Le Clown Footit.
* Le dompteur Batty:
* Joseph Oller:
Joseph Oller est le fondateur, entre autres, du Moulin Rouge, du Nouveau-Cirque, du théâtre des Nouveautés. Il fut responsable de la promenade de la Vache enragée. Il fit construire l'Olympia, inauguré par La Goulue.
* Foottit:
Footit est né à Manchester, en 1864. Son père dirigeait un grand cirque: c'est lui qui l'initia, dès sa plus tendre enfance, au métier de clown. Il est à croire que ce ne fut pas sans maintes taloches, car Foottitb est resté convaincu que le meilleur maître du clown est la peur des coups: il faut, dit-il, arriver à persuader à l'enfant que s'il tombe en risquant un exercice hardi, il souffrira moins qu'en recevant une râclée, pour refus d'obéir à son maître.
Foottit père étant mort, sa veuve dut fermer le cirque. Elle se remaria avec Batty*, célèbre dompteur du second Empire.
Il y eu au Nouveau -Cirque une écuyère du nom de Léna Batty: en réalité, elle s'appelait Foottit et était la sœur du clown.
Celui-ci avait autrefois un plus noble métier: il était écuyer sauteur, et possédait un cheval de piste, animal superbe. Mais Foottit n'était pas comme un cheval: il avait des défauts et surtout la passion du jeu. Un jour, il imagina de jouer son cheval et le perdit. Il paya, et se refit clown. Il y remporta plus de succès que dans sa précédente profession. Ainsi, quand il eut les moyens de remonter à cheval, ne redevint-il pas écuyer: il ne voulut plus être que clown ou écuyère. Sa connaissance parfaite de l'équitation lui permit de composer des exercices où avec beaucoup d'adresse et de comique il parodiait les gestes, mes poses, les ronds de jambe des écuyères.
Oller* vit Foottit à Londres, dans un numéro de cheval, et l'engagea pour le Nouveau-Cirque. Il y a vingt ans de cela: Foottit en avait vingt-et-un. Dès le lendemain, il comptait parmi les célébrités de Paris. Des milliers d'enfants, dont beaucoup sont aujourd'hui des hommes, se sont amusés des grimaces et des farces de Foottit et de Chocolat*, et j'avoue sans rougir qu'ils me faisaient encore, il n'y a pas longtemps, passer une meilleure soirée que certaines pièces de M. X.
Ce n'est pas une des moindres inventions de Foottit que celle de son compagnon quasi inséparable: Chocolat. Ce n'est pas lui qui l'amena au Nouveau-Cirque, c'est un autre clown, du nom de Tony Grice, qui l'avait remarqué en Espagne dans une plaza de toros, où le pauvre nègre était domestique. Mais, avant l'arrivée de Foottit, Chocolat était ignoré de la foule: c'est lui qui le tira de l'ombre.
Car Chocolat n'est pas clown et ne le sera jamais: la souplesse nécessaire pour les exercices du clown ne s'acquiert pas à son âge. Ce n'est qu'un "cascadeur", c'est à dire, dans l'argot du métier, un de ces compères chargé de recevoir, sur les parties charnues de son individu, les gifles et coups de pied qui font partie intégrante des spectacles du cirque*. Il appartenait à Foottit de faire apparaître les rares qualités de cascadeur qui se trouvaient à l'état latent chez Chocolat.
Leur collaboration a pourtant subi une interruption, voici plus d'un an: c'est Foottit qui a quitté Chocolat, en quittant le Nouveau-Cirque, mais leurs rapports d'amitié n'ont pas cessé: "Toujours bien d'accord" dit Chocolat quand on l'interroge. Récemment, Foottit a été malade: il fut couché tout un mois. On répandit alors la nouvelle qu'il était fou. C'est inexact. Mossié Foottit a conservé tout son bon sens.
Foottit a un fils, Henri, âgé de treize ans. Il l'élève en dandy et ne lui a pas appris le métier de clown. C'est grand dommage, car, faute d'agilité, le pauvre Henri faillit être dangereusement blessé, l'an dernier, par un cheval qui le piétina. Était-ce une revanche? Le cheval avait-il reconnu le fils d'un écuyer qui avait autrefois maltraité son père? Quel beau sujet de feuilleton ce serait là!
