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mercredi 20 février 2019

Sorciers et magiciens.

Sorciers et magiciens.

Que la croyance à la magie ait pu jadis se propager parmi des foules ignorantes, nous le savons et c'est ce qu'atteste maint exemple saisissant. Mais on s'imagine volontiers que ces superstitions ont disparu avec les progrès de l'instruction et la diffusion des connaissances. On perd bien vite cette illusion quand on voit à combien de pratiques parfois coupables donne lieu, même de nos jours, à la ville comme à la campagne, la confiance que certains esprits crédules n'ont pas cessé d'avoir dans la sorcellerie et la magie. Que de types pittoresques de sorciers et de sorcières! Que de traditions baroques! Et combien il serait à souhaiter qu'on parvint à délivrer tant de pauvres gens des terreurs sous l'empire desquelles ils tremblent encore!



Bohémiens disant la bonne aventure.
Tableau du peintre espagnol José Oliva. 

L'Espagne est peut être le pays qui a le plus conservé l'antique croyance aux diseurs de bonne aventure. Ce sont les bohémiennes ou gitanes qui y font profession de tirer les cartes. Dans la cour d'une ferme ou d'une auberge, ils ont la prétention de prédire l'avenir en consultant quelque vieux grimoire.




Le sabbat .
Tableau de Goya, peintre espagnol de la fin du XVIIIe siècle.

On croyait jadis que Satan, sous la forme d'un bouc, tenait ses assises le samedi soir sur une montagne isolée. On prétendait que les sorcières montées sur un manche à balai se rendaient à cette réunion appelée Sabbat pour y exercer leurs maléfices.



Circé.
Tableau de Dosso Dossi,
peintre italien du XVIe siècle.

Circé peut être considérée en quelque sorte comme la mère de la sorcellerie. C'est elle qui, d'après la légende, changea en pourceaux Ulysse et ses compagnons. Dosso Dossi, peu soucieux de la vérité historique et de la couleur locale, a peint Circé vêtue à l'orientale, tandis que dans le lointain s'étage une ville italienne.




La bonne aventure.
Tableau de Pater,
peintre français du XVIIIe siècle.

Au XVIIIe siècle, les chiromanciennes et les cartomanciennes étaient fort à la mode. Sans doute la prédiction de la bohémienne correspond aux désirs secrets de la jeune fille que représente ce tableau, car elle sourit, rêveuse, le regard perdu dans le vague.




Chez les sorciers du Limousin.
L'enclavèlement du loup.
D'après une aquarelle de M. G. Vuillier.

Dans tous les pays où l'on croit encore à la magie, et notamment dans le Limousin, le loup est tenu pour un animal diabolique. Les bergers qui veulent mettre leur troupeau à l'abri de ses atteintes le conjurent à l'aide de formules magiques qui rendent l'animal inoffensif. c'est ce qu'on appelle l'enclavèlement.



Comment on croit guérir la "naudze" ou maladie de langueur en Corrèze.
Aquarelle de M.G.Vuillier.

Pour guérir l'enfant qui languit, les sorcières allument autour du berceau quatre chandelles auxquelles elles donnent le nom d'un saint, puis elles se mettent à murmurer des conjurations. La première chandelle qui s'éteint indique que l'enfant doit être plongé dans la source placée sous l'invocation du saint.



Un traitement bizarre.
Sorcier soignant un érysipèle.
Aquarelle de M. G. Vuillier.

Dans le limousin, certains paysans ont plus de confiance dans le sorcier que dans le médecin. Pour traiter l'érysipèle, par exemple, le sorcier trace sur la partie malade des cercles magiques. La guérison est, dit-on, certaine.




Sorcière bretonne.

En Bretagne, les sorcières ont conservé leur crédit d'autrefois. Installées généralement près de quelque source, elles inspirent une véritable terreur.




Sorciers d'aujourd'hui.
L'envoûtement par l'image.
Aquarelle de M. G. Vuillier.

Certains paysans superstitieux croient encore que les maladies des bestiaux proviennent d'un mauvais sort. Pour conjurer le maléfice, le sorcier prétend faire apparaître dans un seau rempli d'eau, le visage du jeteur de sort. Perce-t-on d'un coup de couteau cette image, la mauvaise influence se dissipe.




La diseuse de bonne aventure.
Tableau de Mlle Maximilienne Guyon.

La diseuse de bonne aventure dans les grandes villes est une personne très au courant des progrès modernes. Elle a un appartement où les personnes naïves peuvent venir, moyennant finance, se faire tirer les cartes ou lire leur destinée dans les lignes de la main.


