dimanche 5 août 2018

Attraction.

Attraction.


Le limonadier de Limoges qui avait appelé dans son café la femme de Montely*, pour la faire poser devant ses pratiques en qualité de femme de comptoir, persévère, à ce qu'il paraît, dans la spéculation qu'il a entreprise. A peine Cœlina Fénelon avait-elle quitté Limoges, que cet individu écrivait à la veuve Bosselier pour lui proposer la même place au comptoir de son café. Après la femme du meurtrier venait naturellement la femme de la victime; les autres personnages de cet horrible drame judiciaire auraient été mandés à tour de rôle, et de cette façon l'exhibition vivante du procès Montely eût été complète à Limoges.
Nous avons sous les yeux la lettre que ce limonadier a écrite à la veuve Bosselier, et nous pouvons dire à quelles conditions ce spéculateur de scandale engage à son service les jeunes premiers rôles de cours d'assise. Cinquante francs par mois, la table, le logement et le voyage franco, tels sont les gages qu'il donne à ses dames de comptoir, quand elles remplissent les conditions de célébrités voulues. C'est à ce taux qu'il avait engagé Cœlina Fénelon, et il offrait les mêmes avantages à la veuve Bosselier. Hâtons-nous d'ajouter que celle-ci a repoussé comme il convenait la proposition du limonadier limousin.
Quant à nous, nous ne saurions trop flétrir ces spéculations éhontées. C'est déjà bien assez que nos musées de figures de cire exposent à la curiosité publique les héros des cours d'assises; il n'est pas besoin que les comptoirs de café servent de succursale à ces sortes d'exposition.

Le Salon littéraire, jeudi 20 avril 1843.


Nota de célestin Mira:

Montely, condamné à mort, récit des faits, de La Belgique judiciaire, google-bookpages 470 à 476:


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