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samedi 17 octobre 2015

Pèlerinages à Jérusalem.

Pèlerinages à Jérusalem.
Origine de la protection de la France accordée aux Saints Lieux.


On parle beaucoup, de nos jours, des immenses inconvénients pour la santé publique résultant des agglomérations de pèlerins  musulmans qui, au mépris de toute précaution hygiénique, traversent des espaces immenses pour se rendre à la Mecque. Au quinzième siècle, les musulmans auraient été certainement dans leur droit, s'ils avaient adressé à Rome pareille réclamations au nom de la santé publique.
On ne peut, en effet, se figurer le degré de misère et de souffrances auxquels se condamnaient les pèlerins chrétiens qui entreprenaient, sans les moindres prévisions parfois, le voyage de Jérusalem. 



Tout manquait à la fois à ces pauvres gens: moyens de transport convenables, provisions, vêtements; la mortalité qui se déclarait souvent parmi eux était réellement effrayante. Aujourd'hui, grâce à des compagnies qui savent pourvoir à tout, les pèlerins arrivent sains et saufs, et sans grandes fatigues, sous les murs de la ville sainte à une heure dite; mais aussi n'est-il plus guère permis de se glorifier d'un voyage à Jérusalem.
Dans son curieux récit sur les Pèlerinages en terre sainte avant les croisades, M. Ludovic Lalanne établit que nulle particularité curieuse ne nous est parvenue sur ces aventureuses excursions antérieures à la fin du cinquième siècle.
Au temps de Charlemagne, on put les entreprendre avec quelque sécurité, résultat naturel des soins vigilants du grand empereur. Un hospice, fondé dans Jérusalem même, était toujours prêt à recevoir ceux des pieux voyageurs qu'avait atteints la maladie. Les remèdes de l'âme n'étaient point négligés: il y avait une bibliothèque de manuscrits chrétiens à Jérusalem. Des aumônes nombreuses, d'ailleurs, étaient envoyées pour soulager les pauvres, à quelque nation qu'ils appartiennent.
"Depuis cette époque, les chrétiens d'Orient ne cessèrent, dans leurs moments de détresse, de réclamer le secours et l'assistance de la France, qui répondit toujours à leur appel, dit M. Lalanne, jusqu'au moment où ses armées allèrent les arracher à la domination musulmane. Ainsi, suivant le moine de Saint-Gall, la Germanie, sous Louis le Germanique, fut forcée "de payer un denier par chaque tête de bœuf et par chaque manoir dépendant du domaine royal. Cet argent étoit destiné à racheter les chrétiens qui habitoient la terre sainte, et qui, dans leur misère, sollicitoient leur délivrance comme anciens sujets de Charlemagne et de son fils."
"Après les croisades, les rois de France continuèrent le rôle de Charlemagne, et les populations reconnaissantes ont conservé jusqu'à nos jours le souvenir de cette antique protection."

Le Magasin pittoresque, juillet 1866.

dimanche 2 novembre 2014

Ampoules de pèlerinage.

Ampoules de pèlerinage.

La coutume d'enfermer dans de petites boites ou sachets des substances, des objets ou fragments d'objets auxquels on attachait une signification religieuse, et de les porter sur soi comme un préservatif ou une bénédiction, remonte à une haute antiquité. 
Les Étrusques et les Romains avaient des bulles de métal et de cuir qu'ils suspendaient au cou et qui contenait des amulettes. Les chrétiens en eurent à leur tour, dans lesquelles ils placèrent des reliques, telles que les linges teints du sang des martyrs, de la limaille de fer de leurs chaînes, ou des instruments de fer de leur supplice; puis quelques gouttes des baumes qu'on répandait sur leur tombeau, ou de l'huile qui brûlait dans leur sanctuaire. M. de Rossi, dans son Bulletin d'archéologie chrétienne (1872), a décrit et figuré ces bulles provenant d'Orient et remontant aux premiers siècles de l'Eglise; elles sont en terre cuite, l'inscription qu'on lit sur l'une d'elles, les images des saints qui sont représentés sur toutes, prouvent qu'elles furent rapportées par des pèlerins qui avaient visité, au sixième ou au septième siècle, les tombeaux, situés à peu de distance d'Alexandrie, de saint Pierre, évêque de cette ville sous Dioclétien, et de saint Mennas, martyr.
Le même usage se retrouve en France au moyen âge. M. E. Grésy dans le Bulletin de la Société des antiquaires de France, M. Arthur Forgeais dans son ouvrage intitulé Collection de plombs historiés trouvés dans la Seine, M. le docteur Marchant dans les Mémoires de la commission des antiquités de la Côte-d'or, ont décrits et figuré des ampoules ou sachets, non plus en terre, mais en plomb, dont la destination était de contenir un peu de la terre des saints lieux que les pèlerins avaient visités, ou de l'eau des fontaines consacrées où ils avaient bu. Nous empruntons au dernier des mémoires cités, celui de M. Marchant, à qui nous devons l'obligeante communication de la figure que l'on voit ici, et qui en a publié trois autres, les renseignements qui s'y rapportent.



