mardi 29 septembre 2015

Le transport des contagieux.

Le transport des contagieux
                           dans Paris.


Le conseil municipal de Paris s'est occupé dernièrement de la question de la désinfection, désinfection des appartements, vêtements, linge, etc., qui est si importante au point de vue de la santé publique. Déjà un grand pas avait été fait dans cette voie par l'établissement de stations de voitures pour le transport des contagieux.
Autrefois, une mère, par exemple, qui avait à conduire à l'hôpital son enfant malade, sautait sans scrupule dans le premier fiacre qu'elle voyait passer. Il n'en est plus ainsi; la mère se rend à la station des voitures pour contagieux, et le directeur de cette dernière n'a plus qu'à se mettre au téléphone et à prévenir l'hôpital désigné qu'une voiture va lui amener un malade.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que ce service est appelé à diminuer dans des proportions énormes la mortalité par contagion des maladies infectieuses, maladies dont vous et les vôtres pouvez prendre les germes dans les voitures de places, les omnibus, les tramways.
Voici une mère accompagnée de son bébé. Elle hèle un cocher, saute en voiture. Cette voiture, une heure avant, conduisait à l'hôpital un enfant que le croup étouffait... Hélas! que de bébés respireront la mort dans cette voiture!
C'est à ces dangers que les stations de voitures pour le transport des contagieux doivent nous arracher.
Il y a deux stations principales à Paris: une rue de Staël; l'autre rue de Chaligny.



Dans chaque station, se trouvent cinq ou six voitures affectées spécialement au transport des fiévreux, des varioleux, des diphtériques, etc. Présentez-vous au directeur de l'une de ces stations, avec l'ordonnance d'un médecin, et aussitôt une voiture est mise à votre disposition. Ou bien encore adressez-vous au commissaire de police de votre quartier; ce magistrat se chargera de prévenir le directeur de la station.
Les malades, couchés sur un lit, ou commodément installés dans un fauteuil, sont toujours accompagnés par une infirmière pendant le trajet de leur domicile à l'hôpital. 




Après chaque voyage, la voiture est désinfectée; elle est lavée avec une solution étendue de bichlorure de mercure. Inutile de vous dire que les voitures sont appropriées pour cela: ni étoffes, ni cuirs, ni sangles; les parois sont en tôle. Les matelas passent ou doivent passer, après chaque voyage, à l'étuve de désinfection.




Pour qui visite les deux stations qui relèvent de la "Ville de Paris", jette les yeux sur les voitures, les écuries, les salles de désinfection, etc... tout paraît installé dans les meilleures conditions.
La préfecture de la Seine a aussi des voitures spéciales pour le transport des contagieux. ce service est assez bien organisé; il a donné déjà d'excellents résultats, bien que le budget qui lui a été affecté soit très minime.
C'est grâce à ces mesures préventives que nous avons vu les épidémies disparaître dans Paris. Toute personne atteinte de maladie contagieuse étant immédiatement emmenée à l'hôpital où elle est dirigée vers des pavillons d'isolement affectés à chaque maladie, tous ceux qui l'entouraient sont par cela même soustraits aux causes de la contagion. On voit quels services rend cette organisation surtout pour les cités ouvrières où les règles de l'hygiène sont rarement suivies dans leur rigueur.

La Science illustrée,22 août 1891.

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