Illustrations extraites de Lectures pour tous, 1900.

lundi 18 février 2019

Qui payera l'impôt sur le revenu?

Qui payera l'impôt sur le revenu?


"L'impôt doit être proportionnel aux facultés des contribuables"

(Déclaration des droits de l'homme, art. 13)

"Nul citoyen n'est dispensé de l'honorable obligation de contribuer aux charges publiques"

(Constitution de 1793, art. 101)



Une répartition tout à fait équitable de l'impôt, c'est là une de ces réformes toujours attendues, jamais réalisées. S'il fallait en croire les partisans de l'impôt sur le revenu, grâce à ce nouveau mode de répartition, l'impôt frapperait uniquement les riches et les oisifs, et épargnerait les travailleurs vivant d'un modeste salaire. La vérité est que cet impôt irait directement contre le but qu'on se propose, car il serait en fait suspendu sur tout le monde, atteindrait les plus minces salaires, les plus modestes honoraires, les gains les plus humbles, tandis que les seules grosses fortunes y échapperaient, ayant seules les plus grandes facilités pour s'y soustraire.



Comment est répartie la fortune publique à la campagne.







D'après les calculs dont on ne peut contester la vérité globale, la moitié environ de ce que produit le sol de la France appartient à des paysans dont le revenu net réel ne dépasse pas 1.000 francs. Un quart échoit à des propriétaires qui jouissent d'un revenu variant de 1.000 à 3.000 francs. Le dernier quart au plus est recueilli par des gens ayant plus de 3.000 francs de revenu.




Proportion des grosses et des petites bourses, à Paris.






A Paris, comme à la campagne, les grandes fortunes sont noyées dans la masse des petites, puisque les trois quarts des loyers sont inférieurs à 500 francs.




L'argent totalisé des grosses fortunes n'est rien en comparaison de l'argent totalisé des petites bourses.

Les services publics ont soif. Où le sommelier, c'est à dire le ministre des finances, va-t-il puiser? Forcément dans le tonneau où il y a le plus de vin, c'est à dire dans celui qui représente la fortune totale des petits contribuables. L'autre tonneau, qui représente la fortune totale de ceux qui ont plus de 100.000 francs de revenus, serait tout à fait insuffisant.



Les quatre vieilles.






Les "quatre vieilles" ou les quatre contributions directes et ce qu'elles rapportent.

Ce sont elles que vise le projet du Ministre des Finances. Il propose d'en supprimer deux, la personnelle mobilière et les portes-fenêtres, et il modifie les deux autres. Il compte alors remplacer pour l'Etat ces ressources par l'impôt progressif et global.




Les 3 modes d'évaluation du revenu.








Dans le système de la Déclaration, le contribuable serait obligé de venir confesser au fisc l'état de sa fortune, avec preuves à l'appui. Dans la taxation d'office, applicable aux villes de moins de 5.000 habitants, le fisc évaluerait à son gré, vos revenus. Dans le système des signes extérieurs de richesse, applicable aux villes de plus de 5.000 habitants, le fisc déciderait, d'après votre loyer et l'allure de votre maison, ce que vous devez posséder.






Qui finira par payer l'impôt? ce sera le paysan, le travailleur, car la terre reste et ne peut se dissimuler, tandis que les gros capitalistes soustrairont leurs valeurs aux investissements du fisc en les expédiant à l'étranger.








Contrairement au but que l'on se propose, l'impôt sur le revenu frapperait plus lourdement les bourses moyennes que les grosses fortunes.

Comme un coup de canon mal ajusté, l'impôt sur le revenu atteindrait ceux qu'il ne visait pas. Voici l'effet qu'il produirait à Paris... Si l'obus ne touche pas le petit tas d'argent de l'ouvrier qui n'a que 1.000 francs de revenus, il endommage déjà le tas de celui qui gagne 2.500 francs par an. Il abîme le coffre-fort du petit bourgeois qui a 10.000 francs de revenus, fait déjà moins de mal au contribuable qui a 100.000 francs de rente et n'atteint que d'une manière illusoire le gros capitaliste.

Illustrations extraites de Lectures pour tous, 1900.

dimanche 17 février 2019

L'horreur de la lèpre à travers les âges.

L'horreur de la lèpre à travers les âges.




