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mardi 5 mars 2019

Le bon genre.

Le bon genre.



Les loisirs.



Les oubliés, 1815.

L'espoir du lot le plus riche, les divers sentimens de peine et de plaisir pendant le temps que tourne la fatale aiguille, sont propres à donner un passe-temps agréable à la jeunesse.

Mes enfants, puissiez-vous dans le cours de la vie, 
Ne connaître jamais de pire loterie.




Le Cache-Cache, 1815.


A ce jeu, comme dans la société, peu d'amies se dévouent pour sauver leur amie ou partager son infortune.







Les petites marionnettes, 1815.

Je passai dernièrement sur le quai; une vieille femme couverte de lambeaux, et pâlie par la faim, implorait la pitié d'une voix timide, elle hésitait, n'osant même attendre l'aumône et s'éloignait en suppliant encore; mais on passait à côté d'elle sans la regarder.
Plus loin, un petit Savoyard, par les mouvemens cadencés de son genou, faisait danser des marionnettes. Ce trémoussement grotesque produisait un grand effet, l'enfant ne demandait pas, chacun lui donnait. Il n'est donc que trop vrai qu'il faut plaire pour réclamer la bienfaisance.




Le troubadour jouant de six instruments, 1815.


Ce troubadour agite en mesure la tête, les coudes et les genoux pour faire résonner à la fois une flûte de Pan, une grosse caisse, une mandoline, un triangle et le triple rang de sonnettes groupées sur le plumet de sa toque. L'instrument dans lequel il excelle est la mandoline, qu'il accompagne de sa voix.




Les jongleurs Indiens, 1816.

Un de ces jongleurs fait tourner sans interruption deux larges anneaux autour de ses pouces et deux anneaux pareils autour de ses orteils; il défile en même temps un chapelet d'une vingtaine de perles qu'il met dans sa bouche et dont le fil pend à la vue des spectateurs. Pendant qu'il les enfile avec sa langue, et qu'on les voit descendre l'une après l'autre, il tient une cravache en équilibre entre ses deux yeux.





Les jongleurs Indiens, 1816.

Le sabre, qu'un de ces jongleurs avale, a un pouce de large et dix-huit de long. Ce tour, ou plutôt cette expérience, que l'on voit exécuter avec une surprise et un effroi toujours nouveau est une preuve de la puissance d'une longue habitude.






Le joueur de bâton enlève la pièce de monnaie sans toucher au nez, 1816.

On ne sait lequel on doit le plus admirer de la justesse du coup de la justesse du coup d’œil de ce bâtoniste ou de l'agilité de son poignet. Sa femme est agenouillée, portant sur le bout de son nez une très-petite pièce de monnaie; le bâtoniste après avoir fait faire pendant une ou deux minutes des moulinets à son bâton, emporte la pièce sans effleurer le nez.
Le but de ce spectacle est de réunir une société d'amateurs à laquelle on veut faire une confidence. Pour la modique somme de deux sous, vous avez un cure-dent, un cure-oreille, un étui et trois bons numéros pour la loterie.






L'équilibre du chandelier, 1816.

Après avoir fait ce tour d'équilibre, Mme Herculanus attache à ses cheveux deux ancres de vaisseau, en guise de papillote, et soulève avec ses mains une enclume, comme nous ramasserions une épingle.







Le joueur de Baguettes, 1816.

Ce joueur de baguettes les lance en l'air, après les avoir fait pirouetter, les ressaisit, les rechasse par derrière, par dessous sa jambe, puis recommence à battre la caisse.








Jacques de Falaise, le Polyphage, 1816.


Jacques de Falaise avale des noix, un fourneau de pipe, trois cartes roulées ensemble, une rose avec ses feuilles, sa tige et même ses épines, un moineau vivant, une souris vivante, enfin une petite anguille aussi vivante: puis, à l'instar de l'un des jongleurs indiens, il fait descendre dans son gosier douze ou treize pouces d'une lame d'acier poli. Après chaque corps solide qu'il a avalé, Jacques boit précipitamment une petite dose, toujours à peu près la même, d'un vin que l'on dit préparé. Voilà quinze jours qu'il est chaque soir à ce bizarre régime. Jusque là il s'était borné à étonner ses camarades de cabaret et à leur gagner, de loin en loin, quelques bouteilles de vin, pour avoir fait ses prouesses. Son nouveau métier lui semble très-préférable à celui de plâtrier; il parle des carrières de Montmartre où il a travaillé trente-cinq ans, en homme bien décidé à ne pas y retourner, et qui n'a d'autre regret que d'avoir méconnu si longtemps les grandes vues que la Providence avait sur lui.







