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jeudi 14 février 2019

Les autographes.

Les autographes.


La manie à la mode va trouver de quoi se satisfaire. On vendra, le mois prochain, une collection qui renferme un grand nombre de pièces dont quelques-unes sont très rares et d'autres d'un grand intérêt; on y trouve des autographes des personnages historiques et littéraires les plus illustres des seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles. En voici quelques fragmens:
Voici l'opinion de Berthier sur Bonaparte, exprimée dans une lettre datée de Milan, en floréal an IV, et adressée au général Mathieu Dumas:
"... Tu es donc satisfait de l'armée d'Italie; je t'assure que nous faisons bien tout ce qui est en notre pouvoir. Bonaparte va bien; je n'ai qu'à me louer de la confiance qu'il me témoigne; il a des talens, de l'activité et un grand désir d'être utile à son pays."
Voici en quels termes Fénelon se soumet à la décision prise à Rome, contre lui, dans une lettre adressée, en 1700, au révérend père R.C.:
" Rome a parlé, mon révérend père; c'est à moi de me soumettre et à m'humilier. Que M. de Meaux jouisse de sa victoire; il le peut, et je ne l'estimerai pas moins pour cela; celui qui lit au fond des cœurs nous jugera un jour, et c'est à son tribunal que je l'attends."
On trouve, sous le numéro 286 du catalogue, un fragment bien curieux d'une lettre de reproches adressés par la veuve de Jean-Jacques au citoyen Girardin, en l'an II. La voici avec son orthographe:
"Rien ne me surprends plus de votre parts; que vouliez que les petits cousin de mon mary puisse ériter d'un bien que mon mary a travailler à la seure de son front pour sa veuve; sa n'est point un bien de patrimoine, c'est un bien qui appartient à moi-même... Je montreret ma lettre de Genève à la Convention nationale, ou je suis connue et respectée; je suis la veuve de Jean-Jacques Rousseau pour la vie, je n'en départires jamais... Jes assez perdue de mon chere mary sans que l'on me frusque mon bien tant les manusquerie que la musique et les confessions que je vous et mis entre les mains, et que vous me les reniez aujourd'hui, et qui était écrie avec de lencre de la Chine avec une plume de corbeaux; vous ne pourez pas me les disputer quand nous serons vis à vis de bien des citoyens...
                                            Signé Marie-Thérèse Levasseur, veuve de Jean-Jacques Rousseau.
Enfin l'extrait qui suit est détaché d'une lettre de Talma, datée de 1800, adressée à Mme de Staël et qui est utile pour l'histoire de l'art dramatique:
"Ayant été élevé en Angleterre, on a cru que j'avais cherché à prendre la manière des acteurs anglais. J'étais trop jeune alors pour fréquenter les spectacles et pour donner une grande attention à un art auquel je ne me destinais pas à cette époque. Une sorte d'instinct et d'inspiration m'a porté à mettre dans ma déclamation un ton naturel et pourtant élevé, et le temps et l'expérience m'ont prouvé que les grands effets de la scène, les émotions profondes que le spectateur emporte avec lui, et qu'il ne peut oublier, ne peuvent être produits que par les accens simples et vrais comme la nature."

Le Salon littéraire, dimanche 20 avril 1843.


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