Cette ampoule, trouvée à Rouvres (Côte-d'or) a, comme on le voit, la forme d'un petit sac; elle porte sur sa face antérieure, qui est bombée, un écusson aux armes de France, et sur l'autre face les armes du duché de Bourgogne. M. Marchant croit pouvoir attribuer cette ampoule, ainsi qu'une autre qui porte aussi l'écusson de Bourgogne, au pèlerinage de Sainte-Reine, qui au moyen âge attirait des pèlerins de toutes les parties de la France. Une autre, qui porte sur une de ses faces les lettres gothiques JHS surmontés d'une couronne royale, et sur l'autre un M majuscule surmonté d'un petit A, fut découverte lors de la démolition du massif d'un autel dans l'église de Pagny-la-Ville. Elle renferme des parcelles d'ossements et un petit parchemin indiquant que ces ossements sont ceux de saint-Théodebert, martyr, et qu'ils ont servi en l'année 1506, enveloppés dans cette ampoule, à la consécration de la chapelle de saint-Nicolas, dans l'église où elle fut trouvée; destination différente de celle qui était réservée d'ordinaire à ces objets, car ils sont munis d'anneaux de suspension pour être portés.
Parmi les ampoules précédemment connues, qui appartiennent aux treizième, quatorzième, quinzième et seizièmes siècles, plusieurs se rapportent à la dévotion de la Sainte larme de Vendôme, d'autres au pèlerinage de Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer. Sur une autre, on voit l'image de saint-Eloi forgeant; sur une autre encore, la figure à mi-corps et le meurtre de saint Thomas de Cantorbéry. Nous renvoyons aux ouvrages cités plus haut les personnes curieuses de ces recherches.

Le magasin pittoresque, juillet 1876.

vendredi 6 juin 2014

Chronique du Journal du Dimanche.

Chronique.

Tous les arts sont en progrès, c'est chose reconnue; mais nul ne s'est autant dépassé lui même que l'art culinaire. On a inventé des merveilles pour le maigre de ce carême; on parle de pièces de résistance monumentales, construites avec soixante-dix espèces de poissons, de vrais chefs-d'oeuvre exécutés avec les oiseaux d'eau.
Ceci nous rappelle une histoire du douzième siècle.
Un haut baron avait reçu pour pénitence de faire le pèlerinage de Saint-Denis à pied, avec des pois dans ses souliers. Dès la première station, le grand seigneur souffrait horriblement des pieds; cependant il ne voulait pour rien au monde manquer à l'ordre de son confesseur.
Alors il avisa une petite auberge, y entra, fit cuire ses pois, et les remit dans ses souliers. De cette manière, il put remplir ses devoirs de dévotion tout en douceur.
Nos grands seigneurs d'aujourd'hui, qui se régalent de si délicieuses choses pour l'abstinence du carême, suivent à aussi bon marché les commandements de l'Eglise que le faisait notre baron.

Les crimes abondent cette semaine. Celui qui tombe en ce moment sous nos yeux appartient à cette espèce de duel terrible qui, depuis le commencement du monde, se poursuit entre maris et femmes.
Le sieur Gisard étant mort subitement, l'autopsie voulut connaître la cause de cette fin inattendue, et le scalpel rencontra dans le sein du mort une forte quantité de cendres.
La femme de Gisard fut appelée à donner des explications sur cette nourriture insolite que semblait avoir prise son mari.
Après une foule de fables qu'on ne voulait absolument pas admettre, il lui fallut avouer la vérité.
Voyant son mari couché près du foyer, ivre et sans défense, elle avait eu la pensée d'obtenir son trépas d'une manière rapide et facile. Pour cela, composant une sorte de mortier avec de l'eau et de la cendre, elle le lui avait habilement introduit dans la bouche, en murant ainsi le souffle dans son sein, et le procédé avait parfaitement réussi à amener le résultat qu'elle désirait.
Cette moitié du sieur Gisard ira bientôt rejoindre l'autre dans la tombe.

