Recrutement de volontaires à New-York.
Les journaux ont annoncé dernièrement que M. Lincoln venait de décréter une nouvelle levée de trois cent mille hommes. Ces levées, régulièrement décrétées se sont faites en Amérique au moyen de la conscription, et on se rappelle à quels désordres a donné lieu le premier tirage au sort: mais en remplacement de la conscription, il y a aujourd'hui des bureaux d'enrôlement permanents qui recrutent le plus qu'ils peuvent.
En France, dans les mauvais jours, alors que la patrie était menacée, il fallut des soldats. On éleva le drapeau noir à l'Hôtel de Ville; la patrie fut déclarée en danger, et quinze jours après, quatre cent mille volontaires avaient rejoint l'armée des frontières.
En Amérique, la manière de procéder n'est pas tout à fait la même. Le patriotisme des Yankees a besoin d'un stimulant plus sonore.
Notre dessin représente un bureau de recrutement, auquel un canon placé sur son affût sert d'enseigne; puis à côté d'affiches de toute nature, montres perdues, chiens volés, etc., se déroule une immense pancarte, faisant appel au patriotisme américain dans les termes suivants:
On demande 30.000 volontaires
"Il sera payé à chaque homme
Par le Comté, argent comptant...... 300 dollars
Par l'Etat........................................... 75
Par les Etats-Unis........................... 302
______
Total pour chaque recrue.............. 677 dollars.
Prime à ceux qui ont déjà servi.... 100
Total pour les vieux soldats volontaires: 777 dollars
ou trois mille huit cent quatre-vingt-cinq francs
Puis plus bas, à gauche:
Il sera compté quinze cents dollars à chaque individu qui amènera une escouade de recrues nouvelles."
Il va sans dire que le bureau de recrutement est établi à proximité d'une taverne; il est aisé de s'en apercevoir à la tenue des recrues que les racoleurs entraînent chez l'agent militaire.
A. H.
Le Monde illustré, 16 avril 1864.
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