Assister vivant à la décomposition de son corps, lire dans les yeux des autres hommes le dégoût et l'effroi qu'on leur inspire, être, comme un paria, tenu à l'écart de la communauté humaine, telle a été jusqu'à nos jours la condition du lépreux. Si d'autres fléaux nous effrayent par leur marche foudroyante, ce qui fait au contraire l'horreur de la lèpre c'est le long supplice qu'elle inflige à ses malheureuses victimes. Aussi ne peut-on songer sans angoisse que la lèpre, loin d'être un mal disparu, existe aujourd'hui encore dans beaucoup de contrées, et qu'elle en ravage quelques-unes. Espérons qu'une fois de plus les découvertes de la science moderne mettront l'humanité à même de vaincre le terrible fléau.



Les régents d'un hospice de lépreux en Hollande au XVIIe siècle,
D'après le tableau de Jean de Bray.

Pendant des siècles, la lèpre exerça de terribles ravages. Au moyen âge, les lépreux, qui pullulaient en Europe, avaient été de véritables parias, n'ayant pour abri que de misérables cabanes construites pour eux en rase campagne. Ce n'est guère qu'au XVIIe siècle qu'on commença à les recueillir dans des hôpitaux spéciaux créés par l'initiative privée.



Jésus guérissant un lépreux,
d'après le dessin de Bida.

Dans l'antiquité, les lépreux, objet de répulsion et de terreur, étaient obligés de fuir les autres hommes. L’Évangile rapporte que Jésus, ayant rencontré sur une route un de ces malheureux, étendit la main vers lui, et, en le touchant, le guérit.
(Gravure extraite des Saints Évangiles, Hachette, éditeur.)




Les régentes d'un asile de lépreux en Hollande (XVIIe siècle),
Tableau de Jean de Bray.

C'est à partir du moment où, au lieu de chercher à isoler  les victimes de la lèpre, on entreprit de les soigner dans des asiles spéciaux, que le mal commença à décroître. Le peintre a représenté ici les femmes charitables qui s'occupaient d'un des hospices de lépreux de son pays.




La bannière des lépreux,
emblème de la confrérie des hospitaliers de Saint-Lazare, au moyen âge.

Au Moyen âge, les lépreux ne pouvaient sortir de la maladrerie qu'à la condition de ne pas entrer dans les villes. Quand ils circulaient sur les chemins, ils devaient agiter leur "cliquette" pour permettre aux passants d'éviter leur contact. L'ordre des "Hospitaliers de Saint-Lazare" s'était donné pour mission de soigner ces déshérités.





Une léproserie fondée en Birmanie par les Franciscaines de Marie.

Ce sont les Missionnaires qui, par leur dévouement de tous les instants, empêchent que les lépreux, très nombreux encore dans les pays d'Orient, soient abandonnés sans secours. Ils ont multiplié les léproseries aux Indes où l'on compte plus de 130.000 lépreux. Celle que représente notre gravure a été fondée par les Franciscaines de Marie, qui soignent, pansent et consolent des centaines de lépreux, au risque d'être atteintes elles-mêmes.




Une station balnéaire au Japon.

Des sources qui jaillissent dans ce village passent pour avoir la propriété de soulager les malheureux atteints de la lèpre.




Une tribu de parias: le "cheik" des lépreux à Siloë, près de Jérusalem.

A Siloë, en Palestine, les lépreux sont constitués en une tribu qui a son "cheik" ou chef. C'est un vrai faubourg de parias que forment les misérables cabanes habités par ces malheureux. Tout le jour, ils se tiennent accroupis au seuil de leur porte, étalant leurs plaies et leurs guenilles lamentables.



La salle des femmes à la léproserie "Agna di Dios", en colombie.

Les sœurs de la Présentation recueillent surtout des femmes, auxquelles, grâce à leur dévouement admirable, elles parviennent à rendre la vie plus supportable. Si la lèpre est restée inguérissable, on peut du moins en atténuer les effets en attendant qu'un nouveau sérum vienne vaincre le fléau.




Un groupe de lépreux dans le village de Huong-Lon, au Tonkin.

Jadis les lépreux étaient traités en parias par les indigènes, qui poussaient parfois la cruauté jusqu'à les enterrer vivants! Dans certains villages tonkinois les lépreux représentent la majeure partie de la population.




Au japon: Lépreux de l'hospice du Kummamoto travaillant aux champs.

Grâce aux soins assidus des sœurs Franciscaines qui ont fondé cet asile, les lépreux deviennent bientôt capables de travailler dans les champs. Le salaire qu'ils reçoivent, et surtout la possibilité qu'ils ont de travailler, la propreté à laquelle ils sont astreints, contribuent à relever le moral de ces déshérités.

Illustrations extraites de Lectures pour tous, 1900.

samedi 16 février 2019

Comment on sauve les enfants débiles.

