Les étrangers en France.

Les étrangers en France.

Le dénombrement de 1886 a accusé la présence en France de 1.126.531 étrangers de toute nationalité, ce qui, par rapport à la population française, donne la proportion de 3 %; C'est incontestablement un chiffre élevé et qui, si l'on en croit le Temps, progresse sans cesse.

Lors du dénombrement de 1851, le premier dans lequel il fut procédé à la distinction des Français et des étrangers, on n'a constaté l'existence que de 380.381 étrangers, soit 1,06 % de la population autochtone. Depuis cette époque, c'est à dire en 35 ans la population étrangère a donc triplé; la progression moyenne est de 21.000 étrangers par an. Toutefois, les immigrés des différentes nations n'ont pas tous augmenté dans la même proportion. Ainsi les Belges ont quadruplé: ils ont passé de 128.103, en 1851, à 482.261, en 1886.

Les Italiens ont également vu leur nombre croître dans une grande proportion; de 63.307 en 1851, ils sont parvenus à 264.568 en 1886. Le nombre des Allemands a doublé: il a progressé de 57.061 à 100.014. En outre, il convient de remarquer que ces chiffres ne donnent pas une idée exacte de la progression du nombre des Allemands. En effet, il y avait en 1869, en Alsace-Lorraine, plus de 43.000 immigrés de l'Allemagne du nord et de l'Allemagne du sud. Le chiffre de 1851 devrait donc être diminué de la quantité d'Allemands résidant en Alsace-Lorraine. Quoi qu'il en soit, sur le territoire actuel de la France, il n'y avait que 59.028 Allemands en 1876; par conséquent, la population allemande s'est accrue, en dix ans,  de 41.000 personnes.

Les Suisses ont triplé en trente-cinq ans. On en compte 25.485 en 1851; on en a recensé 78.854 en 1886. De même les Espagnols ont passé de 29.000 à 78.584. Notons encore en 1886, la présence de 37.149 Hollandais et Luxembourgeois, de 11.817 Austro-Hongrois, de 11.980 Russes et de 10.253 Américains.

Le petit Moniteur illustré, 21 octobre 1888.

Les surprises du dernier recensement.

Les surprises du dernier recensement.

Les résultats du dernier recensement de 1901 qui viennent d'être publiés accusent une population de 38.597.684 habitants dont 1.038.871 étrangers. L'image que voici montre comment les étrangers se répartissent par nationalité, décompte fait d'un bloc de 57.842 étranger "divers" comprenant une centaine de nationalités, dont les ressortissants sont en nombre trop petit pour figurer en détail.

Il se produit depuis une quinzaine d'années un phénomène singulier, bien que la population des autres nations du monde augmente d'une façon régulière et parfois intense, comme en Allemagne et en Russie, le nombre des étrangers diminue notablement en France; il y en a eu en 1901, 92.000 de moins qu'en 1891 et s'il n'y avait pas augmentation de certains côtés, la différence serait beaucoup plus sensible.

En 1891, il y avait 465.860 Belges, on n'en trouve plus, en 1901, que 323.390, soit 142.470 de moins. Où sont passés ces 142.470 Belges?

Les Suisses étaient en France au nombre de 83.117; il n'y en a , dix ans plus tard, que 72.042, soit 1.100 environ de moins.

Les Anglais ont diminué de 2.800 et les Luxembourgeois de 10.000.

Par contre les Allemands ont augmenté de 6.400; les Italiens de 44.000; les Espagnols de 2.800.

Il y a donc grande diminution d'une part, moyenne augmentation d'autre part et, cette sorte de virement des nationalités avec mouvement rétrograde des étrangers est attribué dans le rapport officiel, d'où proviennent ces chiffres à l'assimilation des étrangers, à la nationalisation française. Or le nombre des naturalisations n'a guère augmenté depuis dix ans. Et nous nous demandons s'il ne faut pas voir dans cet exode de la population étrangère, des ouvriers surtout, l'influence des syndicats qui rendraient ainsi plus qu'on ne le croît des services à l'industrie nationale.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 6 janvier 1907.

Les étrangers à Paris.

Les étrangers à Paris.

On vient de publier les chiffres officiels de l'inscription des étrangers à la préfecture de police, à Paris, du 4 octobre dernier au 8 janvier, date extrême fixée pour le recensement des étrangers résidant à Paris.

Le total s'élève au nombre de 170.261 personnes, et se décompose de la manière suivante:

2 Abyssins, 26.100 Allemands et Alsaciens-Lorrains, 2.302 Américains, 7.688 Anglais, 264 Argentins, 5.758 Austro-Hongrois, 48.712 Belges, 524 Brésiliens, 29 Boliviens, 41 Bulgares, 132 Chiliens, 148 Colombiens, 1 Dahomey, 418 Danois, 86 Egyptiens, 35 Equatoriens, 2.763 Espagnols, 536 Grecs, 2 Guatémaliens, 63 Haïtiens, 3.770 Hollandais, 24.178 Italiens, 23 Japonais, 14.692 Luxembourgeois, 32 Marocains, 174 Mexicains, 5 Monégasques, 192 Norvégiens, 7 Paraguayens, 27 Persans, 86 Péruviens, 230 Portugais, 933 Roumains, 8.415 Russes, 61 Serbes, 499 Suédois, 25.144 Suisses, 7 Tunisiens, 861 Turcs, 93 Uruguayens, 121 Vénézuéliens, 32 Chinois, 9 Salvadoriens, 3 Monténégries, 1 Africain (Niger), 5 Dominicains, 2 Siamois, 1 Nubien.

Une remarque curieuse, c'est que, à Paris, comme dans toutes les villes de France, le nombre des Suisses est toujours le plus considérable après celui des Allemands. C'est à se demander s'il reste encore des Suisses en Suisse.

La Petite Revue, premier semestre 1889.