samedi 8 août 2015

Le démos de Parrhasius.

Le démos de Parrhasius.

Pline l'Ancien en parlant de la peinture chez les Grecs, dit que le peintre Parrhasius, s'était surtout rendu célèbre par un tableau allégorique où il avait représenté le démos (peuple) athénien. "Dans cette composition le peintre avait voulu montrer, dit l'écrivain latin, que ce peuple assemblé était léger, colère, injuste, arrogant et timide en même temps que doux, clément, compatissant, glorieux et magnifique (varium, iracundum, injustum, inconstantem, excelsum, gloriosum, humilem, ferocem, fugacemque.)
Cette œuvre de Parrhasius n'est pas venue jusqu'à nous, mais elle est restée proverbialement fameuse; on la cite souvent quand on veut caractériser la nature diverse et mobile des multitudes;
Un savant archéologue, Quatremère de Quincy, qui avait pris à tâche de reconstituer, d'après l'indication des auteurs, certaines œuvres ou monuments fameux de l'antiquité, comme la Minerve du Parthénon, le bûcher d'Ephestion (l'ami d'Alexandre), essaya un jour de dessiner le Démos de Parrhasius et le publia, avec des notes et commentaires. 



Il fait de l'ensemble une sorte de gros oiseau, muni d'ongles respectables. Les nombreuses têtes de cet étrange volatile, façonnées d'après les données de la physiognomonie, sont empreintes d'autant de caractères bien tranchés, des ailes de papillon s'ouvrant au-dessus d'une figure féminine, dont la douce insignifiance fait disparate, avec la colère et l'orgueil qui l'avoisinent, sous le symbole de la mobilité et de l'inconstance.
Nous reproduisons ce singulier dessin; que ce soit-là ce que Parrhasius avait fait, on ne peut l'affirmer; toujours est-il que la reconstitution de l'oeuvre ne manque ni d'habileté ni d'originalité et toujours est-il qu'il s'est trouvé de nos jours certains écrivains pour affirmer que le démos athénien avait un ou plusieurs héritiers parmi les nations modernes.

Grand Almanach français illustré, 1891.

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