condition que la déclaration ordonnée par la loi de 1881 sur les réunions publiques sera régulièrement faite.
Le projet comporte l'affectation immédiate aux établissements communaux de bienfaisance ou d'assistance des biens ecclésiastiques vacants, faute d'associations cultuelles constituées pour les recueillir de la main des fabriques. Quant aux pensions et allocations, les unes restent soumises aux dispositions de la loi de 1905; les autres ne seraient supprimées que dans le cas où les ministres du culte "continueront à exercer leurs fonctions dans les circonscriptions ecclésiastiques où n'auront pas été remplies les conditions prévues, soit par la loi de 1905, soit par la nouvelle loi".
En attendant que ce projet vienne en discussion, le gouvernement applique intégralement la loi de 1905. Tous les archevêchés et évêchés ont reçu, à l'heure qu'il est, signification d'avoir à quitter, dans le plus bref délai, les archevêchés et évêchés. L'abandon des vieilles demeures épiscopales s'effectue lentement, avec ou sans résistance, suivant le caractère des prélats qui les occupent. A Paris, l'archevêque, dont la santé est chancelante, est allé, au milieu d'un grand concours de catholiques, habiter chez Denis Cochin, en attendant que les appartements qu'on lui destine à l'hôtel Ginoux de Fermont soient préparés. Tous les "occupants" des séminaires ont été invités à quitter ces établissements. 



Le déménagement du grand séminaire de Saint-Sulpice.


Dans beaucoup, on s'est borné à déménager, et les élèves d'un certain âge parlent de résister manu militari. Enfin, le gouvernement dirige les poursuites contre les abbés Jouin, curé de Saint-Augustin, Richard, curé de Saint-Pierre du Gros-Caillou, et Leclerc, curé de Saint-Roch, dont le langage au lendemain des dernières instructions du pape, tomberait sous le coup de la loi.



L'abbé Richard, curé de 
Saint-Pierre du gros-caillou.



                                                                                                                            Jacques Lardy.

Les Annales politiques et littéraires, janvier-juin 1907.

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