jeudi 21 septembre 2017

Une nouvelle religion à Paris.

Une nouvelle religion à Paris.

M. Henry Girard nous donne d'intéressants détails sur le bouddhisme qui, paraît-il, recueille de nombreux adeptes à Paris. S'imaginerait-on qu'une nouvelle religion puisse s'implanter dans la ville de sainte Geneviève?
Toujours est-il qu'il y a des bouddhistes à Paris. Une loge théosophique, pareille à celles qui existent dans l'Inde, avait été fondée. Elle a été obligée de se dissoudre, Mme la comtesse d'Adhémar, dont on connait la grâce, la distinction et l'élégance, a donné asile aux membres dispersés de cette loge.
Plusieurs fois par mois, ce salon éminemment mondain se transforme en un temple où se discutent les graves problème de la foi religieuse et de la raison humaine. Les bouddhistes attendent dans les Champs-Elysées parisiens leur passage de la Niverna.
Ces bouddhistes ne sont pas des Parisiens obscurs. Il est quelques uns des nouveaux apôtres dont le talent égale peut être celui des frères de Jésus. Si vous voulez connaître leurs noms, embusquez-vous près de l'hôtel de Mme Adhémar les jours de culte.
Vous y verrez Arthur Arnould, le romancier populaire; Jean Rameau, le poète fataliste; Eugène Nus, l'auteur dramatique; Joséphin Péladan, le romancier kabbaliste; le wagnérien Churet; Mac-Nab, le frère du fantaisiste bien connu, mort il y a quelque temps; le docteur Goyard, le fondateur de la Société végétarienne. On y trouve même un alchimiste, M. Papus! Mme de Morcier, fondatrice de l'oeuvre des libérées de Saint-Lazare, y fréquente également, ainsi que beaucoup d'autres, et non des moins réputés.
Il faut avouer que ce coin de Paris religieux est singulièrement pittoresque et curieux.
Nous parlerons peut être un jour d'une religion aussi excentrique: celle dont les adeptes se réunissent chez la duchesse de Pomar. Que ne dirait-on pas aussi sur les théosophes, qui sont quarante-trois à Paris?
Mais voici qui est plus incroyable encore. On m'affirme, dit M. Henry Girard, qu'il existe dans les forêts du Berry, des pratiquants de la religion druide. Ce sont des habitants du pays.
Deux fois l'an, le 15 janvier et le 15 juillet, ils se réunissent au nombre de quatre à cinq cents, dans une clairière cachée aux regards indiscrets par l'épaisseur des fourrés d'une vaste forêt. Munis d'une serpe d'or, des prêtres, vêtus de la robe blanche, coupent le gui de chêne.
Mais que de croyances, c'est à n'y pas croire!

Le petit Moniteur illustré, dimanche 17 mars 1889.


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