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samedi 20 juin 2015

Les difficultés budgétaires grecques.

Les difficultés budgétaires grecques.

Serait-ce l'approche du 1er mai, époque d'agitation officielle, qui commencerait à mettre en ébullition beaucoup de têtes européennes? On se dispute partout.
Dans la presqu'île scandinave, le ménage marche mal: les patriotes norvégiens, qui ont déjà obtenu quelque chose comme la séparation de biens, voudraient la séparation de corps, peut-être même le divorce. La Norvège, qui désire avoir sa représentation à l'étranger commence par réclamer des consuls particuliers: on les lui promet, et cela ne servira qu'à la mettre en bon appétit pour réclamer le reste.
En Grèce, les villes sont sillonnées de patrouilles chargées de disperser les mécontents et l'agitation se propage dans les provinces. Le roi, très crânement, voyant son ministre M. Delyannis, impuissant à rétablir l'équilibre budgétaire, conduire d'une main ferme et sûre le pays à la banqueroute, n'a pas hésité malgré sa popularité, à l'inviter à chercher ailleurs l'emploi de ses facultés. Les partisans de M. Delyannis prétendent que c'est Londres et Berlin qui conseillent et appuient ce coup d'état. Mais une autre version se fait jour, difficilement il est vrai, car il s'agit de questions financières que la presse, à de rares exceptions près, se plait à embrouiller. La haute banque cosmopolite a imaginé le système des commissions financières internationales, pour mettre d'un seul coup la main sur des pays entiers. Lorsqu'un état se trouve dans une mauvaise passe, on le pousse à sa ruine par tous les moyens possibles, puis on lui coupe tout crédit, à moins qu'il n'accepte la commission financière internationale.
C'est ce qu'on a fait en Turquie, en Egypte, en Tunisie, et c'est ce qu'on voudrait faire en Espagne, en Portugal, en Grèce, en attendant le tour des autres.
Le roi Georges, préoccupé de la situation financière de Grèce, aurait acquis la certitude, en le faisant étroitement surveiller, que M. Delyannis entretenait avec des hauts financiers des relations qui expliquaient son mauvais vouloir de présenter au Parlement les réformes financières capables de sauver le pays, malgré ses promesses réitérées. Il aurait été, paraît-il, partisan de la suspension du paiement de la dette publique, de la banqueroute, qui conduisait sûrement à la commission financière cosmopolite.

                                                                                                              A. d'Audeville.

La France Illustrée, 12 mars 1892.

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