samedi 17 décembre 2016

Nouveaux édifices à Constantinople.

Nouveaux édifices à Constantinople.

La construction de l'église catholique de l'Enfant-Jésus, qui vient d'être ouverte à Péra dans le courant de novembre, est due au talent de M. Fostati, dont le nom a acquis une réputation si honorable et si bien méritée. C'est la première fois que l'on voit à Constantinople un intérieur d'église d'une brillante architecture et d'une grande décoration dans le style religieux.
Son plan, en parallélogramme, a réservé à l'élévation deux bas-côtés formant galerie entre les colonnes de l'arcature, à droite et à gauche du maître-autel. Ces galeries se répètent à la hauteur de sa corniche, et deviennent des tribunes réservées aux dames; puis vient la coupe d'une voûte pour le couronnement du chœur; au milieu du plafond, une majestueuse coupole lance ses mille rayons de lumière sur cet ensemble, qu'occupe un très-petit emplacement, et ce n'est qu'à sa bonne disposition que l'on doit le grand nombre de personnes que cette église peut contenir, et que nous évaluons à mille ou douze cents.




Sa décoration, toute nouvelle à Constantinople, a été exécutée en carton-pierre, en plâtre et en bois, par M. Léon Parvilliée, un des sculpteurs venu de Paris pour le palais Djézairly. Depuis nous avons été à même de juger son habilité, son genre si distingué par un goût excellent et une rare élégance.
L'hôpital militaire français des Grands-Champs, à Constantinople, vaste édifice dont nous donnons une vue, a été construit sur les plans et sous la direction de S. M. Britannique membre de l'institut historique de France.




Bien qu'il ne date pas encore de loin, puisque certains travaux restent encore à terminer, sa destination a déjà varié plusieurs fois. En le commençant, on avait en vue une école de médecine; puis, il fut question d'en faire une caserne. Enfin, tout récemment, sur la demande de M. Blanchot, intendant en chef de l'armée française d'Orient, S. M. le Sultan l'a mis à la disposition de nos soldats, qui ont eu dès lors, à Constantinople, un hôpital, ajouté aux ressources de leur service médical.
Ce nouvel hôpital, qui forme un parallélogramme enferment une cour spacieuse, se trouve on ne peut plus heureusement situé, sous les apports hygiéniques et pittoresques.
Il est assis au grand Champ des Morts, sur une éminence qui domine le Bosphore, et d'où le regard embrasse le plus splendide qui soit peut-être au monde. Il se développe, sur le grand Champ des Morts, par une façade à deux étages, dont les constructions latérales symétriques, offrent un étage de plus, et sont ornées, aux angles, de doubles pilastres d'ordre corinthien. Des corniches et frontons décorent les fenêtres. L'entrée principale est un portique soutenu par huit colonnes, que doit surmonter un dôme non encore construit.
La façade qui regarde le Bosphore, et au milieu de laquelle s'élève une tour, offre trois étages sur le front et quatre aux ailes, différence de hauteur qui était commandée par l'inclinaison du terrain. Du reste, elle répète, dans la composition de l'ensemble comme dans les détails d'ornementation, la façade qui lui est opposée.
L'hôpital compte jusqu'à présent 2.000 lits; mais il pourra recevoir jusqu'à 4.000 malades.
M. Smith réunit le double caractère de l'artiste et du savant. Le sentiment du beau est fécondé en lui par la toute puissance d'application que peuvent lui donner les notions théoriques les plus approfondies. Pendant la mission de dix ans que son gouvernement lui a confié à Constantinople, il y a laissé, parmi diverses constructions, dont le palais de l'ambassade anglaise est une des plus remarquables, des souvenirs qui parleront longtemps de lui. Sa supériorité incontestable et incontestée en a fait un des familiers du Sultan, qui, devenu grâce à M. Smith, membre honoraire de l'Institut de France, a chargé son introducteur d'offrir en son nom 20.000 piastres à ce corps savant, comme don de joyeux avènement.
En construisant l'hôpital des Grands-Champs, M. Smith n'avait rien à ajouter à la position de haute estime qu'il a su se faire en Orient. Mais il a associé dans la reconnaissance de notre armée, son nom à celui de M. Blanchot, qui a si heureusement choisi, avec son exquise sagacité, les emplacements de tous nos hôpitaux militaires à Constantinople, et dont la bienfaisante influence est si irrésistible là-bas que S. M. le Sultan, à qui il demandait un kiosque pour le convertir en hôpital, lui a accordé un de ses palais. C'est ainsi que la civilisation de l'Occident entre dans les mœurs de la puissance musulmane.

L'Illustration, journal universel, 30 décembre 1854.

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