Les Montagnes Russes de la barrière du Roule, 1816.

Les prétendues Montagnes Russes sont formées de quelques planches où l'on a pratiqué des coulisses pour assurer et diriger la marche des voitures mobiles qui doivent les parcourir. Comme les bords des coulisses sont très peu saillants et à peine remarqué, que la pente est fort raide et le mouvement très rapide, les voyageurs inspirent toujours une vague inquiétude à ceux qui s'empressent de les voir. Six traîneaux descendant à la fois deux montagnes font un bruit qui retentit dans tout le jardin. On parvient au sommet de ces montagnes par un escalier en bois: c'est là que, sous un dôme, autour d'une balustrade dont la modeste enceinte est à douze ou quinze pieds, on voit se presser tous ceux qui aspirent à la gloire de glisser.
Le Français est tellement dans son centre au milieu de l'agitation et du bruit, que la joie se peint sur tous les visages.





La ramasse, 1816.

Dans le Prospectus des Montagnes Russes, chanson de M. Oury, nous avons remarqué le couplet suivant:


Air du ballet des Pierrots.

Des fiacres c'est la providence;
Ils ont retrouvé les beaux jours:
Ils voiturent ici l'enfance,
L'âge mûr, l'âge des amours.
C'est un flot qui vers nous s'écoule
Que ce bon peuple parisien.
Comme on le roule, roule, roule,
Comme on le roule, roule bien.




Munito, 1817.

Munito porte le nom du village où il est né, à un quart de lieue de Milan. Ce merveilleux barbet entend l'Italien et le Français, sait lire, calculer et jouer au domino. Tous les soirs, on voit des équipages s'arrêter à sa porte.
Munito a, sur les talents de société, l'avantage de ne se faire jamais prier.
A peine lui a-t-on demandé une carte, qu'il va en faire la recherche parmi celles qui couvrent un cercle tracé sur la parquet, et l'apporte.
Les mots qu'on écrit sur une ardoise, il les forme, l'instant d'après, en allant chercher une à une les lettres dont ces mots sont composés.
Il n'est pas moins expéditif en opérant avec des chiffres, et résout toutes les questions qu'on lui propose sur les trois premières règles de l'arithmétique.
Mais voici ce que certains épilogueurs prétendent avoir découvert. Munito, en circulant autour de la jambe de son maître, examine de quel chiffre, de quelle carte, se trouve alternativement placée la pointe du pied et la petite boucle qui attache le soulier sur le côté.






Montagnes Russes dans la salle de l'Odéon, 1817.


Les Montagnes Russes dans la salle de l'Odéon sont des montagnes plébéiennes, comparées à celles de la barrière du Roule; mais il y a encore de quoi contenter les amateurs de chutes; et la facilité de garder sous le masque un profond incognito encourage les plus timides à se livrer à un jeu qui paraît être une espèce de fureur.
Ces montagnes laissent une place pour la danse. On voit, que dans les bals masqués, le costume des dames de la halle et celui des élégantes Bernoises sont toujours à la mode.





Promenades Aériennes, 1817.

