Le roi des boudins.
A Kœnigsberg en Prusse, les bouchers ont coutume d'offrir aux boulangers un énorme boudin qui est promené à travers la ville comme notre traditionnel "Bœuf-Gras". Cette cérémonie a lieu le premier jour de l'an.
Bien que les boudins actuels soient de taille fort respectable, ils se laissent considérablement dépasser par leurs ancêtres. En effet, le boudin de l'année 1557 avait près de 200 aunes de long; il fut porté par 50 personnes. Celui de 1583 était long de 597 aunes, pesait 217 kilogrammes et fut posé sur les épaules de 93 personnes.
Le plus grand des bouchers marchait, pareil à un tambour-major, en tête du cortège; le boudin venait d'abord s'enrouler plusieurs fois autour de son cou, le reste serpentait sur les épaules des autres bouchers qui marchaient trois par trois.
On lit dans une ancienne chronique d'Henneberg (Explication des mœurs de Prusse, publiée à Kœnigsberg, 1659): "L'année 1601, le premier jour de l'an, les bouchers promenèrent un boudin de 1005 aunes de long; ils le portèrent ensuite au palais et en offrirent quelques aunes au prince. Cette fête avait été oubliée depuis dix-huit ans. On accompagnait le boudin au bruit des tambours et au son du fifre. Un maître-boucher, paré de plumes et de rubans, armé d'un drapeau vert et blanc, marchait en tête du cortège. Les bouchers qui suivaient, au nombre de 103, ployaient sous le poids du boudin. On laissa au prince 130 aunes."
Jamais pareille magnificence n'a été surpassée!
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 1er novembre 1903.
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