jeudi 6 juillet 2017

Les faux cols en papier.

Les faux cols en papier.


150 millions de cols en papier sont usés tous les ans seulement dans les Etats-Unis; et la statistique montre que ce nombre s'augmente rapidement, en même temps que la fabrication se perfectionne.
Les faux cols en papier sont de deux sortes: en papier et toile combinés, et en papier seul. Le papier dont on se sert se fait avec les meilleures matières premières, et moulé en feuilles blanches de 91 centimètres de hauteur sur 40 centimètres de largeur.
La rame pèse 56,7 kilogrammes. Ce papier est envoyé à l'atelier de vernissage, où il reçoit une légère couche de brillant, puis il est placé dans des châssis chauffés par la vapeur: on ne le retire que lorsqu'il est tout à fait sec. Ce travail se fait entièrement à la main; le vernis s'applique avec une brosse ordinaire.
Le papier reçoit ensuite le gaufrage, qui lui donne l'apparence de la toile. A cet effet, on met entre les feuilles des morceaux de mousseline ayant exactement les mêmes dimensions, de manière que le papier et la mousseline alternent régulièrement.
Lorsque quatorze ou quinze feuilles sont ainsi superposées, on fait passer le tout entre des rouleaux d'acier, dont l'action suffit pour imprimer sur le papier le dessin du linge. On obtient ainsi un fac-similé très-exact.
On polit ensuite chaque feuille séparément en la passant sur des brosses qui ont un mouvement circulaire très-lent. Puis le papier est envoyé à l'atelier de finissage, où les faux-cols sont découpés d'un coup au moyen d'emporte-pièce en acier.
On met sous une presse environ 80 feuilles, l'emporte-pièce par dessus, et l'on fait tourner le volant. L'opération se fait d'un coup, et les cols sont terminés, sauf les boutonnières et le moulage. 
A une extrémité de l'atelier se trouvent de grands rouleaux de mousseline empesée, dont on devine difficilement l'usage au premier abord.
Cette mousseline est coupée en petites pièces elliptiques; on colle une de ces pièces au milieu et aux deux bouts, aux endroits où doivent se trouver les boutonnières.
Le but de cette opération est de renforcer les boutonnières, de façon qu'elles ne se déchirent pas, si le col devient humide par la transpiration.
Une machine très-ingénieuse place ces petites pièces d'étoffe, découpe les boutonnières, fait l'imitation du piqué au bord des cols et y imprime le numéro de sa grandeur. Tout cela se fait en un seul mouvement.
Dès que les cols sortent de cette machine, ils reçoivent le moulage nécessaire pour qu'ils s'appliquent bien sur le cou.
L'appareil qui exécute ce travail fonctionne avec une rapidité étonnante et qui n'a d'égale que la vivacité avec laquelle les ouvrières mettent les cols par douzaine dans les boîtes.
Chaque ouvrière emballe vingt mille cols par jour. Enfin, la dernière opération consiste à étiqueter les boîtes et à les classer par grandeur.
Les cols qui contiennent de la toile sont un peu plus chers que ceux qui sont tout en papier. Ils se fabriquent de la même manière, mais l'opération du gaufrage est inutile, une légère mousseline étant collée à la surface extérieure.
Les manchettes et les devants de chemises en papier se fabriquent d'une manière analogue, au moyen d'emporte-pièces de formes convenables.

Le Musée universel, revue illustrée hebdomadaire, premier semestre 1874.

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