Partout ailleurs qu'à Paris les entrepreneurs des Promenades Aériennes auraient joué un jeu à se ruiner: leur établissement est gigantesque. La plateforme du pavillon d'où les chars se précipitent est à 63 pieds au-dessus du sol; des deux côtés partent des rampes en fer à cheval chacune de 400 pieds de développement, et qui viennent se réunir au pied d'une troisième rampe droite et beaucoup plus rapide, dont le sommet s'appuie au troisième côté de la plateforme du pavillon. C'est par cette troisième rampe que les chars remontent, chargés de leurs voyageurs, en s'accrochant aux anneaux de chapelets mis en mouvement par une roue de manège, attelée de quatre chevaux. Ce manège occupe la partie inférieure du pavillon.
Les rampes circulaires, assez larges pour la voie de trois chars, avant que de l'une des voies on eût fait une galerie pour les curieux, sont évidés dans leur hauteur par un, deux ou trois rangs d'arcades semblables à celles des aqueducs.
Une course se compose de trois ascensions et de trois glissades. En une minute, on a parcouru 600 toises et, si le jeu plait, on peut, sans quitter le char, se faire reporter à la rampe montante, et continuer ainsi toute une journée sa promenade aérienne.
Outre le caractère de grandiose qu'on ne peut trop faire remarquer, l'exécution des Montagnes Aériennes mérite qu'on s'occupe des détails. La charpente en est admirable, la menuiserie si parfaite, qu'on la croirait exécutée par des ébénistes; et les chars ont un avant-train qui est un chef-d'oeuvre de serrurerie.
Un café occupe douze arcades sous la montagne du milieu; les domestiques qui en font le service sont uniformément vêtus.





Montagne artificielle de Belleville, 1817.

M. Beauchêne, médecin, auteur d'un recueil de Maximes, réflexions et Pensées diverses, imprimé en 1818, dit des montagnes artificielles: "La mode y a élevé son temple. C'est aux femmes qu'on a confié le soin de son culte, et permis d'en révéler les mystères. C'est là que, bravant la rigueur des saisons, l'intempérie de l'air, elles défient le léger zéphyr de les suivre dans la rapidité d'un entraînement si différent des doux mouvements que la nature leur inspire, et si peu propre à leur donner l'idée de la retenue, qui pourtant sied si bien à leur sexe."
Cinq chars peuvent rouler de front sur la montagne de Belleville; une chaîne les remonte par une galerie latérale depuis le point d'arrivée jusqu'au point de départ. La distance d'un but à l'autre est de six cents pieds, et l'on franchit cet espace en neuf ou dix secondes.





Le château de cartes. 





Jeu de bague volante, 1819.

Adopté par les Parisiens, le jeu créole ou de bague volante ne pouvait manquer d'être embelli: ils ont d'abord recouvert d'un ruban le jonc qui forme la bague, puis placé sur le cercle autant de rosettes qu'il y avait de grelots.





La promenade sous le berceau, 1822.

Petits soins, prestations d'amour, plan d'un heureux avenir; voilà le premier mois du mariage, ou, comme disent les Orientaux, la lune de miel.







La rencontre au bal, 1801.

Que se disent ces masques en s'abordant? Je te connais, tu ne me connais pas. Je te connais, c'est à dire, j'ai une foule de moyen de te mettre dans l'embarras, de te jouer, de m'amuser à tes dépens. Tu ne me connais pas, c'est à dire, tu ne peux prendre ta revanche, tu ne peux te prévaloir de mes défauts, de mes faiblesses; je vais te lutiner.






Le volant, 1802.

Autrefois on jouait au volant sans raquette: c'était avec la paume de la main qu'on chassait la balle ronde ou la petite pelote ailée. De là, on appelait le jeu lui-même, la paume.
Mais nous sommes devenus délicats: les élégantes ont des raquettes ornées d'or et de soie, de velours et de maroquin; les bourgeoises ont des manches de raquettes tout simplement garnis de peau de mouton. Les petites filles du peuple et les servantes jouent avec des raquettes d'osier.
Le dimanche, à Paris, on joue au volant du haut en bas de l'hôtel: la portière et sa fille jouent devant la porte, les valets dans l'antichambre, les enfans dans le jardin, et les dames dans le salon.






Les quatre coins, 1803.

Il faut que chaque joueur sache calculer les vitesses et les distances, et lisent les projets de ses concurrens dans leurs yeux, afin de n'être point trompé par de perfides appels.
A ce jour, comme ailleurs, gardez-vous de quitter une place que vous pourriez regretter.








Le Collin-Maillard, 1803. 

Ce jeu si connu se joue dans une chambre ou dans une enceinte bornée. On bande les yeux de celui que le sort a désigné, et il poursuit ses camarades jusqu'à ce qu'il ait deviné le nom de celui qu'il saisit.






