jeudi 10 mai 2018

La machine volante de Wright.

La machine volante de Wright.


Il y a assez longtemps que l'on en parle. Mais était-ce bien vrai? On pouvait, à la rigueur se le demander. Il y a si loin des déserts de la Caroline des Etats-unis à la plaine d'Issy.
M. Wright est venu en France installer sa machine volante près du Mans* et les premiers essais qui viennent d'être tentés sont tout à fait favorables aux affirmations des aviateurs américains. L'aisance, la souplesse avec lesquelles Wright a fait fonctionner son aéroplane ont enthousiasmé nos aviateurs français. Il est certain aujourd'hui que les frères Wright, à Dayton, ont conquis avant Farman, avant Delagrange, etc., le record des parcours aériens.
Leurs premiers essais remontent à 1900. Ils ont glissé sur l'air avec un appareil dépourvu de machines. En 1903, ils adaptent un moteur à l'appareil et aussitôt, le 17 décembre, ils parcourent 266 mètres en 59 secondes. Puis en septembre 1904, ils réussissent leur premier virage et exécutent un tour complet. En novembre 1904, ils accomplissent un vol de 4 kilomètres en 5 minutes. Le 26 septembre 1905, ils parcourent 17 kil. 961 en 18 m. 9 s.; le 27 septembre 19 kil. 590 en 19 m. 55 s.; le 3 octobre 24 kil. 535 en 25 m. 5 s.; le 4 octobre 33 kil. 456 en 33 m. 7 s. et le 25 octobre, 38 kil.956 en 38 m. 33.
Trente huit kilomètre en trente huit minutes! Cela parut si extraordinaire en France, que l'on émit des doutes sur l'authenticité de cette performance. Et, d'autant plus que les frères Wright s'occupaient de vendre les brevets de leurs appareils. Ils demandaient un million. On refusa en France et en Allemagne. Les négociations ont repris au commencement de l'année courante... Et elles ont fini par aboutir. Il a été convenu entre MM. Wright et quelques capitalistes français, grands amateurs de sport que si ces messieurs effectuaient deux vols de 50 kilomètres au moins, en enlevant à bord deux personnes au moins, le pilote et un passager, ils abandonnaient contre 500.000 francs le droit de construction de leur appareil en France.
Les essais du Mans vont se multiplier jusqu'à réussite ou insuccès.
Nous ne pouvons que souhaiter bonne chance à l'aviateur américain. Son appareil n'a rien qui lui donne en apparence une supériorité sur le système français. Deux plans superposés, moteur en-dessous, inférieur à nos moteurs français; mêmes dimensions environ. Rien en un mot qui paraisse caractéristique. Seulement un art de conduire l'appareil que nous ne connaissons pas encore. Une sûreté de manœuvre très remarquable. Puis le maniement logique des plans de sustentation avec gauchissement approprié donnent à l'appareil un grand rendement et un équilibre de marche vraiment supérieur.
Mais, pour nous, c'est vraiment l'aviateur lui-même qui, maître de sa machine, lui imprime sa supériorité et conduit aux résultats que l'on a admiré dès les premiers vols.

                                                                                                                   Henri de Parville.

Les Annales politiques et littéraires, revue paraissant le dimanche, 23 août 1908.

* Nota de Célestin Mira:



Les frères Wright au Mans en 1908.


Un record de distance au Mans en 1908.



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