samedi 11 avril 2015

Château de la Tour d'Aigues.

Château de la Tour d'Aigues.
                       (Vaucluse)


Le château de la Tour-d'Aigues, aujourd'hui en ruines, a autrefois été une des plus somptueuses demeures de la Provence: il fut construit au seizième siècle. 



Dès l'année 1502, il y avait à la Tour-d'Aigues un château remarquable comme oeuvre d'art et comme forteresse: René de Boulier, vicomte de Reillane, en avait, dit-on, jeté les fondements. Son fils et son petit-fils, Antoine et Jean-Louis-Nicolas, baron de Cental, achevèrent ce magnifique édifice et y ajoutèrent de nouveaux embellissements.
Une tradition du pays, plus répandue que certaine, affirme que Nicolas de Cental, épris de Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, avait tout fait pour provoquer la visite de cette princesse qui aimait beaucoup les voyages. Pour rendre son château digne de la recevoir, il n'avait rien épargné. Lefranc de Pompignan a raconté en vers badins les magnifiques folies du baron et sa piteuse déconvenue; car, 

Au demeurant , la gentille princesse
Ne vit jamais ce lieu si beau,
Et le baron, qui l'attendait sans cesse,
En fut pour les frais du château.

Rien de moins fondé que cette légende: les initiales M. et C., peintes de tous côtés dans les ornements du château, l'ont accrédité; mais ces lettres furent, suivant toutes les probabilités, tracées à l'occasion du séjour que fit à la Tour-d'Aigues Catherine de Médicis, lorsque, en 1539, elle parcourut la Provence pour pacifier les troubles. Autour du chiffre, on lisait cette devise: Satiabor, cum apparuerit (Je serai satisfait lorsqu'elle aura paru) , flatterie de courtisan que l'imagination a romanesquement interprétée. 
Le château passa successivement à différents maîtres, aux ducs de Villeroi, à Jean-Baptiste Bruni, seigneur de Saint-Cannat: chacun de ses nouveaux hôtes s'appliqua à accroître sa splendeur. Il appartient en dernier lieu au vertueux président de la Tour-d'Aigues, homme de goût et d'étude, qui ajouta aux beautés de sa demeure un charme scientifique; il y créa un cabinet d'histoire naturelle, riche surtout en échantillons minéralogiques. Le jardin et le parc furent remplis de plantes rares de tous les pays; une ménagerie renferma un grand nombre d'animaux curieux.



En 1782, le château de la Tour-d'Aigues éprouva un premier malheur: un incendie en dévora une partie. Il devait bientôt subir une ruine plus complète et irréparable.
En 1790, le club de la Tour-d'Aigues s'entendit avec le club d'Aix pour achever la destruction de ce bel édifice.
Millin, qui le visita en 1802, lors de son voyage dans les départements du midi de la France, en a laissé cette description: "Il ne reste que des parties qui, n'étant pas liées entre elles, n'offrent aucun ensemble. On peut cependant juger par ce qui subsiste que l'architecture approchait de celle du palais du Luxembourg: on y remarque encore des C. et des M. entrelacés pour consacrer partout le nom de Médicis. Une ancienne tour carrée, qu'on regardait comme un ouvrage des romains, et l'abondance des eaux, sont probablement ce qui a fait donner à ce lieu le nom de la Tout-d'Aigues. En effet, le chemin est bordé de sources fraîches et vives, et il y a encore auprès du château un immense bassin qui commence à se combler. Le parc est entièrement dévasté."

Magasin pittoresque, février 1866.

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