Les gants.
Lorsque la main est absente, ils ont l'apparence de chiffons piteux, mais aussitôt qu'elle y pénètre, ils se gonflent, se tendent à en craquer, comme une cornemuse dans laquelle on joue.
Ce n'est pas par pudeur que les doigts nus se terrent au fond du gant: ils espèrent y paresser en gentilshommes, dans leurs bagues; mais la main tyrannique, malgré la gaine de peau qui les paralyse, les oblige encore à servir.
Les gants d'une femme s'attiédissent au contact de ses doigts frileux, et à leur fauve odeur de bête tuée se même l'arôme de sa main parfumée, comme l'odeur des fleurs se même à celle de la terre rude.
Les mains gantées semblent d'étranges animaux: ils se tapissent en hiver, dans le manchon et se cramponnent en été, au manche de l'ombrelle.
Le gant rend la main mystérieuse, troublante comme un visage masqué, et rien ne surpasse le délice de découvrir, en le tirant, une main fine aux doigts légers.
Paul Leclercq.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 6 août 1905.
Nota de Célestin mira:
Femme retirant un gant de Jean-Paul Sinibaldi, 1886. Musée Carnavalet. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire