mercredi 23 août 2017

Metz.

Metz.


La ville de Metz a joué dans notre histoire un rôle considérable, et souvent glorieux. Il n'est peut être pas inutile, aujourd'hui que les tristesses du présent nous étreignent, de regarder en arrière et de se consoler avec les grands souvenirs du passé.
Au temps des Romains, Metz était déjà un place importante des Gaules. On ne la connaissait pas encore sous le nom qu'elle porte aujourd'hui: c'était alors Divodurum, la capitale des Médiomatrices.
La situation de la ville était des plus florissantes, lorsque le roi des Huns fit sa terrible invasion. Le fléau de Dieu s'abattit sur elle, et ses guerriers sauvages la pillèrent et l'incendièrent complètement en 451.
Des cendres de Divodurum naquit une cité nouvelle qui reçut le nom de Métis, d'où est venu Metz. L'emplacement choisi, au confluent de la Seille et de la Moselle, était favorable au développement d'une ville, aussi vit-on bientôt Metz devenir la capitale de l'Australie d'abord, puis de la Lorraine, sous Charlemagne.
La ville comptait alors près de 60.000 habitants, on y voyait dix-neuf églises. C'était un centre assez considérable pour qu'on y ait tenu cinq conciles, de l'année 590 à l'année 888.
En 985, Metz fut reconnue ville libre impériale. Elle s'organisa alors en petite république. Un maître échevin, un conseil des treize et un grand conseil des prud'hommes composaient le gouvernement avec six des principales familles.
Peu de temps après, l'évêque Thierry II posa les fondations de la cathédrale gothique que l'on admire encore aujourd'hui. Ce gigantesque travail dura plus de cinq siècles. Commencée en 1014, il ne fut achevé qu'en 1456. On n'allait pas vite, mais on faisait beau. Il est difficile d'imaginer quelque chose de plus imposant que cette masse de pierre ouvragée. une tour de quatre-vingt-cinq mètres domine l'édifice tout entier. C'est de là que se fait entendre la Mutte, cloche qui ne pèse pas moins de 13.000 kilogrammes. Parmi les détails remarquables de cette basilique, nous citerons les clochetons des travées extérieures qui sont surmontées d'aigles qui sont surmontées d'aigles aux ailes déployées. C'est l'emblème de la liberté dont la ville jouissait alors.




En butte aux attaques des ducs de Lorraine, de ses évêques et des rois de France, Metz ne put conserver son indépendance. Après avoir payé une rançon de 200.000 écus d'or à Charles VII, à la suite du siège de 1444, la ville se livra à Henri II.
Quelques années après, Metz fut le théâtre d'une lutte de géants. Charles-Quint, l'empereur tout puissant, vint l'investir avec une armée de cent mille hommes. La plus nombreuse qu'il eut jamais conduite.
Il faut lire dans la relation du sieur de Salignac, les péripéties héroïques du siège de 1552. On verra comment François de Lorraine, duc de Guise, avec une faible organisation de dix mille hommes, tint tête aux troupes de l'empereur, comment il organisa la défense et comment il ménagea ses approvisionnements. La ville, quand il y entra, n'avait que ses défenses naturelles, c'est à dire le cours de deux rivières. Le duc, en général expérimenté, fit construire des retranchements sous le feu même de l'ennemi. Des sorties continuelles tinrent tout le temps les impériaux en éveil et leur fit perdre beaucoup de monde. Enfin, après soixante cinq jours d'investissement et quarante cinq jours de bombardement, l'empereur Charles-Quint dût se retirer. Il battit en retraite le jour de Noël, après avoir perdu trente cinq mille hommes.
Une médaille commémorative fut gravée à cette occasion. On frappa aussi, en souvenir de cette belle défense, des médailles satiriques contre Charles-Quint. La plus ingénieuse fut celle où l'on employa la devise de l'empereur, qui représentait les colonnes d'Hercule avec ce mot latin: ultra. Au delà. Le graveur français ajouta à l'emblème un aigle enchaîné et attaché aux colonnes avec ces mots: non ultra metas. Cette devise jouait sur le mot Metas, qui veut dire à la fois Metz et colonnes, et elle marquait, à la grande joie des français, que Charles-Quint ne dépasserait ni l'une, ni les autres.
Le traité de Munster, 1648, ne fit que confirmer un fait accompli, en attribuant définitivement Metz à la France.
Au siècle dernier, Metz fut le théâtre d'une scène curieuse. Le roi Louis XV, qui, soit dit en passant, a déparé la cathédrale en ajoutant un portail dorique à l'ancien édifice gothique, était arrivé dans cette ville avec toute sa suite joyeuse. Tout à coup, il tombe malade. Un moment on craint même qu'il ne soit près de la mort. Alors, cédant aux instances de Fitz-James, évêque de Soissons, son premier aumônier, le roi chasse de sa cour sa maîtresse, madame de Chateauroux et sa sœur madame de Lauragnais.
La place de Metz a été successivement fortifiée par le duc de Guise, le maréchal de Vieilleville, Vauban, Belle-Isle et Carmontaigne. Elle était admirablement disposée pour une défense, lorsque la guerre de 1870-71 éclata. Nous n'avons pas besoin de rappeler à nos lecteurs ce qui s'est passé pendant ce fatal hiver.
Metz est aujourd'hui une ville régulièrement bâtie. Parmi les bâtiments publics remarquables, nous citerons l'hôpital militaire, le marché couvert, le théâtre, le Palais-de-Justice et l'arsenal. Ce sont des constructions qui remontent pour la plupart au siècle dernier.
A part les églises, il reste malheureusement peu de traces de la vieille ville impériale. Ceux qui sont curieux de voir des spectacles pittoresques pourront cependant encore visiter la rue des Tanneurs. C'est une des rares de Metz qui n'ont pas perdu leur cachet d'ancienneté.





                                                                                                            Ed. Morel.

Le Musée universel, revue populaire hebdomadaire, premier semestre 1874.

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