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mardi 18 décembre 2018

Gai! gai! Mariez-vous!

Gai! gai! Mariez-vous!

Au mois d'octobre 1773, à l'occasion du mariage du duc d'Artois (depuis Charles X), la ville de Paris, sur la demande du prince, consacra la somme qui devait être dépensée en réjouissances, à doter les jeunes filles de la cité. Plusieurs grands seigneurs se piquèrent d'émulation et près de douze mille mariages eurent lieu ce mois-là, grâce aux dots municipales. A ce sujet, les mémoires du temps racontent l'anecdote suivante: une jeune fille, nommée Louise Noirin, s'étant présentée pour se faire inscrire et participer à la distribution, on lui demanda où était son amoureux.
- Je n'en ai pas, répondit-elle, je croyais que la ville fournissait tout.


Comme Louise était fort jolie, tant d'innocence surprit (sous le règne de louis XV, il y avait de quoi), et la fillette fit fureur. Le célèbre sculpteur Houdon modela même son buste, chef-d'oeuvre de la grâce naïve.
Il va sans dire que Louise Noirin fut mariée et bien mariée.
Les encouragements au mariage donnés depuis dans une forme plus modeste n'en obtinrent pas moins de succès.

Le cadeau de noces de M. le Maire.

Il y a quelques années, le maire d'une ville du midi de la France offrait un cadeau de 100 francs à chacun des couples qui se marieraient pendant son administration. Ce stimulant décida nombre d'indécis, et l'excellent magistrat municipal dépensa près de 24.000 francs de ce chef. Pour une petite ville, cela suppose un assez joli nombre de noces et festins.
A Alton, petite ville de l'Illinois, dans les Etats-Unis de l'Amérique du Nord, l'invitation au mariage se manifesta sous une forme plus singulière encore. Les habitants du pays furent très surpris de lire un jour sur les murs de l'église une pancarte rédigée comme suit:
"Quiconque se mariera sous mes yeux, du 18 novembre 1901 au 18 novembre 1902, recevra de ma main une batterie de cuisine.
                                                                                        Signé X..., révérend"
L'espoir de  ce "début d'ameublement" fit affluer les couples. De vingt lieues à la ronde, on venait réclamer les bons offices du pasteur. Mais il y trouvait son compte car chaque cérémonie lui était payée.
Un pasteur établi à Saint-Louis n'hésita pas à suivre l'exemple de son collègue d'Alton; mais lui, au lieu d'offrir des casseroles à ceux qui viendraient lui demander la bénédiction nuptiale, promit le fricot qu'on y pourrait accommoder: un magnifique dindon, cadeau "non symbolique", était le présent des noces.



Il n'eut pas un moindre succès.
En Alsace, dans un certain village, les autorités font publier que les mariages célébrés pendant cinq ans de telle date à telle autre donneront lieu à une exemption d'impôts locaux. A la fin de la période, généralement, on ne compte plus de célibataires.
Un seigneur autrichien, pour stimuler ses vassaux à convoler en légitime noces, promit à l'époux de l'entretenir de tabac sa vie durant et de donner à l'épouse quatre paires de gants par an. Ce modeste encouragement suffit pour que, dans le pays, on ne puisse plus trouver une seule femme ayant coiffé Sainte Catherine.
Ces exemples prouvent qu'il faut bien peu de chose pour décider hommes et femmes, jeunes et vieux, à franchir le pas au sujet duquel un aimable sceptique a dit:
"Mariez-vous, vous ferez bien; ne vous mariez pas, vous ferez encore mieux!"

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 1er novembre 1903.

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