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lundi 13 mars 2017

Le berceau.

Le berceau.


Le plus fêté de tous les meubles de la maison!
Depuis l'origine du monde, les mères chantent autour de ce nid leur allégresse. Il n'est si pauvre logis où le berceau moelleux ne soit couvé des yeux.
Berceau: Petite barque disent les étymologistes. Et les parents qui savent les misères du passage de la vie, embarquent le nouveau-né sur une nef jolie, pour lui rendre plus douce la traversée.

Les premiers berceaux.
Le premier berceau fut les bras d'une mère. Plus tard une liane fleurie attacha l'enfant au flanc de la mère. Ne voyons-nous pas certaines peuplades de l'Afrique faire usage d'un berceau aussi rudimentaire au cours de leurs marches? Les femmes, affaissées sous la charge que leur ont imposé les guerriers, emportent encore sur leur dos le hamac d'étoffe où niche le petit. Il est, d'ailleurs, curieux de constater combien chez les peuples les moins civilisés, l'amour ingénieux des mères a su suppléer à l'insuffisance des matériaux propres à créer un berceau.
Chez les Lapons, l'enfant dort dans un petit sabot de bouleau, évasé du bout et bourré de mousses sèches. Et il a pour langes de fines peaux de rennes nouveaux-nés, douces comme la plume au toucher. Une capote de cuir à laquelle sont suspendues des perles de couleur et des chaînes de métal, qui égaient l'enfant, le protège contre la neige, la pluie et le soleil. "La Laponie n'a qu'un art, qu'un objet d'art, a dit Michelet, le berceau."
La Laponne, qui suit son mari dans ses longues chasses, attache ce berceau sur son dos et arrivée à la halte elle le suspend par une courroie à une branche d'arbre, de telle sorte que l'enfant, balancé par son propre poids ne s'aperçoit pas que sa mère ne le porte plus.
Ailleurs, dans l'Inde notamment, il se balance sur un carré de toile que des cordelettes attachent au plafond du logis, ou à quelque branche d'arbre souple. Et partout l'enfant a des jouets auxquels rient ses yeux et qui tentent sa main: osselets bizarres, graines colorées, petites pierres et coquillages qui brillent.

Grèce.
Le berceau grec, d'après un vase peint du musée du Vatican, était une sorte de corbeille fermée, ne laissant à découvert que le partie supérieure du corps de l'enfant. A en croire l'étymologie du mot qui le désignait, il devait avoir la forme d'une auge ou d'un petit bateau, que l'on pouvait faire osciller.

Rome.
Chez les Romains, le berceau ressemblait aussi à une barque. Nous savons que des liens enserraient la couchette de l'enfant, et cet usage est encore en vigueur dans bien des villages français, pour que ne pût choir le nouveau-né livré aux soins un peu distraits de sa nourrice qui la balançait. Langes, coussins, matelas: le petit Romain possédait une literie complète.

XVe siècle.
Pendant tout le moyen âge, on a dû se servit du berceau romain à peine modifié, selon les climats. Des miniatures du XVe siècle nous montrent deux variétés. L'un se composait du berseil, qui était semblable à la petite barque romaine où reposait l'enfant; et de la bersouère servant de support. Le berseil était suspendu par deux anneaux à des crochets fixés dans les montants de la bersouère.
L'autre, plus commun, était un petit lit en bois, carré et reposant sur des traverses arrondies. Du bout du pied, comme cela se faisait encore dans nos campagnes, la mère pouvait mettre en branle la couchette, tout en se livrant aux besognes ménagères.

XVIIe et XVIIIe siècles.
Au XVIIe siècle, les berceaux des grands furent plutôt des meubles de parade que des couchettes faciles à balancer. Par contre, au XVIIIe siècle, l'usage des gracieuses et légères "bercelonnettes" tendit à se répandre de plus en plus. Une nacelle ovale suspendue à deux montants et protégée par un rideau aérien transparent, telle était la bercelonnette.

XIXe siècle.
Le berceau en forme de nef fut encore à la mode pendant le dernier siècle. Les berceaux du roi de Rome, du conte de Chambord, du comte de Paris, du duc de Bordeaux, peuvent être considérés comme des meubles d'apparat. Très riches de décoration, ils n'ont pas le caractère gracieux des bercelonnettes, ces nids suspendus que nous a légué le XVIIIe siècle, et que la tendresse et l'orgueil maternels enveloppent de cascades de dentelles, transforment en petite tente toute blanche, sous laquelle est l'enfant protégé comme une fleur délicate sous un voile transparent.





