Léandre.
Ce serait faire une grave injure à M. Léandre que de le traiter de caricaturiste. M. Léandre est un peintre: il a reçu les leçons de Cabanel à l'Ecole des Beaux-Arts, il ne manque pas une fois d'exposer au Salon des pastels et même des peintures à l'huile qui lui ont valu la médaille de deuxième classe et le titre de hors concours.
Ce rapin arrivé a débuté à Montmartre; il a crayonné, dans son album des Nocturnes, l'ancienne troupe du Chat-Noir: Maurice Donnay, Willy, Emile Goudeau, Jean Goudeski, Henri Rivière, mais les Nocturnes ne sont pas des charges. En réalité, c'est la caricature qui a créé sa réputation, et c'est elle encore qui la soutient. Acteurs et actrices, artistes, hommes de lettres et homme d'Etat, souverains même ont été déshabillés par son regard impitoyable, et cruellement mis au pilori, enlaidis par le masque de ridicules ou de vices dont il couvre, mais toujours reconnaissables.
Sa manière est particulière et cependant difficile à définir. M. Caran d'Ache procède par des traits gros et précis, Abel Faivre par des traits fuyants, Forain par des lignes interrompues, Capiello aime les angles aigus et les pattes de mouche, mais tous s'arrêtent à la première esquisse et quittent le crayon sans l'avoir entamé. Au contraire, M. Léandre, dessine avec conscience et travaille sa pochade comme un portrait. La caricature était si réaliste qu'on serait tenté parfois de la croire véridique.
On s'imagine peut-être que ce dessinateur spirituel et mordant est un enfant de Paris et qu'il a commencé par essayer sa verve aux dépens des gavroches des faubourgs? Ce serait une grossière erreur. M. Léandre est né dans un hameau normand, habité par une soixantaine de paysans, qui savent compter pour la plupart, et dont quelques-uns savent lire. Ce pays, situé dans le département de l'Orne, est nommé à juste titre Champsecret, car les touristes le connaissent peu; aussi est-il à présumer que les ancêtres de M. Léandre sont d'honnêtes cultivateurs qui d'ici longtemps ne s'abonneront pas au Rire.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 10 septembre 1905.
Nota de célestin mira:
Sa manière est particulière et cependant difficile à définir. M. Caran d'Ache procède par des traits gros et précis, Abel Faivre par des traits fuyants, Forain par des lignes interrompues, Capiello aime les angles aigus et les pattes de mouche, mais tous s'arrêtent à la première esquisse et quittent le crayon sans l'avoir entamé. Au contraire, M. Léandre, dessine avec conscience et travaille sa pochade comme un portrait. La caricature était si réaliste qu'on serait tenté parfois de la croire véridique.
On s'imagine peut-être que ce dessinateur spirituel et mordant est un enfant de Paris et qu'il a commencé par essayer sa verve aux dépens des gavroches des faubourgs? Ce serait une grossière erreur. M. Léandre est né dans un hameau normand, habité par une soixantaine de paysans, qui savent compter pour la plupart, et dont quelques-uns savent lire. Ce pays, situé dans le département de l'Orne, est nommé à juste titre Champsecret, car les touristes le connaissent peu; aussi est-il à présumer que les ancêtres de M. Léandre sont d'honnêtes cultivateurs qui d'ici longtemps ne s'abonneront pas au Rire.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 10 septembre 1905.
Nota de célestin mira:
La femme au chien: Charles Léandre. |
L'avorteuse: Charles Léandre. |
Joffre: il ne dit rien mais chacun l'entend. Le Rire, Charles Léandre. |
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