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mardi 24 septembre 2019

Les bandits des voies ferrées.

Les bandits des voies ferrées.


La très dramatique aventure dont on va lire le récit, advint aux Etats-Unis, il y a juste sept mois, jour pour jour. Elle provoquera peut-être l'incrédulité de quelques-uns, mais tous ceux de nos lecteurs qui ont voyagé en Amérique n'en seront pas étonnés.

Une noce en train express.

L'express du Great Pacific railways avait quitté Omaha au milieu des acclamations d'une foule en fête. Il emportait une noce: l'ingénieur Lionel Bradlaugh, jeune, aimable et déjà riche, ce qui ne gâtait rien, venait d'épouser la charmante miss Ida Melrose, fille d'un gros banquier, et l'emmenait à San Fransisco, où le couple allait habiter.
Le train emmenait aussi une compagnie d'artistes italiens qui, après avoir initié les habitants d'Omaha aux beautés de Verdi et de Leoncavallo, poursuivaient leur tournée dans l'ouest.
Un marchand de bestiaux, très ferré sur les questions d'élevage, un avocat retors sur la chicane comme une demi-douzaine de Normands, un ex-commandant de la milice du Nébraska, à l'air bon enfant, telles étaient avec les époux Bradlaugh et leurs amis les principales individualités qui composaient le convoi.


Dining-room et sleeping.

Le train dépassait Colombus lorsque les voyageurs se réunirent dans le dining-room où tout était installé, avec ce confortable des wagons-restaurants américains. Aussi la journée s'acheva-t-elle très agréablement. Après quoi, la plupart des voyageurs se séparèrent, l'ingénieur et sa jeune femme se retirant discrètement dans leur sleeping particulier, les autres allant dormir, digérer ou rêvasser de leur côté, tandis que le marchand de bestiaux et l'avocat, allumant chacun un cigare, entamaient une interminable discussion.


En traversant l'ancien pays des Peaux-Rouges.

Pendant ce temps, le train filait à toute vapeur à travers un paysage déjà empli d'ombre. Parallèlement à la voie ferrée se déroulait la rivière. Plate, bordée de longs arbres à l'aspect étrange et sinistre sous la clarté indécise d'un mince croissant de lune. De l'autre côté, c'était le vaste plateau du Nébraska central, s'étendant au sud de la Niobrara et dont les contours paraissaient abrupts dans la nuit.
- Nous ne sommes pas loin de Kearnay, dit le marchand de bestiaux entre deux bouffées.
- Un fichu pays autrefois, répond l'avocat en étouffant un bâillement. Les Sioux, les Pawnies et toute la vermine indienne s'y étaient réfugiés, attaquant les voyageurs isolés et même, à l'occasion, les trains.
- Heureusement qu'on les a refoulés et parqués dans les territoires du Nord. Le pays est débarrassé de ces bandits à cuir rouge.
- Il ne reste plus que les bandits à cuir blanc!
................
Pendant que cette conversation se poursuivait, l'express présentait l'aspect d'une ville endormie.
Assis à sa locomotive, le conducteur veillait comme le pilote à l'avant d'un navire.


L'attaque du train.

Tout à coup un bruit sourd, suivi d'une violente secousse, réveilla les voyageurs, en même temps que des coups de feu éclataient faisant voler les vitres des wagons
Que s'était-il passé?
Des bandits, à cuir blanc, ceux qui remplaçaient les Pawnies et les Sioux, attaquaient le train.
Depuis six mois, la bande de Jack Tilpy, un ancien fermier de l'Indiana, battait la région. Vols de chevaux, attaques à main armée, cambriolages, il n'était guère de méfaits que Jack et ses hommes n'eussent commis.


Les voyageurs en détresse.

Immédiatement, le marchand de bestiaux et l'avocat qui s'étaient assoupis furent sur pied, le revolver à la main. Le premier se pencha à la portière de droite, le second à celle de gauche.
D'autres têtes de voyageurs apparaissaient aux portières malgré le sifflement des balles. Mais du wagon des Italiens s'échappaient des cris épouvantables de terreur.

La locomotive dynamitée.

