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jeudi 5 septembre 2013

Petites manies de grands hommes.

Petites manies de grands hommes.

La liste en serait longue, car il semble que les hommes de génie sont tout à fait prédisposés à l'originalité. Contentons-nous d'en citer quelques-unes de fort curieuses.

- Ampère, par exemple, regardait toujours fixement, en faisant son cours, un bouton d'habit de l'un de ses auditeurs.

- Bacon tombait en défaillance pendant les éclipses de lune.

- Bayle avait des convulsions quand il entendait le bruit de l'eau sortant du robinet.

- Le maréchal de Brézé s'évanouissait à la vue d'un lapin.

- Crébillon faisait ses tragédies en ayant deux corbeaux sur sa table.

- Cujas travaillait couché par terre.

- Daumesnil a eu sa vie empoisonnée par la terreur des comètes.

- Erasme était pris d'un accès de fièvre à la vue d'un poisson.

- Haendel ne composait que dans l'ivresse.

- Lavoisier buvait souvent dans un encrier.

- Le Nôtre prisait de la sciure de bois.

- Catherine de Médicis ne pouvait supporter l'odeur de la rose.

- Méhul plaçait une tête de mort sur son piano.

- Mignard ne pouvait dormir qu'avec une poule dans sa chambre.

- Niepce ne mangeait qu'une fois par jour avant de se coucher.

- Pascal voyait sans cesse un gouffre à côté de lui.

- Priestley était pris de fou rire quand passait un enterrement.

- Scaliger frémissait à l'odeur du cresson.

- Tycho Brahé s'évanouissait à la vue d'un lièvre.

- Vauban croyait avoir été femme dans une vie antérieure.

Il est vrai qu'il y a d'excellents auteurs pour prétendre que le génie confine à la folie.


Le Journal de la Jeunesse, premier semestre 1913.

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mercredi 21 août 2013




Ceux dont on parle.

Jules Massenet.










Si l'on croit une attendrissante légende, le pauvre petit Massenet, tout gringalet et déjà résolu à mettre la main sur la gloire, serait venu de sa province à Paris, à pied. On ne dit pas si c'est en sabots.
Depuis, comme l'enfant a fait encore plus de chemin, rien ne s'oppose à ce qu'il ait été, dès ses plus jeunes années, un fort marcheur, et la légende peut bien avoir raison.
Il travailla; il eut rapidement le prix de Rome, avec les prix de fugues et de piano, et en très peu de temps, il fut question de lui dans le monde des notes. Son gentil nom de Massenet, d'une grâce musicale et mièvre, devint un de ceux qui font hocher la tête au connaisseur, bavarder les femmes, et dire à tous avec mystère: "Hé, hé !"
C'est peut être, en effet, à cette époque initiale, qui n'est pas encore si lointaine, que Massenet réalisa le plus complètement, avec une précocité même un peu alarmante, les longs espoirs et les vastes pensées qui s'attachaient à sa naissante réputation.
Il vous est facile de vous représenter le jeune et séduisant ambitieux, déjà câlin, au printemps universel de sa carrière, printemps de ses désirs, de ses rêves, de son inspiration, de ses idées, de son adresse, printemps rose et lilas, d'une délicieuse et abondante floraison, sur lequel il fera même des économies pour l'avenir, prélevant une sage réserve, remplaçant cartons et tiroirs, plaçant déjà des opéras à la Caisse d'Epargne.
Un jour, dans un salon où je me trouvais, on discutait le Maître, très courtoisement d'ailleurs.
"Massenet, disaient les uns, c'est un roublard, un mandarin de l'orchestre, capable de faire tout ce qu'il veut, du Gounod, du Wagner, de l'Italien, tout!
- Non, affirmaient les autres, il n'est pas le compositeur ondoyant et divers que vous croyez. Méfiez-vous des gens à longs cheveux, d'apparence indécise, inquiète et hésitante; neuf fois sur dix vous serez avec eux le jouet d'une attitude; sous ses fluctuations se cache une volonté d'acier qui va droit où elle veut. S'il y a des roseaux peints en fer, il n'est pas moins vrai qu'il y a certaines tiges de fer qui parodient les roseaux. Massenet est un de ces faux souples."
Alors une jeune femme de beaucoup d'esprit et de beauté, amie et admiratrice de l'intéressé qui s'était tue jusque là, déclara: " Non, vous n'y êtes ni les uns, ni les autres. Massenet, c'est un fleuriste, tout bonnement. Il a de joli roses chez lui et il sait bien faire les bouquets."
Cette définition, qui rallia tous les suffrages, ne vous paraît-elle pas, dans sa simplicité, d'une heureuse justesse ?
                                                     
                                                                                                     Objectif.

Mon dimanche, revue populaire illustrée, 28 décembre 1902.


jeudi 15 août 2013

Chevelures célèbres.

Chevelures célèbres.




Récemment, un coiffeur de Berlin, Herr Roehrig, a soulevé l'indignation de ses compatriotes en mettent en vente, à un prix élevé, des cheveux de Bismarck.
Ce n'est pas la première fois qu'a lieu ce commerce de cheveux célèbres. Tamagno, le fameux ténor, fit plus: non seulement son coiffeur lui coupait les cheveux gratis, mais encore il lui versait une certaine somme.
Les cheveux d'Alfred de Musset eurent aussi leur popularité, et tant d'offres avantageuses furent faites à son coiffeur, que ce dernier se laissa tenter et il tailla largement dans l'épaisse toison du poète. Celui-ci, furieux, quitta aussitôt la boutique, et rentra chez lui, où il resta cloîtré jusqu'à ce que sa chevelure eût repris son opulence première.
Le coiffeur de Wagner tirait un bénéfice coquet des cheveux laissés par le compositeur mais, Mme Wagner ayant eu vent de la chose, en femme avisée et économe, elle accompagna chaque fois son mari chez le coiffeur, et elle ramassait soigneusement dans un journal les boucles de son mari qui tombaient sous les ciseaux. Toutefois, pour consoler le coiffeur, elle lui indiqua que son boucher avait exactement les mêmes cheveux que le compositeur de Lohengrin.
Verdi usa d'une ruse semblable. Lors d'une vente de charité locale, il consentit d'envoyer une boucle de ses cheveux contre une certaine somme, à toute personne qui lui en ferait la demande par lettre. Les demandes furent nombreuses: elles furent toutes satisfaites et la recette fut superbe. Mais, non sans quelque surprise, on remarqua que, malgré cette abondante moisson, la luxurieuse chevelure du compositeur n'avait point diminué de volume, tandis que son valet de chambre, qui portait ordinairement les cheveux assez longs, était maintenant rasé.
                                                                                                                                B.V.


Le journal de la jeunesse recueil hebdomadaire illustré, premier semestre 1913.