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mercredi 1 juin 2016

L'acteur parisien.

L'acteur parisien.

Il y a trois sortes d'acteurs.
Ceux qui ont du talent,
Ceux qui n'en ont pas,
Ceux qui n'en ont qu'à Paris.




L'acteur parisien se distingue par un je ne sais quoi qui n'est connu et apprécié qu'à Paris. Ce je ne sais quoi est un tic, un geste, un son de voix particulier.
Quand l'acteur parisien s'annonce dans la coulisse par une réplique savante, l'orchestre frémit, les loges palpitent, le Paradis se lève et le chef de claque est ému.
L'acteur parisien fait toujours un premier effet de costume. Quel que soit son costume, il est toujours parisien, c'est-à-dire imbu d'un chic particulier.
Au premier mot prononcé par l'acteur parisien, la pièce dans laquelle il joue prend un essor nouveau. Le succès ne se dessine jamais avant l'entrée de l'acteur parisien.
Les acteurs courtisent, flagornent et caressent l'acteur parisien, ils s'inclinent devant lui et le comblent de présents généreux. L'acteur parisien fait lui-même son rôle et y met quelquefois de l'esprit.
L'acteur parisien joue les comiques à outrance. Il est aimé par les femmes; il est envié par les hommes.
L'acteur parisien joue toujours les mêmes rôles; mais il connait son public et connait l'art de s'en servir.




L'acteur parisien se promène sur le boulevard toutes les après-midi. Les passants se le montrent avec émotion.
L'acteur parisien ne se déplace pas. C'est à peine s'il peut se montrer ailleurs que sur la scène de son succès. Il est comme un tableau qu'il ne faut pas sortir de son cadre.




L'acteur parisien est généralement incompris en province. Il est centralisé comme le gouvernement.

Physiologies parisiennes, Albert millaud, 1887, à la Librairie illustrée, illustration de Caran d'Ache, Frick et Job.

mercredi 25 mars 2015

Un acteur qui eut de l'esprit.

Un acteur qui eut de l'esprit.

Parmi les acteurs qui eurent de l'esprit, -le cas, paraît-il, n'est pas des plus communs-, il faut citer Thiron, le joyeux sociétaire de la Comédie-Française, mort en 1891.
Un jour qu'il entrait chez le concierge du théâtre avec un de ses amis, il manqua de renverser un fusil qui se trouvait là.
- Prends donc garde! lui dit l'ami.
- Merci, mon cher. Sarah m'en aurait voulu toute sa vie!
- Sarah? que veux-tu dire.
- Ne vois-tu pas que j'ai failli casser son "tub"!
La maigreur de Sarah Bernhardt était passée en proverbe.
Un de ses camarades de théâtre avait une luxuriante chevelure aux mèches parfois rebelles. "La fille mal cardée"l'appelait Thiron.
Thiron sut rester jovial jusque dans la maladie qui l'emporta après de cruelles souffrances.
Un jour, un de ses intimes, venu pour prendre de ses nouvelles, pénètre dans sa chambre sans frapper et le surprend qui sautait en chemise à bas de son lit.
Bien vite Thiron fait mine de chercher quelque chose par terre.
- Que cherches-tu là?
- Mes sangsues.
- Comment, tes sangsues?
- Oui! mes sangsues. Figure-toi que le docteur a été assez imprudent pour dire tout haut, devant elles, là où on allait me les mettre, et les coquines s'en sont allées!

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 1er janvier 1905.