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mercredi 10 janvier 2018

Livre.

Livre.


Au commencement du XVe siècle, les livres d'églises manuscrits étaient des choses rares et de grand prix: aussi un historien remarque-t-il qu'en 1406 un prêtre, nommé Henri Beda, ayant fait don à l'église de Saint-Jacques-la-Boucherie de son bréviaire manuscrit, laissa en même temps à Guillaume l'Exale, marguillier de ladite église, quarante sol parisis de rente, à la charge par lui de faire construire une cage pour y placer le bréviaire.
Les personnes pieuses et savantes de l'époque venaient y lire leurs prières, mais ne pouvaient l'emporter, parce qu"il était attaché à une chaîne scellée dans le mur.

Le Magasin pittoresque, livraison 44, 1833.

jeudi 9 mars 2017

Des moyens d'instruction.

Des moyens d'instruction.
         Les livres et les images.


Parmi le petit nombre des axiomes politiques admis généralement, il en est un qui fait reposer la probité des hommes et l'amélioration de leur sort sur la somme d'instruction qu'ils possèdent.
Instruisez les hommes, dit-on souvent, et vous les rendrez vertueux. Ce précepte est mis en pratique; car en portant son attention sur les méthodes d'enseignement expéditives qui ont été créées et adoptées; sur les écoles qui sont fondées par des gens opposés d'opinion; sur les cours publics de haute science, et sur ceux des connaissances pratiques et usuelles créés pour les classes les moins favorisées de la fortune; sur les bibliothèques qui s'établissent incessamment; sur la masse énorme de livres, et surtout de livres à bon marché, que l'imprimerie répand à profusion dans le commerce; sur les journaux enfin, qui se multiplient avec une rapidité prodigieuse dans les provinces, et dont Paris perd le monopole, tout en voyant s'accroître le nombre de ceux qui naissent dans son sein; en portant son attention, disons-nous, sur tout ce mouvement intellectuel, qui oserait craindre maintenant de voir la société reculer en arrière vers des siècles d'ignorance?
Le char de la civilisation est lancé, il fournira sa carrière; applaudissons!
Mais il n'est pas dans les destinées de l'homme de se reposer long-temps: à peine a-t-il fait l'expérience d'une voie de progrès, qu'il en essaie déjà une autre. Ainsi, pour le sujet qui nous occupe, nous signalerons comme un moyen complémentaire d'instruction, presque inusité encore, les dessins ou les images.
Les procédés qui permettent de reproduire avec du métal d'imprimerie plusieurs empreintes sur bois sur lesquels sont gravés les dessins, et d'obtenir ainsi des exemplaires par centaines de mille, sont encore fort nouveaux, et n'ont peut être pas acquis toute leur perfection.
Cette invention, se faisant jour au moment où tous les esprits sont tournés vers la recherche des expédiens propres à répandre rapidement l'instruction, est susceptible d'acquérir une puissance incalculable dans l'enseignement. Notre conviction est telle à cet égard, que nous dirions volontiers: Sans les dessins, il est impossible d'arriver à l'éducation complète des hommes, grands et petits.
Nous attachons en effet une grande importance morale aux images, et nous croyons qu'elles comblent une lacune des livres.
Un livre sans images pourra être enrichi de graves leçons de morale, et même de connaissances pratiques, mais il n'aura qu'une valeur imparfaite et une influence douteuse, parce que, malgré la propagation des écoles primaires, une bonne partie du genre humain ne saura jamais lire dans un livre sans images.
De même que les sons d'une musique suave traversent les airs sans y laisser la trace du chemin qu'ils ont suivi, de même la lecture passe souvent dans l'esprit de certains individus sans descendre au cœur pour y déposer un souvenir. Cela ne tient pas à une faiblesse d'esprit, mais à une nature particulière, qui a surtout besoin d'être frappée par les yeux. Ceux qui en sont doués sont comme ces gens de courte haleine, qui s'épuisent après quelques minutes de marche, mais qui franchiraient d'un bond un énorme fossé: ils sont insensibles pour une pensée qui vient tomber sur eux goutte à goutte, tandis qu'ils absorbent tout entière celle qui vient les frapper d'un seul trait.
C'est pourquoi les images sont pour eux une grande faveur; au premier coup d’œil, ils en saisissent l'ensemble et les détails. Ils conservent long-temps les souvenirs des contours fugitifs qu'ils auront à peine aperçus; ils les recomposeront dans leur mémoire, et se délecteront à les méditer. Une image est pour eux de la parole condensée; ils ont un instinct merveilleux pour découvrir dans le détail le plus indifférent en apparence, dans le trait de dessin le plus incertain, une pensée bien nette, un sentiment bien prononcé; ils dissèquent, en un mot, toutes les formes qui ont frappé leurs regards, et en retirent, pour leur éducation intellectuelle et morale, le même profit que d'autres pourraient obtenir en distillant les sucs nourriciers d'une lecture instructive.
Non seulement cette nature particulière qui a besoin d'être surtout frappée par les yeux, se manifeste chez certains individus; mais elle peut même se remarquer sur le même individu dans les diverses époques de sa vie. Ainsi, les enfans, en général, se rapprochent de la classe des gens qui s'instruisent par les images. Offrons-leur donc l'éducation sous la forme qui convient à leur intelligence: au lieu de les laisser dormir ou bâiller sur un livre, emmenons-les souvent aux musées, ou même sur les boulevards, dans les géoramas et les panoramas.

