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mercredi 4 décembre 2019

Ceux de qui on parle.

Edison, inventeur.


Comme presque tous les millionnaires américains, Edison est fils de ses œuvres. Son père, d'origine hollandaise, avait fait plusieurs métiers, depuis celui de tailleur jusqu'à celui de marchand de grains. Edison vécut quinze ans avec lui. Après avoir fait des études sommaires, il se mit à vendre des allumettes et des journaux sur une grande ligne de chemin de fer allant des Etats-Unis au Canada.
Au bout de quelque temps, il eût l'idée de fabriquer lui-même sa marchandise; à l'aide des nouvelles qu'il recueillait à chaque station, il rédigea un journal qu'il imprima et vendit sur le train même.
Quand il lui restait du temps, il l'employait à faire de la chimie, non sans danger; un jour, ses expériences causèrent un incendie sur le train où il avait installé son laboratoire et son imprimerie. La compagnie signifia son congé à ce commerçant trop entreprenant; il trouva un emploi au service du télégraphe de l'Etat du Michigan.
Dès lors, l'électricité occupa tous ses instants et son génie inventif commençant à s'exercer, il proposa à son chef un système permettant d'envoyer sur un même fil, deux dépêches dans les deux sens opposés. On le crût fou, mais un industriel, à qui l'on avait rapporté cette idée, soi-disant dangereuse, réalisa l'invention d'Edison qui réclama vainement contre cette usurpation.
C'est de cette époque que datent la véritable carrière et la fortune d'Edison. Il avait prix confiance en lui-même et établi un atelier de réparation puis de construction d'appareils télégraphiques qu'il transporta dans différents pays et finalement à Cincinnati. Il ne tarda pas à être connu et bientôt une Compagnie de mines d'or le prenait pour inspecteur.
Il devint ensuite ingénieur-électricien de la Cie de l'Union télégraphique de l'Ouest à laquelle il céda le droit d'explorer toutes les inventions qu'il avait faites: il possédait alors 60 brevets. Celui du téléphone à pile de charbon, qui fut l'origine des téléphones longue distance, inventé en 1877, fut vendu à lui seul par Edison à cette société pour cent mille dollars. C'était pour rien: son phonographe lui en rapporta sept cent cinquante mille.
Depuis 1876, Edison est complètement indépendant. il a sous ses ordres de nombreuses usines, où travaillent plus de trois mille ouvriers. Il assure l'éclairage des principales villes d'Amérique. On dit que cet infatigable inventeur a gagné dans sa carrière plus de vingt millions. Il n'a pas pourtant perdu ses bonnes habitudes et même aujourd'hui qu'il a plus de soixante ans il est au travail chaque jour de cinq heures du matin à minuit, consacrant environ cinq minutes à chacun de ses repas.
Edison a inventé un téléphone, un porte-voix, une lampe à incandescence et toutes sortes de machines remarquables, mais il n'a pu, malgré ses efforts, réussir à construire une femme automatique, joignant aux charmes physiques des êtres humains la docilité, la discrétion, la fidélité d'un moteur bien réglé. Il s'est donc résigné à épouser la fille d'un riche manufacturier de l'Ohio.
Devenu veuf, il se remaria vers 1886 avec une très jeune femme qu'il remplit d'une admiration profonde et qui n'est pas encore bien convaincue que son mari n'est pas sorcier. Dans la maison qu'ils habitent à quinze milles de New-York les portes s'ouvrent et se ferment d'elles-mêmes; les plats arrivent tout seuls sur la table. L'électricité pourvoit à tout.



Au physique, Edison est un homme grand, à la démarche posée. Il a la figure ouverte et l'accueil cordial. Il est affecté d'une légère surdité, qui ne l'empêche pas d'être gai. C'est un modeste: il dit avec une pointe d'ironie qu'il suffit pour faire fortune de s'asseoir et de regarder le premier objet sur lequel l’œil tombe. "Celui qui ne sait pas en tirer profit n'a pas un atome d'intelligence."
Ces choses-là sont peut-être vraies en Amérique, mais en France, il n'y a pas, hélas, que les imbéciles qui meurent de faim.

                                                                                                                        Jean-Louis.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 5 août 1906.

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