Barbarie.
De nos jours, Mulei Abdalla, le père de Sidi Mahomet, roi du Maroc, a renouvelé ces scènes d'horreur.
Il pensa se noyer un jour en traversant une rivière. Un de ses nègres le secourut, et se félicitait d'avoir eu le bonheur de sauver son maître. Mulei l'entendit et, tirant son sabre: "Voyez, cet infidèle qui croit que Dieu avait besoin de lui pour conserver les jours d'un chérif!" En disant ces mots, il lui fendit la tête.
Ce même Mulei avait un domestique de confiance qui le servait depuis longtemps, et que ce roi barbare semblait aimer. Dans un moment de franchise, il pria ce vieux serviteur d'accepter deux mille ducats et de s'en aller, de peur qu'il ne lui prit l'envie de le tuer comme tant d'autres. Le vieillard embrassa ses genoux, refusa les deux mille ducats, et lui dit, avec des sanglots, qu'il aimait mieux périr de sa main que d'abandonner ce cher maître. Mulei y consentit sans peine. Quelques jours après, sans aucun motif, pressé de cette soif de sang dont les accès redoublaient quelquefois, Mulei tua d'un coup de fusil ce malheureux domestique, en lui disant qu'il avait mal fait de ne pas accepter son congé.
Chénier, Recherches historiques sur les Maures.
Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes, Edmond Guérard, Librairie Firmin-Didot, 1876.
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