samedi 7 mars 2015

Palais de Justice de Rennes.

Palais de Justice de Rennes.

La première chambre civile du palais de Justice de Rennes était autrefois la chambre du conseil de la grand'chambre; son architecture est antérieure de plusieurs années à ses décorations peintes. Le 21 juin 1669, Pierre Dumesnil, maître menuisier, et François Gillet, maître sculpteur, firent marché avec les commissaires préposés à la construction et à la décoration du palais, moyennant 7300 livres, pour l'exécution des lambris et du plafond. Leurs travaux étaient terminés, lorsqu'en 1694 on demanda au peintre Jouvenet d'orner la salle de peintures.
On a conservé une lettre où ce peintre, alors célèbre, et dont le nom est encore à l'honneur aujourd'hui, annonce l'envoi des tableaux qu'il destine à la chambre du conseil. Il explique comment il a voulu y exprimer les principaux attributs de la Justice sous des figures allégoriques.
Il suffira de dire ici que la porte reproduite dans notre gravure était surmontée d'un ovale contenant la figure de la Piété, représentée, dit Jouvenet, "sous la figure d'une femme extrêmement belle, ayant du feu divin autour de sa tête; qui, d'une main, répand une corne d'abondance, pour montrer que la justice, étant bien rendue par cet esprit de religion et de piété, fait naître l'abondance partout. Elle met la main sur son cœur pour montrer l'ardeur et la sincérité de son âme. Elle est accompagnée d'un génie qui lui soutient le bras, pour signifier qu'elle est inséparable de l'innocence et de la vérité.


"Et pour conclure et terminer ces allégories, ajoute Jouvenet, j'ai exprimé la suite de l'abondance par des amours ou génies, représentés dans deux montants qui font deux bandes aux deux côtés de la porte de la chambre.
Les génies sont une décoration de festons de fleurs qui conviennent à la beauté et à la magnificence du lieu."
La peinture ancienne qui occupait le médaillon du trumeau a été enlevée; l'aigle qui surmonte ce médaillon est du dix-septième siècle. On ignore les noms des artistes habiles auxquels Jouvenet avait confié le soin de peindre les charmantes arabesques qui décorent les panneaux.


(1) Noblet et Baudry, rue des Saints-Pères, Paris.


Magasin pittoresque, janvier 1866.

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