Citons aussi ce méfait pour que les voyageurs des environs de Paris se tiennent sur leurs gardes, même lorsqu'ils n'apercevraient qu'une femme sur leur chemin.
Le sieur Philippe Guillet, ayant, ces jours derniers, passé la soirée chez un de ses amis, à la Villette, regagnait son domicile, lorsque, en passant sur la route de Bondy, il aperçut, par un beau clair de lune, à environ deux cents mètres devant lui, une femme marchant dans la direction qu'il suivait, mais beaucoup plus lentement.
Lorsqu'il fut arrivé près de cette belle dame, elle s'élança sur lui, et lui demanda, d'une voix qui manquait complètement de douceur et de charme, la bourse ou la vie.
Le sieur Guillet fit un pas en arrière, se mit en défense, et envoya un vigoureux coup de poing à ce visage qu'il jugeait assez barbu pour le recevoir.
Mais, par malheur, se montrèrent à l'instant deux compagnons de la belle voyageuse, qui venaient on ne savait d'où, et semblaient sortir de terre. Cependant Guillet, animé par la fureur et le désir de vendre chèrement sa vie, parvint à arracher le bâton d'un des bandits, et à s'en servir assez bien pour protéger sa retraite. Il s'enfuit ensuite rapide comme un trait.
Bon Dieu! où en serons-nous si les voleurs se mettent à arrêter par de beaux clairs de lune!
Ils ne seraient plus surpassés que par les loups du canton d'Ampilly.
Ces bêtes fauves jouissent d'une singulière renommée: il paraît que, seules dans leur espèce, elles sortent des bois et attaquent en plein jour. Cette assertion, qu'on aurait pu traiter de fable, vient d'être prouvée par la mort du jeune François Daumier, fils d'un maraîcher d'Ampilly.

On a tous les jours à constater l'excessive horreur que les assassins éprouvent pour la mort... lorsqu'il s'agit de la recevoir! Verger, l'un des plus cruels, a été aussi des plus lâches à ses derniers moments. On a vu souvent des innocents mourir avec calme, et MM. les assassins, les gens les moins logiques du monde, veulent parfaitement tuer les autres, mais non pas qu'on les tue.
On sait que, à Cambrai, le nommé Longuet, après avoir à demi étranglé sa femme, voyant qu'elle respirait encore, l'a mise entre deux matelas, puis s'est assis sur elle pendant une demi-heure, pour qu'elle eût bien le temps de mourir, et s'occupait pendant cela à marmotter des prières pour le repos de son âme.
Eh bien, Longuet, en s'entendant condamner à la peine de mort, est entré dans d'épouvantables convulsions de colère, puis est tombé dans un désespoir tel, qu'on ne sait s'il pourra vivre jusqu'au moment de son exécution, qui se prépare.

L'affaire des docks Napoléon et autres a donné lieu a un joli mot.
Un administrateur d'une grande affaire en commandite parlait à un de nos généraux de Crimée du grand nombre de gens qu'il employait dans ses bureaux.
- Savez-vous, disait-il, que si je réunissais tous mes employés dans un camp...
- Cela ferait un beau camp volant, interrompt le général.

Journal du Dimanche, 26 avril 1857.

mardi 7 janvier 2014

Un pèlerinage d'hommes à Lourdes.

Un pèlerinage d'hommes à Lourdes.

Imposant et grandiose, par le spectacle dont il a déroulé la pompe, le récent pèlerinage national composé exclusivement d'hommes, organisé par le clergé français, sur l'initiative de Mgr Billère, évêque de Tarbes.
On peut sans exagérer évaluer à soixante-quinze ou quatre-vingt mille le nombre des étrangers qui ont afflué, du mardi matin au vendredi, dans la ville miraculeuse de Bernadette et de Mgr Peyramale.
Contrariées et assombries le premier jour par une pluie continuelle et glaciale, les diverses cérémonies du triduum extraordinaire et solennel en plein air se sont continuées le mercredi, le jeudi et terminées le vendredi matin par le temps le plus merveilleux.
Le portique de l'église du Rosaire, contiguë à la grotte, au-dessous de la Basilique et de la crypte avec lesquelles elle forme un triple étagement de sanctuaires, avait été transformé en chapelle.
Et, sur l'immense Esplanade, trop étroite pour de pareilles multitudes, entre les deux rampes de pierre qui prolongent leur courbe élégante et monumentale jusqu'à la terrasse de le crypte et jusqu'à la nef supérieure, aussi loin que le regard peut s'étendre, c'étaient des milliers de fidèles, tous des hommes, rien que des hommes et de toutes conditions.



Groupés par paroisse autour de leurs bannières, sous la conduite de leurs prêtres, ces quarante mille pèlerins, au carillon des cloches, aux chants des cantiques, se sont formés en procession, ont remonté l'Esplanade, parcouru les principales rues de la ville.



Commencée à quatre heures, cette procession n'a pris fin qu'à sept heures.
Tous, tandis que s'ébranlaient les trains de retour, sont repartis emportant une joie pure et profonde, une confiance inébranlable et un impérissable souvenir.

Clichés de M. Torrès, peintre photographe à Bayonne.  
                                                                                                                         O. J.

La Vie Illustrée, 4 mai 1899.