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jeudi 7 mai 2015

L'église de Saint-Martin d'Ainay, à Lyon.

L'église de Saint-Martin d'Ainay, à Lyon.

L'église d'Ainay occupe la place d'un temple fameux que soixante nations gauloises auraient élevé à Auguste; elle a été en partie construite de ses débris. C'est ainsi que les quatre grosses et courtes colonnes de granit qui soutiennent la coupole du maître-autel de Saint-Martin proviennent de ce temple; leur circonférence est d'environ sept mètres, et elles n'ont guère plus de hauteur. 
Ce défaut de proportion ne doit pas être attribué aux architectes païens: dans le principe, ces colonnes n'en formaient que deux; la scie les a fait quatre en les coupant transversalement par le milieu. On avait besoin de ce nombre, et peu importaient, au neuvième ou dixième siècle, époque à laquelle remonte la construction de l'église actuelle, les proportions de l'architecture grecque. Les énormes pierres de taille que l'on voit entremêlées dans la maçonnerie de l'église paraissent de même avoir été tirées des débris de l'ancien temple; une de ces pierres, placée au-dessus du portail, représente trois déesses, que beaucoup de personnes supposent être trois saintes, ne s'attendant pas à trouver là des divinités païennes.



C'était devant l'autel du temple d'Auguste, auquel chacun des soixante peuples gaulois avait fourni une statue, que se rassemblait la bizarre académie instituée par Caligula; les vaincus dans le concours littéraire, non-seulement couronnaient eux-mêmes les vainqueurs, mais encore effaçaient leurs écrits avec leur langue, et recevaient en outre des coups de verges, si mieux ils n'aimaient être plongés trois fois dans le Rhône. Cette académie se nommait Athénée, d'où paraît être venu par corruption le nom d'Enay ou Ainay que porte l'église de Saint-Martin et le quartier de Lyon où elle est située.
L'église actuelle n'est pas la première construction chrétienne qui ait été élevée sur l'emplacement de l'ancien temple païen; dès les premiers siècles de notre ère, une chapelle souterraine y fut dédiée à sainte Blandine, jeune vierge dont le courage dans le martyre avait été admirable. Cette crypte, qui peut avoir trois mètres carrés à sa base, existe encore, mais elle est encombrée de débris de toute sorte.
Au temps de Constantin, saint Badulphe vint dans le même lieu vivre en solitaire; bientôt après, il y fonda un couvent: l'église de ce couvent fut bâtie au-dessus même de la chapelle de sainte Blandine. Cette première église, restaurée quelque temps après par Salonne, évêque de Gênes, Lyonnais d'origine, fut mise par lui sous l'invocation de saint Martin. Détruite vers la fin du cinquième siècle par les Vandales qui saccagèrent la ville de Lyon, elle fut reconstruite un peu plus loin par saint Anselme, abbé d'Ainay, qui la dédia cette fois à saint Pierre.
Cette deuxième église éprouva le sort de sa devancière; sous le règne de Gontran, roi de Bourgogne et de Lyon, les Lombards la dévastèrent entièrement. Toutefois le couvent fondé par saint Badulphe jouissait d'une très-grande réputation au moment où les Francs firent la conquête de la Bourgogne; ainsi la reine Brunehaut eut-elle à honneur de s'en montrer la bienfaitrice; elle rétablit l'église, qui de nouveau fut placée sous l'invocation de saint-Martin, et elle la décora d'une manière splendide. Les papes des douzième et treizième siècles semblèrent se faire un devoir de générosité envers le monastère lyonnais et en accrurent incessamment, comme à l'envi, les privilèges. Ainsi, Pascal II octroie à Jaucerand, abbé d'Ainay, et à ses successeurs, deux ou trois belles églises des environs avec leurs revenus; une bulle d'Eugène III confirme ces donations; Innocent IV accorde une indulgence de cent jours à toute personne qui visitera, depuis le dimanche de la Passion jusqu'à l'octave de Pâques, le monastère d'Ainay, où repose, dit la bulle, le corps de saint Martin. Le successeur d'Innocent, Alexandre IV, autorise les moines d'Ainay, dans les temps d'interdit général, à célébrer l'office divin à voix basse, à l'intérieur de leur église, pourvu que les portes en soient fermées et qu'on ne sonne point les cloches; faveur insigne qui s'achetait alors à prix d'or de la cour de Rome.
Pendant les guerres de religion, les calvinistes ravagèrent le cloître d'Ainay et ses dépendances, et par là portèrent réellement le coup de mort à l'institution de saint Badulphe, bien qu'elle ait encore survécu quelque temps. Au milieu des ruines faites par les calvinistes, la vie monastique devint lourde aux habitants de ce lieu; peu à peu ils le désertèrent. Vers la fin du dix-septième siècle, le couvent et l'abbaye d'Ainay furent sécularisés; cent ans plus tard, après extinction de son titre, l'abbaye fut réunie à l'archevêché de Lyon par acte pontifical. La révolution a achevé de détruire le palais abbatial, dont il ne reste plus aujourd'hui aucun vestige; des rues ont été percées sur son emplacement.
Vers 1108, Jauceraud, évêque de Lyon, s'était appliqué à embellir la ville principale de son diocèse, et tout particulièrement l'église d'Ainay, dont il avait été, comme on l'a vu plus haut, un des abbés. Ce fut d'après les dessins de l'archevêque Amblard qu'il la fit restaurer et achever; à l'époque de la renaissance, on y ajouta la jolie chapelle latérale gothique que l'on voit près du maître-autel, et dans ces derniers temps, on l'a encore agrandie par la construction d'une chapelle où ont été placés les restes d'un tombeau en marbre. Malheureusement, il y a peu d'années, en restaurant l'intérieur de cette église si digne d'être conservée, on lui a ôté ce qui lui restait de son caractère primitif; la façade seule peut encore donner quelque idée de ce qu'elle était jadis.

