Perquisitions féroces.
Mahomet II* (1) avait cultivé lui-même une planche de melons, que le soleil semblait avoir distingués en les mûrissant lentement avant les autres. Le sultan les fit recommander au jardinier; Celui-ci y avait l'œil chaque jour, ce qui n'empêcha pas un page, qui aimait passionnément le melon, d'en cueillir quatre de ceux-ci, et de les manger.
Le jardinier s'étant aperçu du larcin, conjectura que les pages, qui seuls avaient l'entrée du jardin, pouvaient seuls aussi en être les auteurs. Il courut en informer le sultan en lui observant qu'il y avait que fort peu de temps que le vol était fait. Mahomet, irrité de cette audace, fit amener à l'instant tous les pages devant lui, et ordonna au coupable de se nommer. Personne ne se déclarant, l'impitoyable despote commanda d'ouvrir successivement les ventres de tous les pages, jusqu'à ce qu'on eut découvert le coupable.
On trouva les melons à demi digérés dans le ventre du quatorzième.
(Improvisateur français.)
(1) L'espion turc désigne le sultan Amurat comme le héros de cette histoire. On a attribué un trait pareil à Mémémet-Ali, qui aurait fait ouvrir le ventre d'un soldat pour vérifier s'il avait, malgré ses dénégations, bu le lait qu'une pauvre femme accusait de lui avoir pris.
Dictionnaire d'anecdotes par Edmond Guérard, Librairie Firmin-Didot, Paris 1876.
* Nota de Célestin Mira:

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