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mardi 20 septembre 2016

Fondation de Marseille.

Fondation de Marseille.

Parmi les nations nombreuses qui se partageaient le territoire de la Gaule antique, on en trouvait deux, les Aquitains au sud-ouest, les Ligures au sud-est, chez lesquels régnait une égalité presque absolue entre l'homme et la femme.
C'était par le choix d'un époux que la jeune Ligurienne entrait dans l'exercice de sa liberté. Réunis chez son père à un grand repas, les jeunes hommes qui prétendaient à sa main attendaient impatiemment qu'elle décidât de leur sort. A la fin du banquet la jeune fille paraissait tenant une coupe à la main: l'homme auquel elle présentait à boire était l'époux de son choix. Ce choix devenait pour les parents une loi irrévocable, et cet usage amena en Gaule l'établissement d'une colonie grecque ionienne, comme nous allons le rapporter.
L'an 600, avant Jésus-Christ, un vaisseau phocéen jeta l'ancre sur la côte gauloise, à l'est du Rhône. Ce vaisseau, qui faisait  un voyage de découvertes, était commandé par un Grec, nommé Euxène. Le golfe où il aborda dépendait du territoire des Ségobrèges, et Nann, roi de ce petit peuple, qui, d'origine celtique, avait adopté les mœurs des Ibères, accueillit avec bienveillance les étrangers qu'il emmena dans sa maison. 
Or, Nann donnait le banquet d'usage pour le mariage de sa fille, qui ce jour-là même devait se choisir un époux. Mêlés aux prétendants Galls et Ligures, les grecs prirent place au festin.
La jeune fille, nommée Gyptis, ne parut point tant que dura le banquet: la coutume voulait qu'elle ne se montrât que vers la fin. Elle entre alors, portant dans ses mains la coupe accoutumée. D'abord elle regarde tous les jeunes hommes, comme pour se décider; puis s'arrêtant en face d'Euxène, elle lui tend la coupe avec un doux sourire.
Ce choix imprévu frappa de surprise tous les assistants; mais, nous l'avons dit, il était irrévocable; Nann crut y voir une inspiration supérieure, un ordre des dieux. Non-seulement il reconnut le Phocéen pour son gendre, mais encore il lui donna en dot le territoire du golfe où il avait abordé. Reconnaissant de tant de grâces, Euxène voulut donner à sa femme un nom de la langue de sa patrie, et il l'appela Aristoxène, c'est à dire, la meilleure des hôtesses.
Euxène fonda sur le territoire que le roi des Ségobrèges avait donné en dot à sa fille, une ville qui ne tarda pas à devenir fameuse sous le nom de Marseille, une de nos plus importante ville de commerce, celle peut-être qui a le plus d'avenir.

                                                                                                                Mme Pauline Roland

Journal des Demoiselles, mars 1844.

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