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samedi 7 juillet 2018

Les gants.

Les gants.

Lorsque la main est absente, ils ont l'apparence de chiffons piteux, mais aussitôt qu'elle y pénètre, ils se gonflent, se tendent à en craquer, comme une cornemuse dans laquelle on joue.
Ce n'est pas par pudeur que les doigts nus se terrent au fond du gant: ils espèrent y paresser en gentilshommes, dans leurs bagues; mais la main tyrannique, malgré la gaine de peau qui les paralyse, les oblige encore à servir.
Les gants d'une femme s'attiédissent au contact de ses doigts frileux, et à leur fauve odeur de bête tuée se même l'arôme de sa main parfumée, comme l'odeur des fleurs se même à celle de la terre rude.
Les mains gantées semblent d'étranges animaux: ils se tapissent en hiver, dans le manchon et se cramponnent en été, au manche de l'ombrelle.
Le gant rend la main mystérieuse, troublante comme un visage masqué, et rien ne surpasse le délice de découvrir, en le tirant, une main fine aux doigts légers.

                                                                                                               Paul Leclercq.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 6 août 1905.

Nota de Célestin mira:

Femme retirant un gant de Jean-Paul Sinibaldi, 1886.
Musée Carnavalet.

jeudi 6 août 2015

Les premiers gants de Nonotte.

Les premiers gants de Nonotte.

Pour la première fois Nonotte a de vrais gants!
L'hiver dernier, quand elle était encore petite, on cachait ses mains, pour la promenade, dans des espèces de sacs en tricot de laine blanche; mais cela ne ressemblait pas plus à de vrais gants qu'un poupon au maillot ne ressemble à un grand garçon qui a ses deux jambes libres avec une botte pour chacune! 



Ce n'était pas difficile à mettre: excepté le pouce qui faisait bande à part, tous les doigts logeaient ensemble; il n'y avait pas à se tromper; tandis que maintenant c'est bien une autre histoire!
Nonotte est très fière d'avoir des gants; si fière qu'elle veut les mettre toute seule malgré la peine qu'ils lui donnent. Sauriez-vous expliquer pourquoi ses petits doigts sont si entêtés?
Nonotte n'est pas maladroite; elle prend son gant et l'ouvre bien large, puis elle glisse sa main juste au milieu; le petit doigt n'est pas bête, lui; il entre droit dans sa maison! mais les deux doigts du milieu sont si terribles!



- Est-ce le gant qui a un doigt de trop? Est-ce la main qui a un doigt de moins?...
La pauvre Nonotte a beau compter, il y a toujours une petite maison vide; son locataire est à côté.
Elle ôte son gant et recommence l'opération. Bien, le pouce est chez lui... voilà le premier doigt entré... victoire! celui du milieu, le plus grand de tous, est logé aussi!
Oui, mais voilà que maintenant, c'est le petit doigt qui se trompe!il est chez son voisin et n'en veut plus sortir!



Pour le remettre à sa place, il faut déranger le troisième qui était si bien! Nonotte est à bout de patience; elle arrache son gant... Tout est à refaire. Elle essaye encore, en gardant le pouce pour le dernier; elle écarte ses doigts aussi loin qu'elle peut! 



Bravo! les voilà tous entrés, chacun dans son petit étui; le pouce ferme la marche. Nonotte sait mettre ses gants!

                                                                                                                     Marthe Bertin.

Grand Almanach Français illustré, 1891.

lundi 21 octobre 2013

Le langage des gants.

Le langage des gants.

Un oui se dit en laissant tomber un de ses gants. On les roule bien dans la main droite pour dire non.
Si l'on est devenue indifférente, on dégante à demi la main gauche.
Je ne vous aime plus du tout, se dit en se donnant des petits coups avec les gants sur le menton.
Pour je vous hais, on retourne ses gants à l'envers.
Je souhaiterais d'être près de vous se dit en lissant ses gants.
Si l'on veut dire ce charmant aveu: Je vous aime, on laisse tomber ses deux gants à la fois.
Si l'on veut témoigner que l'on est fâchée, on frappe de ses gants le dessus de sa main; furieuse, on les éloigne, etc.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 26 avril 1903.