mercredi 25 mars 2015

De la mode.

De la mode.


... Dans un petit poëme intitulé le Parement et triomphe des dames d'honneur, le célèbre Olivier de La Marche nous a laissé l'énumération de toutes les pièces dont se composait le costume (des dames sous Louis XI et Charles VIII). Nous nous y arrêterons comme à la meilleure source de renseignement où il soit possible de s'instruire.
L'auteur commence par se demander quel présent il fera à celle qui occupe ses pensées:

Peintre ne suis pour sa beauté pourtraire;
Mais je conclus un habit lui parfaire
Tout vertueux afin que j'en réponde,
Pour la parer devant Dieu et le monde.

Partant de cette idée, il donne à sa dame les pantoufles d'humilité, les souliers de bonne diligence, les chausses de persévérance, le jarretier de ferme propos, la chemise d'honnêteté, le corset ou la cotte de chasteté, la pièce de bonne pensée, le cordon ou lacet de loyauté, le demi-ceint de magnanimité, l'épinglier de patience, la bourse de libéralité, le couteau de justice, la gorgerette de sobriété, la bague de foi, la robe de beau maintien, la ceinture de dévote mémoire, les gants de charité, le peigne de remords de conscience, le ruban de crainte de Dieu, les patenôtres de dévotion, la coiffe de honte de méfaire, les templettes de prudence, le chaperon de bonne espérance, les paillettes de richesse de cœur, le signet et les anneaux de noblesse, le miroir d'entendement par la mort.




Ce qu'Olivier de La Marche appelle pantoufles, était une paire du mules très-légères en velours ou en satin, et arrondies au bout, suivant la forme du pied.
Les souliers, espèce de claques à hautes semelles, se mettaient par dessus les pantoufles.
Les chausses sont les bas, qui, à cette époque se faisaient encore de plusieurs pièces d'étoffe assemblées par la couture.
Jarretier n'a pas besoin d'explication.
La chemise, objet d'une usage général à la fin du quinzième siècle, était en fine toile, à manches longues, étroites et plissées au poignet.
La cotte, ou robe de dessous, était fendue en pointe par devant, depuis l'encolure jusqu'au milieu du corps. Elle dessinait les contours jusqu'aux hanches, et de là descendait au bas de la jambe en formant une jupe assez ample. Lorsqu'elle devait être portée avec une robe de dessus, à manches courtes, les siennes était très-étoffées et taillées en forme d'entonnoir. On les faisait étroites, sans cependant les ajuster au bras, lorsque la cotte était pour mettre avec une robe de dessus à manches larges.
Par corset, il faut entendre un corsage d'une étoffe forte comme le drap ou le velours, dont la coupe était la même que celle du corsage de la cotte. On montait dessus des manches et une jupe de soie, de manière à en former une véritable robe de dessous.
La pièce était un carré d'étoffe richement brodé d'or et de soie, qui se posait comme un plastron sur la poitrine pour la couvrir à l'endroit où s'échancrait le corsage de la cotte. Il servait à maintenir la pièce sur la poitrine.
Le demi-ceint, petite écharpe de soie, se posait tout roulé autour de la taille, et se nouait en rosette par devant.
L'épinglier ou pelote, la bourse en forme d'escarcelle, le couteau, étaient suspendus par des rubans ou des chaînes après le demi-ceint.
La gorgerette, col de linon plissé ou uni, montait par dessous la pièce jusqu'à la hauteur des clavicules.
La bague n'est pas, comme on pourrait le croire, un anneau à mettre au doigt. Bague signifia d'abord un coffret, puis les objets de bijouterie qu'on mettait dans des coffres. Ici, son acceptation probable est celle de collier.
La robe par excellence, ou robe du dessus, était à corsage plat et ajusté, taillée carrément à l'encolure et fortement décolletée, de manière à laisser voir la gorgerette, la pièce et les épaulettes de la cotte ou du corset. Elle avait des manches courtes comme une brassière, ou bien des manches longues d'une ouverture extrêmement large par le bas. La jupe, fort étoffée, traînait par devant et par derrière, ce qui était cause qu'il fallait la tenir retroussée en marchant.
La ceinture consistait en un large ruban posé à plat sur les hanches, et se nouant d'angle sur le ventre où elle formait une rosette avec deux longs bouts pendants.
Les patenôtres, chapelet d'orfèvrerie, de perles ou de tout autre travail précieux, s'attachaient au nœud de la ceinture et pendaient sur le devant de la robe.
Nous ne saurions dire si le peigne est mentionné par Olivier de La Marche comme pièce intégrante de la toilette, ou comme un objet que les dames portaient sur elles.
La coiffe était un petit béguin ou calot, qui se posait par dessus les cheveux. Il était muni par devant d'une garniture étroite en passementerie ou guipure chargée de perles. Cette garniture, qui descendait jusqu'au bas des joues, des deux côtés du visage, est ce que notre auteur appelle les templettes.
Le chaperon, voilette carrée en drap ou en velours, s'attachait sur la coiffe avec des épingles. On lui faisait faire un retroussis par devant pour dégager le front et les templettes. Il tombait droit par derrière et sur les côtés.
Nous ignorons la destination et la forme des paillettes. Le signet ou cachet était monté en bague et se portait au doigt avec d'autres bagues ou anneaux. Enfin le miroir était un objet de poche...



Magasin pittoresque, septembre 1849.

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