Faut-il bercer les enfants?
Buffon a dit, l'un des premiers,  que l'on abuse du bercement. Et il faut bien avouer que de trop nombreux parents cherchent à endormir l'enfant qui crie, sans songer à découvrir la cause qui met le berceau en émoi. Beaucoup d'enfants souffrent au berceau: trop serrés, trop emmaillotés. Pour endormir l'enfant, il n'est rien de plus doux qu'une chanson de berceuse chantée par une mère.

Almanach Hachette, 1901.

samedi 6 décembre 2014

Bébés et berceaux de jadis.

Bébés et berceaux de jadis.

Si les tout petits de nos jours sont choyés et dorlotés à leur entrée dans la vie, et, si l'on prodigue à ces frêles existences les soins les plus délicats, les nouveaux-nés de jadis n'étaient pas soignés avec moins de sollicitude; le cœur des mères a toujours été un abîme de tendresse. Mais, fort heureusement pour les enfantelets d'aujourd'hui, on connait mieux les soins qui leur conviennent; et en particulier, on ne leur impose plus, sauf peut-être encore dans quelques provinces perdues, le supplice du maillot. 


Il a duré des siècles, ce supplice, et personne ne soupçonnait combien il était cruel. On s'imaginait qu'il était nécessaire, pour empêcher les membres de l'enfant de se tordre, de le serrer dans des langes, tel un saucisson, depuis le cou jusqu'aux pieds; 


et, pour mieux le priver encore du moindre mouvement, on recouvrait cette sorte de sac de bandelettes bien serrées.
Ne dirait-on pas une sorte de larve humaine, à voir ce cylindre immobile surmonté d'une tête qui vit?


Au reste, un écrivain d'alors indique ainsi la manière d'emmailloter l'enfant: "La nourrice, fit-il, doit l'envelopper de beaux linges nets et étendre ses bras sur les costés et les bander médiocrement d'une bande largette et non rude; puis estendre aussi les cuisses et les jambes."
Pauvres bébés de jadis! Comme ils devaient souffrir, privés ainsi de tout mouvement. Il suffit de démailloter un tout petit et de le voir aussitôt, joyeux et rieur, s'agiter, gigoter, jeter ses bras et ses jambes de droite à gauche, pour comprendre combien l'immobilité est pour eux un supplice. Et pourtant, il n'y a pas si longtemps que le maillot, j'entends le maillot complet, a disparu; assurément même, on en trouverait encore dans certaines campagnes.
Le berceau de jadis ne pouvait guère différer de celui de nos jours: un lit est toujours un lit. 


Pourtant on ignorait alors les lits de fer, si pratiques et si hygiéniques. Le berceau n'était qu'une sorte de caisse en bois plein, empêchant la libre circulation de l'air; mais cette caisse, au lieu d'avoir des pieds, était suspendue sur deux larges demi-roulettes, de façon qu'avec la plus légère pression on pût la faire osciller, pratiquer le bercement: ce bercement que nous ne sommes pas encore parvenus à déraciner de nos mœurs, et qui est tout aussi absurde qu'antihygiénique.


Plus tard naquit le moïse, le berceau d'osier si élégant, prétexte à tant d'enjolivements et que les mamans parent avec tant de joie de rubans et de dentelles.
Aux premiers siècles de notre histoire, les tout petits connaissaient le bonheur d'être nourris par leur mère; aucune de celles-ci n'eût songé à se dérober à son devoir. Saint Louis fut nourri pas sa mère Blanche de Castille.
Mais le goût du luxe et des plaisirs ne devait pas tarder à corrompre les mœurs, et les "remplaçantes" firent leur apparition; elles étaient en grand honneur au XVIIe et XVIIIe siècles, et, pour les grandes maisons, la nourrice était un objet de luxe, qu'on se plaisait à parer richement, pour faire montre de sa fortune.
Il fallut les plaidoyers enflammés de Jean-Jacques Rousseau pour rappeler les mères de famille à leur devoir; et il faut encore aujourd'hui tous les efforts des médecins pour que pâlisse l'étoile des "remplaçantes" et pour que les mères veuillent donner à leurs enfants ce lait qui leur appartient, et qui leur est si indispensable pour devenir des hommes robustes.
Heureux pourtant les petits de nos jours, comparés à ceux d'autrefois; si l'amour maternel n'a pas varié, les soins qu'ils reçoivent se sont fait plus tendres, et l'on sait mieux leur éviter la souffrance.

Les annales de la santé, 15 octobre 1910.