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jeudi 7 avril 2016

Grève des femmes.

Grève des femmes.

Le meeting qui s'est récemment tenu à Londres sous les auspices de la Ligue pour l'émancipation de la France est peut être plus intéressant. Je dis peut être et n'en suis pas très sûr. Un journal fantaisiste prétend que la grève des femmes a été agitée dans ce meeting, où l'on a un peu chanté l'air de Charles VI:

Guerre aux tyrans:

Les tyrans, ce sont les hommes, est-il besoin de la dire? Et la guerre qu'on voudrait déclarer à ces tyrans ne serait que renouvelée des Grecs.
Aristophane a prévu cette grève des femmes, et s'en est amusé dans une comédie qu'on ne traduit pas encore dans les lycées de jeunes filles.
"L'homme étant, ayant été et devant être le tyran de la femme et ne songeant qu'à l'être toujours, les femmes se déclarent en grève. Grève générale et universelle qui commencera le 30 septembre 1891."
Je traduis le projet du journal fantaisiste qui est un journal étranger. C'est ce même journal fort ennemi des femmes qui se livre à ce calcul assez insolent: "Les vieilles femmes sont plus folles chez nous que les jeunes et c'est tout naturel, puisqu'elles comptent beaucoup plus d'années de folie."
Fantaisiste ou sérieuse, l'idée de la grève féminine est un projet mort-né. Le monde est organisé bien ou mal, pour durer comme il a duré jusqu'ici, ce qui prouve qu'il n'est pas aussi mal fait que les grévistes, femmes ou hommes,  voudraient bien le faire croire.
La grève des femmes ne semble pas, du reste, se faire sentir sur les grèves. Elles sont toujours agréables à contempler à l'heure du bain, et les philosophes artistes vont faire, au bord de la mer, des études intéressantes, sans compter les instantanés. Oh! les instantanés! Rapporter la petite marquise de C... au moment où elle entre dans le bain, ou la jeune Émilienne d'Alençon, quand elle sort de sa cabine, toute prête à dompter les flots. Développer le soir, devant la lanterne déployée, les photographies de ces baigneuses parisiennes, voilà encore un de ces plaisirs de l'été, tout modernes, que nos pères ne connaissaient pas. Il y avait bien le croquis, le croqueton, comme disent les Goncourt, mais croqueton ou croquis, qu'est-ce que cela comparé à l'appareil photographique?
- Je rapporte toute la plage de Dieppe, me disait hier mon ami D... en me montrant un rouleau de papier pellicule.
On me dit que nos élégantes portent maintenant de petits miroirs incrustés dans le manche de leurs ombrelles. C'est une mode nouvelle, et des plus curieuses. Grâce à ces petits miroirs-espions on peut, sans détourner la tête, voir qui vous suit et comment on vous suit. Mais pourquoi, au lieu de ces miroirs, les ombrelles n'auraient-elles points de tout petits appareils photographiques avec lesquels, d'un petit coup sec, par dessus l'épaule, , les femmes saisiraient les indiscrets.
Quelques photographes amateurs ont déjà arboré les raouts-photographiques, les cravates à appareils instantanés. Ces ombrelles détectives seraient les pendants de ces cravates extraordinaires. On y viendra et les mondaines pourront, à leur tour, rapporter au logis la collection des suiveurs de la plage. Le sexe faible aura ainsi ses revanches. La revanche par le collodion.

L'Illustration, 22 août 1891.

lundi 5 octobre 2015

Musulmans en fuite.

Musulmans en fuite
devant l'objectif photographique.


La religion musulmane, chacun le sait, défend la reproduction des traits du visage humain. C'est la raison pour laquelle, tant dans les maisons particulières que dans les mosquées, on trouve toute sorte d'ornements imitant le règne végétal, voire le règne animal, mais jamais de portraits.
Aujourd'hui, où les touristes sont nombreux et presque tous munis d'appareils photographiques, les musulmans ont fort à faire pour se défendre de figurer dans les collections d'amateurs. Ils ont peur surtout de l'instantané, qui les fixe en plein mouvement, et rien n'est plus amusant que de les voir s'enfuir, en toute hâte, dès qu'un appareil est braqué sur eux.




Ce qui ne les empêche pas, d'ailleurs, d'être photographié (et notre "photographie" en est la preuve), parce qu'au moment où, affolés, ils tournent le dos à un objectif, un autre, dont ils ne se défiaient pas, les reproduit en détails.
On ne s'avise jamais de tout.

Le Globe Trotter, jeudi 24 juillet 1902.

jeudi 12 juin 2014

Le photo-gibus.

Le photo-gibus.


Tout récemment, notre confrère Cerfbeer, à propos des progrès réalisés dans la photographie, parlait des appareils instantanés; il en citait quelques uns au moyen desquels on obtient des résultats merveilleux; c'est ainsi que l'on peut, non seulement photographier le cheval au galop, mais encore l'oiseau dans son vol, un train dans sa marche rapide, et même, cela tient du prodige, un obus dans la trajectoire qu'il décrit avec une vitesse de plus de cinq cent mètres à la seconde.
Les Américains et les Anglais, qui s'occupent beaucoup de photographies, qui ont de nombreux "clubs" d'amateurs, ont inventé, pour la photographie instantanée, une foule d'appareils qui ont tous des qualités réelles, mais possèdent deux grands défauts: d'abord, leur prix élevé et ensuite, leurs dimensions embarrassantes. Il est, certes, fort agréable de pouvoir, immédiatement, prendre une vue qui vous séduit, de charmer les longues heures d'un voyage en chemin de fer en photographiant, pendant la marche du train, les paysages que l'on traverse; mais aussi, quel ennui de transporter toujours une boîte lourde encombrante, qu'il faut plusieurs minutes pour installer, juste assez de temps pour que le paysage ait disparu depuis longtemps lorsque l'amateur est prêt à "opérer" et quelle déception!
Eh bien, l'appareil quasi parfait, qui joint à toutes les qualités d’instantanéité celles non moins appréciables d'un petit volume et d'un poids léger existe, et, cette fois, ce n'est ni en Amérique, ni en Angleterre qu'il est construit; c'est en France, et par des fabricants français.
MM. Dehors et Deslandres ont imaginé une chambre à soufflet que je ne puis mieux comparer qu'à nos chapeaux de soirée, ces chapeaux claques connus sous le nom de gibus; et c'est justement en raison de cette ressemblance, qu'ils ont nommé leur appareil photo-gibus. Fermé, il peut se glisser dans la poche; veut-on opérer, on l'ouvre, ainsi qu'on ferait d'un gibus et comme on le tient à la main, en quelques secondes, on a une épreuve 9 x 12 excellente. J'en ai quelques unes sous les yeux, obtenues de la sorte, qui sont véritablement très belles.
Je suis d'autant plus heureux de signaler cet appareil aux amateurs photographes de la Petite Revue, qu'il est d'invention française, fabriqué par des Français et que nous pourrons nous procurer le photo-gibus sans être tributaires de l'Amérique ou de l'Angleterre.

                                                                                                                 G. B.

La Petite Revue, premier semestre 1889.