lundi 21 septembre 2015

Les sauterelles en Tunisie.

Les sauterelles en Tunisie.

Les dernières nouvelles de la Tunisie nous apprennent que, sur presque tout le territoire de la Régence, on a eu raison du fléau. C'est que la campagne a été admirablement bien menée. notre résident général, M. Massicault, y a tenu la main: et notre ancien confrère Paul Bourde, aujourd'hui directeur des contrôles civils et de l'Agriculture, l'a merveilleusement secondé dans l'organisation de la défense.
Je ne reviendrais pas sur les moyens de défense employés. L'Illustration en a donné tous les détails dans son numéro du 6 juillet 1889. Je n'insisterai que sur certains caractères spéciaux de l'invasion et de la défense en Tunisie.
L'invasion, quoique violente, a été moins intense qu'en Algérie: tout au moins pour ce qui est du littoral oriental de la  Tunisie. Ce pays n'est pas dans le centre, dans l'axe des migrations d'acridiens.
En arrivant aux Chotts, lacs salés immenses qui barrent tout le sud de la Tunisie, vrais déserts salés, les vols s'orientent vers l'ouest, ou leur instinct leur fait pressentir de vertes et florissantes contrées. Cette orientation préserve d'ordinaire la plus grande partie de la Tunisie. Mais voilà! il y a des passages ouverts du côté des oasis du Djerid; et c'est par Nefta, Tazeur et Gafsa que les sauterelles pénètrent en Tunisie. C'est là aussi que la défense a été d'une énergie extrême. M. Henry, contrôleur civil à Tazeur, et son adjoint M. Dupaty de Clam, M. le commandant Lefebvre, commandant supérieur à Gafsa et les officiers placés sous ses ordres, ont bien mérité de la Tunisie. Leurs efforts ont été jusqu'à ce jour, couronnés de succès. Les sauterelles ont été anéanties, les pontes ont été détruites, et les oasis sont préservées. Jugez ce résultat , en pensant que les palmiers des oasis paient plusieurs millions d'impôts à l'Etat tunisien et que les sauterelles menaçaient des arbres qui peuvent facilement supporter de pareils impôts.



La photographie qui m'a été envoyée par le commandant L..., et qui a fait l'objet de notre gravure, représente des Arabes qui chassent et battent les criquets pour les faire sortir d'un champ d'orge qu'ils avaient envahi, et les faire tomber dans un fossé plein d'eau. Les grandes palmes (djérid) qu'ils emploient pour les battre donnent un caractère tout particulier à ces scènes de défense.

                                                                                                                     Ch. Lallemand.

L'Illustration, samedi 4 juillet 1891.

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