Le Magasin pittoresque, 1833, livraison13.

samedi 14 mars 2015

Le tsar généreux.

Le tsar généreux.

Un ami qui revient de Russie me raconte cette anecdote peu connue du tsar Alexandre 1er.
Un de ses courtisans, qu'il aimait beaucoup, le prince Nariskine, s'étant ruiné, Alexandre 1er lui envoya un livre magnifiquement relié, dont les pages étaient des banknotes formant un total de dix mille roubles, soit la somme rondelette de quarante mille francs.
A quelques temps de là, Nariskine ayant tout dépensé, était d'humeur sombre. Le tsar le questionna:
- Votre Majesté, répondit le prince, l'affaire est délicate. J'ai beaucoup aimé le premier livre que vous m'avez envoyé. J'aimerai avoir la suite.
Le tsar envoya un second livre, mais avec cette inscription: "Deuxième et dernier volume".

Magasin pittoresque, février 1913.

samedi 5 octobre 2013

Amusante bévue d'un relieur.

Amusante bévue d'un relieur.

Le conservateur d'une bibliothèque provinciale confiait récemment à un relieur, tout nouvellement établi, un exemplaire en deux volumes de La vie des Grands Capitaines, dont l'auteur est Pierre de Brantôme, l'illustre écrivain français du seizième siècle.
Quelques jours plus tard, le commerçant lui retournait les deux volumes, habillés d'une magnifique reliure et soigneusement empaquetés.
Le conservateur, grand bibliophile, se préparait à aller féliciter son nouveau relieur, lorsqu'en examinant le titre imprimé en lettres d'or sur le dos des volumes, il poussa soudain une exclamation indignée.
Le relieur, à qui le nom de Brantôme était inconnu, l'avait écrit sous la dictée du conservateur, et il avait négligé d'en vérifier l'orthographe. Si bien que, sur chaque volume, on pouvait lire le nom de l'auteur ainsi disposé:

                                                              Pierre de Bran
                                                                    tome I
                                                              Pierre de Bran
                                                                    tome II

L'érudit amateur de livres fut d'abord tenté de se facher. Mais à la réflexion, il prit son parti de cette mésaventure. Les deux volumes figurent aujourd'hui en bonne place dans sa bibliothèque et sont au nombre des curiosités qu'il fait admirer aux visiteurs de marque.

                                                                                                                            Cl.

Le Journal de la Jeunesse, premier semestre 1913.