Marcel Legay.
La redingote au vent, un immense tuyau de poêle posé tout à l'arrière d'un crâne si poli qu'il est impossible de le regarder les jours de grand soleil, la gaîté aux yeux et l'ironie aux lèvres, tel est M. Marcel Legay, qu'on pourrait appeler le premier des montmartois; Tous nos lecteurs le connaissent, lui et ses inséparables refrains.
L'originalité de ce chanteur populaire, c'est qu'il n'a pas changé de répertoire depuis quinze ans: aussi chante-t-il de mémoire. Il a choisi dans ses œuvres, car il chante ses propres compositions et non celles des autres, quatre ou cinq mélodies, et, soit indolence, soit routine, il n'a pas eu un instant l'idée de les remplacer par d'autres. Son public s'y est habitué et c'est toujours avec le même plaisir qu'il entend M. Legay chanter, de sa voix puissante:
L'originalité de ce chanteur populaire, c'est qu'il n'a pas changé de répertoire depuis quinze ans: aussi chante-t-il de mémoire. Il a choisi dans ses œuvres, car il chante ses propres compositions et non celles des autres, quatre ou cinq mélodies, et, soit indolence, soit routine, il n'a pas eu un instant l'idée de les remplacer par d'autres. Son public s'y est habitué et c'est toujours avec le même plaisir qu'il entend M. Legay chanter, de sa voix puissante:
Tu t'en iras les pieds devant
Ainsi que toux ceux de ta race,
Grand homme qu'un souffle terrasse,
Comme le fou qui passe...*
Je suis même convaincu que le public serait déconcerté, comme au bruit d'une horloge qui décompte, si M. Legay s'avisait un soir de lui apporter une chanson nouvelle ou seulement de ne pas chanter sa pastorale:
Ohé! Mes bœufs! toujours! encore!
Ohé! Grine! Ohé! Goubeau!
Il fait clair et le temps est beau.
L'alouette éveille l'aurore.
Ohé! mes bœufs! tirez! tirez!
Tirez le soc et labourez.
La Chanson des bœufs, écrite par M. Maurice Boukay, servit avec quelques autres à la campagne électorale de ce chansonnier connu à la Chambre sous le nom de Couyba*. Accompagné de M. Legay et de plusieurs camarades, il parcourut les campagnes du département de la Haute-Saône et offrit aux paysans des concerts en plein vent, manière poétique et assez économique de soutenir sa candidature. Il n'est pas à souhaiter pourtant que cette méthode se répande: bonne pour nos grands poètes, comme M. Clovis Hugues ou M. Georges Leygues, elle pourrait causer à nos oreilles des surprises désagréables, lorsque M. Drumont, par exemple, chanterait un air de la Juive.
A chacun son métier: M. Marcel Legay a borné à cette promenade électorale son rôle politique. Sa tribune est un piano: tout le mal qu'il pense de la société, il l'a dit dans des chansons vengeresses à faire frissonner. Il s'en tiendra là et n'arrachera jamais les pavés. d'ailleurs cela l'essoufflerait et n'a pas trop de tout son souffle pour ses couplets dont les paroles, balancées par sa voix un peu fatiguée, montent et descendent du fort au doux comme les vagues de la mer.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 14 mai 1905.
Nota de Célestin Mira:
Marcel Legay. |
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