Magasin pittoresque, septembre 1853.

mardi 8 avril 2014

Le drame de Lyon.

Le drame de Lyon.


Un crime horrible vient d'être découvert à Lyon, rue Mazard.
Dans un appartement récemment loué, mais non encore occupé, on a trouvé les corps de trois personnes, deux femmes lardées de coups de couteau et un enfant pendu.
Les premières investigation faites, apprirent que la famille Reynaud, qui, venait de louer l'appartement en question, était arrivée ces jours-ci à Lyon. Cette famille se composait de Mme veuve Reynaud, de sa sœur et des trois enfants de Mme Reynaud.
Les trois morts étaient la mère, le fils et la fille ainée. Restaient une fillette de onze ans et un garçonnet de neuf ans.
Ces deux derniers sont arrivés le lendemain même du crime à la gare de Perrache, demandant à être conduits auprès de leur mère, rue Mazard.
Questionnés par le commissaire spécial, ils ont raconté qu'un sieur X..., leur parent, avait tenté de les noyer tout deux, et qu'ils avaient réussi à s'échapper.
L'enquête ne tarda pas à révéler que l'assassin était un nommé Baron, âgé de vingt deux ans, né à Valence, récemment encore instituteur adjoint à Alixan (Drôme).



L'autopsie a démontré que l'assassin avait étranglé la veuve Reynaud et son fils aîné avec un cordon de soulier en cuir et qu'il avait lardé la jeune fille de coups de couteau.
Son crime accompli, il avait réveillé les deux jeunes enfants qui n'avaient rien entendu, les avaient emmenés sous un prétexte quelconque à travers Lyon d'abord, puis s'était embarque avec eux pour Marseille, d'où ils ont pérégriné dans diverse villes que les enfants n'ont pu désigner.
Au cours de ce voyage, Baron tenta de les noyer, puis de les perdre dans un bois; enfin, il les fit monter sans billet dans le train de Lyon.
L'assassin n'a pu être retrouvé que deux jours après le crime au Péage de Roussillon (Drôme).
Il a été amené à la gare de Valence ou il a été dirigé immédiatement sur Lyon.
Le procureur de la République a procédé à l'interrogatoire, et l'assassin a fait des aveux complets.
Il a expliqué au magistrat qu'il était depuis quatre ans en relation avec la veuve Reynaud, et qu'il l'a tuée parce qu'il ne pouvait parvenir à s'en débarrasser autrement.



Le récit du crime est des plus dramatiques.
L'assassin a accompli son forfait avec une férocité inouïe.
La veuve Reynaud avait été tuée par lui à coups de couteau; quand à la sœur et au fils, réveillé par les cris de la victime, et aussitôt accourus, ils avaient été étranglés.
Baron a terminé par des détails sur son voyage avec les enfants.

La Vie Illustrée, 31 août 1899.

jeudi 5 septembre 2013

Nouvelles de nos colonies.

Le roi d'Annam et l'industrie lyonnaise.

L'industrie française est en train de remporter de grands succès auprès du roi d'Annam. Ce dernier vient de faire, il y a quelques temps, par l'entremise d'un négociant français de Hué, une commande de soieries à Lyon, se montant à plus de 20.000 francs. D'autres commandes vont suivre.
Ces soies sont, en grande partie, destinées à habiller les femmes du harem, et il y a toutes les nuances; le roi les a beaucoup admirées; il s'est étonné aussi de la facilité avec laquelle nos ouvriers lyonnais imitaient les couleurs de soie de Chine, et a même ajouté, avec sa courtoisie habituelle: " je sais bien que rien n'est difficile pour les ouvriers français."
Mais il est un détail pratique, auquel il a aussi prêté quelque attention, et, qui a son effet, son importance. D'après son propre aveu, ces soieries françaises lui reviennent quatre fois moins cher que les soieries similaires de Chine. Sans doute, le fait que les achats royaux s'adressant directement à des maisons françaises n'ont pas à subir la plus-value qui résulte des commissions à donner aux mandarins, est pour beaucoup dans cette disproportion de prix; mais la chose n'en a pas moins frappé l'esprit du roi et a singulièrement grandi à ses yeux le prestige de notre industrie.
Dong-Khang va faire en France, outre de nouvelles commandes de soieries, des commandes de velours légers, destinés à confectionner des costumes pour les gens de sa maison.


Journal des Voyages, Dimanche 27 janvier 1889.