La bande de brigands de Jack Tilpy, car c'était elle, avait fait jouer la dynamite. Des cartouches, amorcées au fulminate de mercure avaient été déposées contre les rails, tout près des traverses de bois et avec tant d'habileté qu'il avait été impossible au conducteur de les apercevoir. Le broiement de ces cartouches par les roues de la locomotive avait déterminé l'explosion.
Par miracle tous les wagons étaient intacts à l'exception du fourgon suivant immédiatement la locomotive, lequel avait été à demi démoli par la violence de la secousse et gisait sur la voie.
Les bandits, au nombre d'une vingtaine, rangés des deux côtés du train, tenaient en respect les voyageurs de leurs revolvers, les déchargeant sur ceux qui leur paraissaient remuer ou tenter de se défendre.
Pendant ce temps, un individu d'assez forte taille, la figure couverte d'un masque noir, coiffé d'un feutre mou, les vêtements quelque peu débraillés, s'avançait sur le marchepied et, s'arrêtant à chaque portière, dirigeait le canon de son revolver sur les voyageurs, sans épargner même les blessés.
- Jetez à terre votre porte-monnaie, vos bijoux! commandait-il péremptoirement d'un ton qui ne permettait pas de réplique.

Défense désespérée.

Et les voyageurs, stupéfaits par l'explosion et l'arrêt du train au milieu de la nuit, par les coups de feu tirés sur eux, épouvantés par les armes des autres bandits qui les couchaient en joue, s'exécutaient. Les Italiens, avec des malédictions et des jérémiades, jetaient sur la voie, les hommes leur portefeuille ou leur bourse, les femmes leurs bracelets et leurs bagues, tous leurs bijoux.
Un autre brigand, pareillement masqué, exécutait semblable opération aux portières de l'autre côté.
Et, durant un temps assez long, personne ne songea à se rebeller contre les exactions que les bandits, avec un sang-froid admirable, imposaient à la ville errante!
Tout le train était à la merci d'une poignée de voleurs audacieux.
Mais lorsqu'un des deux percepteurs à main armée fut arrivé à la portière du sleeping occupé par les jeunes époux, un bras, celui de l'ingénieur Bradlaugh sortit de la portière. La lame d'un bowie-knife brilla un instant et s'enfonça dans le ventre du bandit qui tomba en poussant un cri affreux, se tordit un instant et ne remua plus.
Immédiatement, une décharge de revolver éclata et les dérailleurs se lancèrent à l'assaut du train.
Deux coups de revolver tirés sur eux des deux portières du sleeping des époux Bradlaugh montrèrent que ceux-ci étaient également résolus à se défendre, et ne se laisseraient ni tuer, ni voler avec la placidité dont leurs compagnons d'infortune avaient fait preuve.
Toute cette scène n'avait duré que quelques minutes. Déjà la bataille était engagée. Le marchand de bestiaux et l'avocat, l'un et l'autre le revolver à la main, faisaient merveille. Parmi les Italiens, quelques-uns, décidés finalement à se défendre, avaient abandonné leur compartiment pour se mêler aux gens de la noce. Les époux Bradlaugh après avoir jeté à bas deux agresseurs venaient d'évacuer leur sleeping pour se joindre aux autres.
La figure noire de poudre, les cheveux collés par le sang, les mains brûlantes, le jeune ménage américain se défendait avec une énergie, un calme, une intrépidité qu'eussent enviés des soldats aguerris.
Ils n'échangeaient pas une parole, parfois seulement par un regard, par un bref serrement de main ils stimulaient réciproquement leur courage et se faisaient savoir qu'ils n'étaient pas encore gravement atteints.
Quand une balle les frôlait, il ne tournait pas la tête, la jeune femme, elle-même, ne poussait pas de ces petits cris effrayés par lesquels les Européennes nerveuses témoignent de leur émoi.
Du côté des voyageurs, il y avait déjà quatre ou cinq blessés.
L'ex-commandant de milice était invisible.

Encore la dynamite.

Deux explosions coupèrent les crépitements des revolvers et des rifles, car les dérailleurs étaient armés de fusils. Les bandits se glissant sous les wagons de queue et du centre, venaient d'y faire exploser de nouvelles cartouches. Et maintenant ces wagons ne formaient plus qu'un amas informe de débris de bois et de verre sous lequel gisaient des morts et geignaient des blessés.

Un secours inespéré.

Tout d'un coup, un galop furieux retentit; une fusillade éclata et derrière les agresseurs, perpendiculairement à la voie ferrée déboucha une troupe de cavaliers.
Surpris à leur tour, les bandits tentèrent de fuir. L'obscurité devait leur être propice. Mais à ce moment une double colonne de flamme s'éleva, perçant d'épais tourbillons de fumée et illumina comme en plein jour toute la campagne.
Les deux wagons dynamités prenaient feu!
Les voyageurs sortirent précipitamment de leurs wagons et se joignirent à leurs sauveurs.
Ceux-ci étaient des cow-boys du village de Rockson. Un fermier voyageant la veille au soir avait aperçu une bande d'hommes armés aux allures mystérieuses. Justement des bestiaux avaient disparu l'avant-veille dans le voisinage, enlevés très probablement. L'idée lui vint aussitôt que ce pourrait la même bande du fameux Jack Tilpy, méditant quelque mauvais coup. Il courut donner l'éveil à Rockson; immédiatement une quinzaine d'habitants, fermiers et cowboys sautèrent à cheval, le revolver au côté, la carabine en bandoulière et organisèrent une battue.