Comment on sauve les enfants débiles.



Les petits déshérités, orphelins ou abandonnés par leurs parents, que recueille l'Assistance publique, ne sont gardés à l'hospice des Enfants Assistés que le temps strictement nécessaire pour les pourvoir d'une nourrice avec laquelle ils partent à la campagne, loin de l'air malsain des villes. Là, au milieu de braves bûcherons ou de cultivateurs, qui sont pour eux une famille adoptive, ils grandiront, se fortifieront, et beaucoup d'entre eux deviendront de solides campagnards ou des ouvriers robustes.




Ce que deviennent les enfants assistés: une colonie de petits bûcherons dans les forêts du Morvan.




L'allaitement par le nez.

Rien de plus merveilleux que de voir comment on parvient à sauver tant de petits êtres malingres, souffreteux, dont la vie semble suspendue à un fil. Comme il ne savent ni téter ni avaler, c'est par le nez qu'on est obligé de leur faire absorber du lait.




Comment on sauve des milliers d'existences.
La salle des couveuses Lion
dans l'établissement du boulevard Poissonnière, à Paris.

Il y a vingt-cinq ans encore, ces enfants débiles, nés avant la date prévue par la nature, étaient irrémédiablement perdus. En dépit de tous les soins, ils étaient sans cesse menacés d'un refroidissement mortel. Aujourd'hui, grâce aux couveuses, sortes d'armoires fermées par un châssis vitré, où les nouveaux-nés ont une chaleur toujours égale, on parvient à sauver un grand nombre de ces fragiles existences.





Une couveuse.
A travers les vitres de la couveuse, on aperçoit couché sur le dos le bébé, dont on peut surveiller le développement. Au bout de quelques jours, il tord déjà ses petits bras. Après un séjour de deux ou trois semaines dans la couveuse, il sera devenu un enfant viable et bien portant.





Un groupe de bébés niçois.
De grosses figures fraîches et roses éclairées par le soleil vivifiant du Midi, voilà qui témoigne éloquemment de l'excellence de la méthode. La gaîté et l'exubérance de ces êtres ravis à la mort attestent que ces enfants respirent maintenant la force et la santé.




Un petit pensionnaire des Enfants-Assistés.
A treize ans, quand ils sont déjà de petits hommes, les enfants sont envoyés dans une école professionnelle où ils apprennent un métier. Dans un grand sac, ils emportent tout leur trousseau, linge, vêtements, souliers de rechange.





Le pesage des nourrissons.
Un des points les plus importants dans l'élevage des nouveaux-nés, est de savoir s'ils absorbent une quantité de lait suffisante, et s'ils en tirent profit. Ils sont, pour cela, pesés chaque jour dans une balance, et l'on peut ainsi se rendre compte de leur développement progressif.






Une mesure d'hygiène: la stérilisation du lait.
Beaucoup de maladies dont mouraient autrefois les nouveaux-nés provenaient de la mauvaise qualité du lait qu'ils absorbaient. Aussi ne néglige-t-on rien aux Enfants-Assistés pour que les nourrissons ne boivent que du lait absolument pur. Chaque biberon est soigneusement stérilisé, ainsi que son contenu.





A l'hospice des Enfants-Assistés: la salle de bains.
L"hygiène et la propreté sont rigoureusement observés aux Enfants-Assistés. Les petits pensionnaires sont régulièrement conduits par escouades à la salle de bains, et l'on veille à ce qu'ils se savonnent avec le plus grand soin pour le plus grand bien de leur santé.





Aux Enfants-Assistés: le cirage des chaussures.
Les petits pensionnaires sont naturellement habitués à se servir eux-mêmes. Chaque jour, un certain nombre d'entre eux sont désignés pour cirer toutes les chaussures de l'établissement, et ce n'est pas une petite besogne.





Petite crèche aux Enfants-Assistés.




Là sont recueillis et soignés les pauvres bambins dont les parents indignes, ou malades, sont en prison ou à l'hôpital.


Illustration extraites de Lectures pour tous, 1900.

jeudi 14 février 2019

Animaux de légende et Bêtes exemplaires.

Animaux de légende et Bêtes exemplaires.



Saint Cuthbert sauvé miraculeusement de la famine par un aigle,
d'après le tableau de L. Duez.

Les bêtes apparaissent, dans les légendes des Saints, douces, serviables, meilleures, souvent que les hommes auxquels leur bonté est donnée en exemple. Au VIIe siècle, saint Cuthbert, un évêque breton, s'étant égaré dans un pays désert, cherchait en vain de quoi manger, quand un aigle laissa tomber à ses pieds un gros poisson qui l'empêcha de mourir de faim.



