dimanche 17 février 2019

L'horreur de la lèpre à travers les âges.

L'horreur de la lèpre à travers les âges.




Assister vivant à la décomposition de son corps, lire dans les yeux des autres hommes le dégoût et l'effroi qu'on leur inspire, être, comme un paria, tenu à l'écart de la communauté humaine, telle a été jusqu'à nos jours la condition du lépreux. Si d'autres fléaux nous effrayent par leur marche foudroyante, ce qui fait au contraire l'horreur de la lèpre c'est le long supplice qu'elle inflige à ses malheureuses victimes. Aussi ne peut-on songer sans angoisse que la lèpre, loin d'être un mal disparu, existe aujourd'hui encore dans beaucoup de contrées, et qu'elle en ravage quelques-unes. Espérons qu'une fois de plus les découvertes de la science moderne mettront l'humanité à même de vaincre le terrible fléau.



Les régents d'un hospice de lépreux en Hollande au XVIIe siècle,
D'après le tableau de Jean de Bray.

Pendant des siècles, la lèpre exerça de terribles ravages. Au moyen âge, les lépreux, qui pullulaient en Europe, avaient été de véritables parias, n'ayant pour abri que de misérables cabanes construites pour eux en rase campagne. Ce n'est guère qu'au XVIIe siècle qu'on commença à les recueillir dans des hôpitaux spéciaux créés par l'initiative privée.



Jésus guérissant un lépreux,
d'après le dessin de Bida.

Dans l'antiquité, les lépreux, objet de répulsion et de terreur, étaient obligés de fuir les autres hommes. L’Évangile rapporte que Jésus, ayant rencontré sur une route un de ces malheureux, étendit la main vers lui, et, en le touchant, le guérit.
(Gravure extraite des Saints Évangiles, Hachette, éditeur.)




Les régentes d'un asile de lépreux en Hollande (XVIIe siècle),
Tableau de Jean de Bray.

C'est à partir du moment où, au lieu de chercher à isoler  les victimes de la lèpre, on entreprit de les soigner dans des asiles spéciaux, que le mal commença à décroître. Le peintre a représenté ici les femmes charitables qui s'occupaient d'un des hospices de lépreux de son pays.




La bannière des lépreux,
emblème de la confrérie des hospitaliers de Saint-Lazare, au moyen âge.

Au Moyen âge, les lépreux ne pouvaient sortir de la maladrerie qu'à la condition de ne pas entrer dans les villes. Quand ils circulaient sur les chemins, ils devaient agiter leur "cliquette" pour permettre aux passants d'éviter leur contact. L'ordre des "Hospitaliers de Saint-Lazare" s'était donné pour mission de soigner ces déshérités.





Une léproserie fondée en Birmanie par les Franciscaines de Marie.

Ce sont les Missionnaires qui, par leur dévouement de tous les instants, empêchent que les lépreux, très nombreux encore dans les pays d'Orient, soient abandonnés sans secours. Ils ont multiplié les léproseries aux Indes où l'on compte plus de 130.000 lépreux. Celle que représente notre gravure a été fondée par les Franciscaines de Marie, qui soignent, pansent et consolent des centaines de lépreux, au risque d'être atteintes elles-mêmes.




Une station balnéaire au Japon.

Des sources qui jaillissent dans ce village passent pour avoir la propriété de soulager les malheureux atteints de la lèpre.




Une tribu de parias: le "cheik" des lépreux à Siloë, près de Jérusalem.

A Siloë, en Palestine, les lépreux sont constitués en une tribu qui a son "cheik" ou chef. C'est un vrai faubourg de parias que forment les misérables cabanes habités par ces malheureux. Tout le jour, ils se tiennent accroupis au seuil de leur porte, étalant leurs plaies et leurs guenilles lamentables.



La salle des femmes à la léproserie "Agna di Dios", en colombie.

Les sœurs de la Présentation recueillent surtout des femmes, auxquelles, grâce à leur dévouement admirable, elles parviennent à rendre la vie plus supportable. Si la lèpre est restée inguérissable, on peut du moins en atténuer les effets en attendant qu'un nouveau sérum vienne vaincre le fléau.




Un groupe de lépreux dans le village de Huong-Lon, au Tonkin.

Jadis les lépreux étaient traités en parias par les indigènes, qui poussaient parfois la cruauté jusqu'à les enterrer vivants! Dans certains villages tonkinois les lépreux représentent la majeure partie de la population.




Au japon: Lépreux de l'hospice du Kummamoto travaillant aux champs.

Grâce aux soins assidus des sœurs Franciscaines qui ont fondé cet asile, les lépreux deviennent bientôt capables de travailler dans les champs. Le salaire qu'ils reçoivent, et surtout la possibilité qu'ils ont de travailler, la propreté à laquelle ils sont astreints, contribuent à relever le moral de ces déshérités.

Illustrations extraites de Lectures pour tous, 1900.

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