Sorciers et magiciens.
Que la croyance à la magie ait pu jadis se propager parmi des foules ignorantes, nous le savons et c'est ce qu'atteste maint exemple saisissant. Mais on s'imagine volontiers que ces superstitions ont disparu avec les progrès de l'instruction et la diffusion des connaissances. On perd bien vite cette illusion quand on voit à combien de pratiques parfois coupables donne lieu, même de nos jours, à la ville comme à la campagne, la confiance que certains esprits crédules n'ont pas cessé d'avoir dans la sorcellerie et la magie. Que de types pittoresques de sorciers et de sorcières! Que de traditions baroques! Et combien il serait à souhaiter qu'on parvint à délivrer tant de pauvres gens des terreurs sous l'empire desquelles ils tremblent encore!
Bohémiens disant la bonne aventure. Tableau du peintre espagnol José Oliva. |
L'Espagne est peut être le pays qui a le plus conservé l'antique croyance aux diseurs de bonne aventure. Ce sont les bohémiennes ou gitanes qui y font profession de tirer les cartes. Dans la cour d'une ferme ou d'une auberge, ils ont la prétention de prédire l'avenir en consultant quelque vieux grimoire.
Le sabbat . Tableau de Goya, peintre espagnol de la fin du XVIIIe siècle. |
On croyait jadis que Satan, sous la forme d'un bouc, tenait ses assises le samedi soir sur une montagne isolée. On prétendait que les sorcières montées sur un manche à balai se rendaient à cette réunion appelée Sabbat pour y exercer leurs maléfices.
Circé. Tableau de Dosso Dossi, peintre italien du XVIe siècle. |
Circé peut être considérée en quelque sorte comme la mère de la sorcellerie. C'est elle qui, d'après la légende, changea en pourceaux Ulysse et ses compagnons. Dosso Dossi, peu soucieux de la vérité historique et de la couleur locale, a peint Circé vêtue à l'orientale, tandis que dans le lointain s'étage une ville italienne.
La bonne aventure. Tableau de Pater, peintre français du XVIIIe siècle. |
Au XVIIIe siècle, les chiromanciennes et les cartomanciennes étaient fort à la mode. Sans doute la prédiction de la bohémienne correspond aux désirs secrets de la jeune fille que représente ce tableau, car elle sourit, rêveuse, le regard perdu dans le vague.
Chez les sorciers du Limousin. L'enclavèlement du loup. D'après une aquarelle de M. G. Vuillier. |
Dans tous les pays où l'on croit encore à la magie, et notamment dans le Limousin, le loup est tenu pour un animal diabolique. Les bergers qui veulent mettre leur troupeau à l'abri de ses atteintes le conjurent à l'aide de formules magiques qui rendent l'animal inoffensif. c'est ce qu'on appelle l'enclavèlement.
Comment on croit guérir la "naudze" ou maladie de langueur en Corrèze. Aquarelle de M.G.Vuillier. |
Pour guérir l'enfant qui languit, les sorcières allument autour du berceau quatre chandelles auxquelles elles donnent le nom d'un saint, puis elles se mettent à murmurer des conjurations. La première chandelle qui s'éteint indique que l'enfant doit être plongé dans la source placée sous l'invocation du saint.
Un traitement bizarre. Sorcier soignant un érysipèle. Aquarelle de M. G. Vuillier. |
Dans le limousin, certains paysans ont plus de confiance dans le sorcier que dans le médecin. Pour traiter l'érysipèle, par exemple, le sorcier trace sur la partie malade des cercles magiques. La guérison est, dit-on, certaine.
Sorcière bretonne. |
En Bretagne, les sorcières ont conservé leur crédit d'autrefois. Installées généralement près de quelque source, elles inspirent une véritable terreur.
Sorciers d'aujourd'hui. L'envoûtement par l'image. Aquarelle de M. G. Vuillier. |
Certains paysans superstitieux croient encore que les maladies des bestiaux proviennent d'un mauvais sort. Pour conjurer le maléfice, le sorcier prétend faire apparaître dans un seau rempli d'eau, le visage du jeteur de sort. Perce-t-on d'un coup de couteau cette image, la mauvaise influence se dissipe.
La diseuse de bonne aventure. Tableau de Mlle Maximilienne Guyon. |
La diseuse de bonne aventure dans les grandes villes est une personne très au courant des progrès modernes. Elle a un appartement où les personnes naïves peuvent venir, moyennant finance, se faire tirer les cartes ou lire leur destinée dans les lignes de la main.
Illustrations extraites de Lectures pour tous, 1900.