Saint François d'Assise prêchant aux oiseaux en Italie,
d'après une fresque de Giotto, un des maîtres italiens du XIIIe siècle.
Saint François d'Assise, cheminant un jour en Ombrie, s'arrêta devant une troupe de petits oiseaux qui cherchaient leur pâture. Le Saint se mit à leur parler. Quand il eut fini, dit la légende, les oiseaux se dispersèrent dans toutes les directions et partirent chanter la gloire de Dieu.






Le miracle de la mule,
d'après le tableau de Dom. Campagnola (Ecole Italienne)

Un homme de Rimini avait déclarait qu'il ne se convertirait que quand il aurait vu sa mule d'agenouiller devant l'hostie. On amena la bête devant le Saint. En vain l'homme voulut-il la tenter en lui présentant un boisseau d'avoine: dès qu'elle fut devant saint Antoine, la mule, fit la génuflexion promise.






Saint Paul et saint Antoine nourris par un corbeau,
d'après le tableau de Velasquez, le grand maître espagnol du XVIe siècle.

Saint Paul, au fond de son désert d'Egypte, dépérissait faute de nourriture. Un corbeau lui apporta un jour la moitié d'un pain dans son bec. Depuis lors, il revint chaque matin, pendant soixante ans. Un jour même que saint Antoine était venu voir le solitaire d'Egypte, l'oiseau leur apporta une double ration de pain.






La conversion de saint Hubert,
d'après un tableau de Crayer d'Artois, peintre flamand du XVIe siècle.
(Musée de Bruxelles)

Dans certaines légendes, les bêtes servent à amener les hommes au repentir. Tel est le sens de cet épisode de la vie de saint Hubert. Un jour ce grand chasseur poursuivait dans une forêt un cerf qui lui échappait toujours. Soudain la bête s'arrête et Hubert aperçoit entre ses bois une croix lumineuse. Ébloui, il tombe à genoux. C'est ainsi que fut converti celui qui devait être plus tard le patron des chasseurs.






L'intimité entre les saints et les bêtes féroces.
L'ermite saint Jérôme et son lion,
d'après le tableau de Giovanni Bosso.

Un jour, sur les bords du Jourdain, saint Jérôme vit se traîner vers lui un lion blessé à la patte par une grosse épine. L'ermite soigna le lion et le guérit. L'animal reconnaissant ne voulu plus quitter son sauveur. Quand saint Jérôme envoyait paître son âne, c'est le lion qui faisait office de gardien. Et la bête sauvage aimait tellement l'ermite que, quand celui-ci mourut, elle se coucha sur sa tombe et se laissa périr d'inanition.






Le miracle du poisson,
d'après un tableau de Bonfigli.
(Ecole italienne, XVe siècle)

Des marchands de Marseille avaient au cours d'un naufrage, perdu en même temps que leur cargaison une partie de leur argent. La protection de saint Louis de Toulouse, auquel ils avaient fait un vœu durant le péril, leur fit miraculeusement retrouver la somme perdue dans le corps d'un gros poisson qu'ils venaient de pêcher.






Saint Antoine et son compagnon,
d'après un tableau de Pisanello. 

Saint Antoine, dit la légende, vit un jour un petit cochon aveugle qui semblait implorer sa pitié. Le saint guérit la pauvre bête, qui, depuis lors, ne voulut plus le quitter. Le peintre met en présence sur son tableau saint Antoine et saint George, bien qu'ils ne se soient jamais rencontrés dans la réalité.






Saint Roch et son chien,
d'après un tableau de Magni (XVIe siècle)

Saint Roch, atteint de la peste, fut chassé de Plaisance. Il serait mort dans la forêt sans un chien qui venait lui porter à manger. Un jour le brave animal guida son maître jusqu'à la retraite du malade, qui fut guéri par ses soins. Par goût du pittoresque, le peintre a placé saint Sébastien en face de saint Roch, et la vierge complète la composition de cet étrange tableau.





Saint Paul piqué par une vipère,
d'après une tapisserie du Palais de Madrid.

Saint Paul ayant fait naufrage à Malte débarqua dans l'île. Voulant réchauffer ses compagnons, il dressa un bûcher. Mais une vipère cachée sous les sarments qu'il rassemblait le piqua. Au grand étonnement de tous les assistants, saint Paul continua sa besogne sans paraître ressentir aucune souffrance et sans être incommodé par l'accident.

Illustrations extraites de Lectures pour tous, octobre 1900.