Mademoiselle Pastel, suivie de sa mère, 1804.

Voici les dangers que courent les parents nés pauvres qui, au lieu de donner à leur fille un métier, veulent en faire une artiste.





Les Parisiennes à Montmorency, 1810.


Une demi-élégante, une petite maîtresse manquée, portera, même en négligé, une robe garnie et un chapeau à plumes: une élégante de bon ton met au contraire une robe unie, un chapeau de paille ou une simple cornette; mais tout, dans son ajustement, est de la plus grande fraîcheur.






Le baiser deviné, 1811.

De toutes les pénitences dont le baiser constitue le fond, celle-ci me paraît être la plus à craindre pour les jeunes personnes qui jouent à des jeux de sociétés.






Les dessous du chandelier, 1811.

Un niais, condamné à faire cette pénitence, baise le dessous d'un chandelier, tandis qu'il pourrait embrasser une dame en tenant un chandelier au-dessus de sa tête.






La Main chaude, 1803.
Ce jeu s'appelait autrefois paumèle.
Il faut proportionner les coups à l'âge et à la force du patient. Les gens mal élevés frappent à tour de bras.






Les Chevaliers gentils, 1811.

Au commencement du jeu, tout le monde est chevalier gentil; mais, à chaque mot d'une longue formule qu'un joueur change ou omet, il est forcé d'arborer un cornet de papier, et devient chevalier cornard. Pour être débarrassé de ces cornes, il faut donner des gages.





La Statue, 1811.

Quand on est condamné à faire la statue, on va se placer debout au milieu de la chambre, et chaque personne de la société a le droit de faire prendre à celui qui subit cette pénitence la position qu'elle désire.





Leçon de Diable ou le Diable couleur de Rose, 1812.

Faire rouler sur la corde à demi-tendu un morceau de bois taillé en sablier, c'est l'ABC du jeu du diable; mais faire tour à tour passer le diable, avec dextérité, de la corde sur les baguettes, des baquettes sur la corde; la faire sauter à 25 pieds au-dessus de sa tête, et le retenir sur la corde au moment où il tombe, voilà le difficile. Les joueurs bien exercés l'envoient dans les airs et le reçoivent, toujours roulant, sur une espèce de fourchette attachée au bout d'un des petits bâtons.
Savoir jouer au diable est une chose indispensable aujourd'hui, et un père qui tient à avoir des enfans bien élevés, doit ajouter à la dépense des maîtres de dessin, de musique, de danse, celle de professeur de diable.
Cet instrument nous est venu d'Angleterre. des personnes attachées à l'ambassade de lord Macartney l'avaient vu en Chine et l'ont imité à leur retour. Son ronflement, qui s'entend de loin, est un des expédients qu'emploient, pour appeler les acheteurs, les marchands ambulants à qui la police ne permet pas de crier sa marchandise.





Le Baiser à la Capucine, 1814.

On se met à genoux, dos à dos, avec une dame: la dame tourne la tête à droite, et le cavalier, penchant la sienne sur l'épaule gauche, va cueillir le baiser qu'on lui offre, en ployant son corps de manière que ses genoux ne changent pas de place.






Colin Maillard assis, 1814.

On a bandé les yeux au colin-maillard; tout le monde a changé de place; il s'assied sur les genoux de la première personne qu'il rencontre. Là, sans porter les mains, ni sur les vêtements, ni sur le corps, mais seulement par la douce pression qu'il exerce, il faut qu'il nomme la personne qui lui sert de siège.






Le Pont d'amour, 1814.

Celui qui doit faire cette pénitence reçoit sur son dos, ayant les mains posées par terre, la dame avec laquelle on lui a indiqué de faire le pont d'amour; il la porte ainsi autour du cercle, et doit s'arrêter devant tous les cavaliers pour qu'ils usent du droit que le jeu leur donne d'embrasser la voyageuse.



Observations sur les Modes et les Usages de Paris, abbé Pierre de la Mésangère, professeur de belles-lettres et de philosophie au collège de La Flèche; (source BNF)

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