lundi 2 février 2015

L'exposition universelle

L'exposition universelle.
         (Le Champ-de-Mars)



Lundi, 6 mai, Paris sera en fête: le Président de la République proclamera solennellement l'ouverture de l'Exposition de 1889.
Avant cette cérémonie, jetons un rapide coup d’œil sur l'état actuel des travaux.
En pénétrant par le pont d'Iéna, le visiteur voit s'élever devant lui la tour de 300 mètres, le clou de l'Exposition, comme l'a si spirituellement appelée un de nos confrères; clou gigantesque que l'on viendra voir de tous les points du globe. A droite et à gauche, en bordure du quai, s'élèvent les intéressantes constructions dressées d'après les plans de M. Charles Garnier, et qui représente l'histoire de l'habitation. Sur la berge de la Seine, en amont, le panorama de la compagnie transatlantique, dont notre confrère de Nansouty a donné la description, merveilleux trompe l’œil, dû au pinceau de Poilpot.
Passons sous la Tour Eiffel, qu'un splendide jardin sépare des galeries des produits industriels français dont l'entrée principale, très monumentale, sera le dôme central. C'est sous ce dôme qu'aura lieu l'inauguration et que M. Berger remettra au Président de la république le plan de l'Exposition. A droite et à gauche s'élèvent la galerie des produits industriels étrangers, le Palais des arts libéraux, la galerie des Beaux-Arts lui faisant face.
Ces palais et ces galeries, formant ensemble une sorte de fer à cheval communiquent entre eux de telle sorte que le visiteur peut passer à son gré du Palais des Arts libéraux à celui des Beaux-Arts en parcourant les galeries des groupes français et étrangers sans avoir à traverser les jardins.
Derrière ces jardins et ces palais, se trouve le Palais des Machines dont les vastes dimensions embrassent toute l'étendue du Champ-de-Mars comprises entre avenues de Suffren et de la Bourdonnais, et ne sont séparées de l'avenue de La Motte-Piquet, qui longe la façade de l'Ecole militaire, que par la cour dite de la Force motrice, visible de très loin, à cause de ses hautes cheminées, dont les aspects variés ont été recherchés par l'architecte, à l'aide de dispositions diverses des briques qui les composent; il y a même une de ces cheminées construite entièrement en tôle.


Ainsi donc les deux grandes merveilles de la construction métallique occupent les deux extrémités du Champ-de-Mars: la Tour Eiffel du côté du pont d'Iéna, le Palais des Machines le long de la façade de l'Ecole militaire. Ces deux sujets dont l'importance est incontestable, méritent une étude à part, aussi seront-ils l'objet d'un article spécial.
Pour en finir avec ce coup d’œil s'ensemble du Champ-de-Mars, revenons à la Tour et signalons, sur le prolongement de deux des côtés de sa base, les pavillons destinés aux expositions particulières de la Ville de Paris, situés vis-à-vis l'un de l'autre, vers le fond du fer à cheval, dans le jardin intérieur; et, dissimulés dans les jardins, les divers édifices que les gouvernements étrangers se sont chargés d'élever pour leurs Expositions nationales isolées. Citons au hasard: Brésil, Mexique, Equateur, Venezuela, Nicaragua, Bolivie, San Salvador, Guatemala, Uruguay, Haïti, Indes anglaises, Russie, Suède, Norvège, etc. , etc.


Çà et là, dans les parcs et jardins superbes, ornés de deux fontaines monumentales, de plantes et d'arbustes, le public rencontrera les attractions variées au nombre desquelles il faut citer l'Exposition des Compagnies de Suez et de Panama, le Globe terrestre du millionième, la taillerie de diamants, le pavillon des Aquarellistes et celui des Pastellistes, etc. , enfin les commodités et les distractions imposées par le raffinement de notre civilisation moderne, le pavillon des Postes et Télégraphes, celui des Tabacs, le théâtre des Folies-Parisiennes, le théâtre des enfants.
La rue du Caire, copie exacte des vieilles maisons de la vieille ville égyptienne, les Expositions particulières des grands établissements industriels, le Pavillon de la Presse, complètent l'ensemble admirable des curiosités semées sur cette vaste étendue du Champs-de-Mars, dont la superficie dépasse 12 hectares.
Notre grande gravure représente l'intérieur du Palais des Machines, cet immense bâtiment, le plus vaste du monde; l'autre, le sommet de la Tout Eiffel, l'escalier terminus, qui conduit à la dernière plate-forme.
Maintenant que nous avons donné une idée de l'ensemble de l'Exposition, nous la visiterons en détail; nous décrirons une à une les différentes constructions et les merveilles qu'elles contiennent.

                                                                                                                 Paul Blaise.

La Petite Revue, deuxième semestre 1889.

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