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 25 mars 1906.
Foottit père étant mort, sa veuve dut fermer le cirque. Elle se remaria avec Batty*, célèbre dompteur du second Empire.
Il y eu au Nouveau -Cirque une écuyère du nom de Léna Batty: en réalité, elle s'appelait Foottit et était la sœur du clown.
Celui-ci avait autrefois un plus noble métier: il était écuyer sauteur, et possédait un cheval de piste, animal superbe. Mais Foottit n'était pas comme un cheval: il avait des défauts et surtout la passion du jeu. Un jour, il imagina de jouer son cheval et le perdit. Il paya, et se refit clown. Il y remporta plus de succès que dans sa précédente profession. Ainsi, quand il eut les moyens de remonter à cheval, ne redevint-il pas écuyer: il ne voulut plus être que clown ou écuyère. Sa connaissance parfaite de l'équitation lui permit de composer des exercices où avec beaucoup d'adresse et de comique il parodiait les gestes, mes poses, les ronds de jambe des écuyères.
Oller* vit Foottit à Londres, dans un numéro de cheval, et l'engagea pour le Nouveau-Cirque. Il y a vingt ans de cela: Foottit en avait vingt-et-un. Dès le lendemain, il comptait parmi les célébrités de Paris. Des milliers d'enfants, dont beaucoup sont aujourd'hui des hommes, se sont amusés des grimaces et des farces de Foottit et de Chocolat*, et j'avoue sans rougir qu'ils me faisaient encore, il n'y a pas longtemps, passer une meilleure soirée que certaines pièces de M. X.
Ce n'est pas une des moindres inventions de Foottit que celle de son compagnon quasi inséparable: Chocolat. Ce n'est pas lui qui l'amena au Nouveau-Cirque, c'est un autre clown, du nom de Tony Grice, qui l'avait remarqué en Espagne dans une plaza de toros, où le pauvre nègre était domestique. Mais, avant l'arrivée de Foottit, Chocolat était ignoré de la foule: c'est lui qui le tira de l'ombre.
Car Chocolat n'est pas clown et ne le sera jamais: la souplesse nécessaire pour les exercices du clown ne s'acquiert pas à son âge. Ce n'est qu'un "cascadeur", c'est à dire, dans l'argot du métier, un de ces compères chargé de recevoir, sur les parties charnues de son individu, les gifles et coups de pied qui font partie intégrante des spectacles du cirque*. Il appartenait à Foottit de faire apparaître les rares qualités de cascadeur qui se trouvaient à l'état latent chez Chocolat.
Leur collaboration a pourtant subi une interruption, voici plus d'un an: c'est Foottit qui a quitté Chocolat, en quittant le Nouveau-Cirque, mais leurs rapports d'amitié n'ont pas cessé: "Toujours bien d'accord" dit Chocolat quand on l'interroge. Récemment, Foottit a été malade: il fut couché tout un mois. On répandit alors la nouvelle qu'il était fou. C'est inexact. Mossié Foottit a conservé tout son bon sens.
Foottit a un fils, Henri, âgé de treize ans. Il l'élève en dandy et ne lui a pas appris le métier de clown. C'est grand dommage, car, faute d'agilité, le pauvre Henri faillit être dangereusement blessé, l'an dernier, par un cheval qui le piétina. Était-ce une revanche? Le cheval avait-il reconnu le fils d'un écuyer qui avait autrefois maltraité son père? Quel beau sujet de feuilleton ce serait là!
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 25 mars 1906.
* Nota de Célestin Mira:
* Le dompteur Batty:
* Joseph Oller:
Joseph Oller est le fondateur, entre autres, du Moulin Rouge, du Nouveau-Cirque, du théâtre des Nouveautés. Il fut responsable de la promenade de la Vache enragée. Il fit construire l'Olympia, inauguré par La Goulue.
* Foottit:
* Chocolat:
Le nom de Chocolat, de son vrai nom Rafael Padilla, est resté dans les mémoires et survit dans l'expression: "être chocolat" signifiant échouer dans ce que l'on espérait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire