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samedi 29 septembre 2018

L'urine bienfaisante.

L'urine bienfaisante.

Il y a bien des années, alors que nous étions jeune praticien, causant avec un vieillard atteint de démangeaisons aux mains, le soir en se couchant, affection qui semblait être le prurit sénile, nous avions la surprise de l'entendre dire:
"Voyez-vous, Docteur, ce qui me soulage le mieux, c'est de me tremper les mains dans mon urine, récemment émise et encore chaude."
En y réfléchissant, nous attribuions cette action bienfaisante momentanée à l'acidité marquée de l'urine, les acides ayant une action antiprurigineuse reconnue. Depuis cette époque, nous avions entendu dire souvent que l'urine avait des propriétés cicatrisantes sur certaines plaies de mauvaise nature, mais comme les personnes qui faisaient usage de cette pratique dégoûtante recevaient en même temps des soins d'autre nature, nous pensions qu'en cela, comme en bien des choses, l'idée avait un effet prédominant.
Ah bien! nous nous trompions et voici l'urine réhabilitée comme médicament de premier ordre.
Nous trouvons, en effet, dans le n° 2.028 de cette publication si intéressante "La Nature", un article de son distingué collaborateur; le Dr A. Cartay, intitulé: "Les vertus de la grande Consoude" auquel nous empruntons ce qui suit:
Analysant les recherches d'un confrère Anglais, le Dr Macalister, publiées dans le British Journal, le Dr A. Cartay raconte que ce praticien, étudiant les substances propres à faciliter et à stimuler l'activité cellulaire, pour la formation des cicatrices, eut l'idée d'essayer la grande consoude, vieux remède et bien lui en a prit. Un ulcère de jambe, tenace, rebelle à tout traitement, fut pansé avec l'infusion de racines et l'ulcère subit en peu de temps, des changements si complets, qu'on ne put douter de l'efficacité de la racine.
Des analyses, faites à l'instigation du Dr Macalister, montrèrent que la grande consoude contenait une assez forte proportion d'allantoïne, et, en remplaçant l'infusion de grande consoude par une solution d'allantoïne, on obtint la cicatrisation rapide d'ulcères invétérés.
Mais quel rapport tout ceci a-t-il avec l'action bienfaisante de l'urine?
Un peu de patience, nous y arrivons. L'allantoïne est un dérivé de l'acide urique, et il est éliminé, comme ce dernier par l'urine. Comprenez-vous maintenant?
Je ne vous engage pourtant pas à vous servir de l'urine comme pansement cicatrisant: cette excrétion ne contient pas que l'allantoïne; elle charrie des purines et elle renferme des sécrétions microbiennes en quantité variable suivant l'état de santé de l'individu qui l'a émise.
Les belles recherches du professeur Bouchard sur l'intoxication du lapin, en injectant dans une veine de l'oreille de cet animal de l'urine, soit de la nuit, soit du jour, soit d'un malade au moment où, l'affection étant sur le point d'entrer dans une période favorable, il se fait une décharge de toxines, soit d'une personne nourrie de viandes, soit d'un végétarien, ont montré par la mort plus ou moins rapide de l'animal, à quel point ce déchet animal était dangereux. Et, dans les opérations qui se pratiquent sur la région qui avoisine les organes génito-urinaires, on a bien soin de préserver les plaies du contact de l'urine. Supposez que celles-ci viennent souiller le pansement d'un opéré de hernie et vous verrez le beau résultat. Allons, utilisez la grande consoude, mais jetez l'urine.

                                                                                                                       Dr M. Mercier.

Les Annales de la santé, 15 avril 1912.

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