Un épisode comique.

Néanmoins, ils eussent pu passer à côté des bandits sans les rencontrer, mais le bruit de la fusillade les guida.
Presque tous les bandits furent pris et fusillés séance tenante. Jack Tilpy fut reconnu parmi les morts, une balle lui ayant troué le cœur. La nouvelle de sa fin causa une allégresse générale dans la contrée.
Mais l'épisode comique de cette tragédie fut que l'ex-commandant de milice, fut retrouvé sous une banquette où il s'était blotti dès les premiers coups de feu et qu'on eut toutes les peines du monde à l'en faire sortir.



On découvrit le malheureux fier-à-bras caché,
tremblant, sous la banquette. 

Quelques heures plus tard, un cavalier ayant couru bride abattue à la prochaine station télégraphique, un train de secours arriva de Kearney et emmena les voyageurs.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 26 août 1906. 

dimanche 5 avril 2015

Chronique du Journal du Dimanche.

Chronique.

On a eu souvent l'occasion de remarquer que le crime était héréditaire: l'éducation vicieuse, jointe au germe qui est dans le sang, fait souvent des malfaiteurs de ceux qui doivent le jour à de tels pères. Il y a trente cinq ans, on jugeait à Amiens une bande de trente bandits. Aujourd'hui, dans le procès apporté au tribunal de Laon, les principaux accusés, Lemaire, Bourse, Hugot, Villet et autres, appartiennent aux villages et familles de ces bandits de 1822.
Ceux-ci formaient une association qui porta longtemps dans les campagnes le meurtre et le pillage. Ils ne comptaient la vie humaine pour rien; ils tuaient pour les moindres sommes d'argent; et ils avaient parmi eux des femmes qui formaient les membres les plus féroces de la bande. Enfin, un agent de police sut se faire affilier à leur bande; il commit et partagea avec eux quelques vols pour entrer tout à fait dans leur confiance.
Un jour, on convient d'une expédition à faire chez un propriétaire de Berny, très-riche et très-âgé.
On investit la maison, on entre, on pénètre dans la chambre du vieillard: tout est tranquille; les rideaux du lit sont fermés. Une femme veut qu'on tue le propriétaire endormi: l'un des bandits, nommé Vitasse, marche vers le lit... l'agent de police lui casse la tête d'un coup de pistolet. Une foule de gendarmes sortent de tous les coins de la maison: le premier coup de feu qu'ils entendraient était le signal que l'agent leur avait donné.
Il y eut une affreuse mêlée, après laquelle les bandits tombèrent enfin entre les mains de la force publique.
Sept furent exécutés, et, dans ce nombre, la femme, qui s'était distinguée par sa férocité; les autres envoyés aux galères.
Et maintenant, ceux dont les pères dorment au cimetière, la tête séparée du tronc, sont à leur tour au pied de l'échafaud, dans des circonstances complètement semblables.

*****

Le phénomène le plus extraordinaire vient de se manifester dans les environs de Beaune. Nous dirons d'abord aux esprits incrédules qu'il est attesté par des personnes très-sérieuses et par plus de cinquante témoins oculaires.
A Chevigny-en-Valière, une jeune fille de seize ans, simple ouvrière, a la propriété d'attirer les esprits frappeurs, qui manifestent leur présence en la poursuivant de mottes de terre et de pierres lancées contre elle.
Un soir, il y a deux ans, en revenant de sa journée, elle fut assaillie par plusieurs petites pierres. elle les crut lancées par quelqu'un; mais, en cherchant de tous côtés, elle se vit absolument seule.
Depuis ce moment, elle s'est vue sans cesse frappée par des mottes de terre qui se soulevaient du sol pour venir pleuvoir sur elle. Si elle travaille au coin d'un foyer, elle est atteinte par des briques détachées de l'âtre et des pierres tombant de la cheminée. Dans les rues, autres projectiles qui se détachent des murs. On cite une pierre de trois kilogramme déplacée du seuil d'une porte, et poussée par une force mystérieuse et invisible aux pieds de la jeune fille.
Avis est donné aux savants qui ont pour mission d'expliquer les singularités de la nature.

                                                                                                                      Paul de Couder.

Journal du Dimanche, 13 décembre 1857.